En France, l’année 2007 a été marquée politiquement par la victoire de Sarkozy , en mai dernier, et par l’application, main dans la main avec le Medef, de son programme de régression sociale pour l’ensemble de la population : travailleurs, retraités, immigrés, chômeurs, malades, jeunes… En huit mois, le fameux slogan « travailler plus pour gagner plus » s’est transformé en « travailler plus pour gagner moins ». Le prétendu président du pouvoir d’achat s’est vite révélé être le président du fric, du luxe et des « people ». D’un côté, des cadeaux fiscaux de plus de 15 milliards d’euros, une auto-augmentation du salaire présidentiel de 172 % – on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! – et, de l’autre, les heures supplémentaires, la vente du temps libre et du travail dominical, ainsi que la réforme des régimes spéciaux préparant une attaque globale sur les retraites.
De nombreux mauvais coups sont tombés, en quelques mois, remettant encore plus à mal le système des solidarités et les droits collectifs. Et, comme l’a annoncé Sarkozy lors de ses vœux, cela ne fait que commencer. Nous entrons dans la « deuxième étape » du règne de Nicolas Ier, celle de « la politique de civilisation », autrement dit celle de l’application de nouvelles réformes antisociales décrites dans l’agenda social présenté mi-décembre : fusion ANPE-Unedic, fin des 35 heures, remise en cause du contrat de travail à durée indéterminée, attaques de la protection sociale, et notamment des retraites pour l’ensemble des salariés, du privé comme du public… La liste n’est malheureusement pas exhaustive pour Sarkozy et ses amis les riches.
Tout doit y passer, mais sous couvert d’une pseudo-concertation avec l’ensemble des « partenaires sociaux » – patronat et mouvement social –, en instaurant un prétendu « dialogue social »… pour, au final, que la décision soit prise par le gouvernement, car il faut faire vite. Il faut donc, par exemple, avant même que les négociations sur les retraites ne s’ouvrent, en 2008, décider le passage aux 41 annuités pour les régimes spéciaux, passer en force… Alors, si Sarkozy cogne et veut aller vite, c’est parce qu’il pense que le capitalisme français a pris beaucoup de retard par rapport aux autres pays, en particulier européens. La détermination de Sarkozy et de Fillon a des raisons économiques profondes : permettre à une minorité de la population d’engranger encore plus de profits. Ils veulent mettre en avant une société où chacun et chacune serait seul responsable de sa situation.
Face à ce projet de démolition sociale globale, les mobilisations sont donc une nécessité. Comme l’a montrée la fin de l’année dernière, les luttes et les résistances sociales contre la politique de Sarkozy se développent et se renforcent : aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé, notamment autour des revendications sur l’emploi et les salaires. La grève reconductible des cheminots et des agents de la RATP contre la réforme des régimes spéciaux a été la première épreuve de force sociale centrale de Sarkozy et de son gouvernement. Alors, même si nous ne pouvons pas parler de victoire, nous pouvons dire que les salariés ne sont pas défaits. Il n’y a pas de sentiments de défaite, et c’est une bonne nouvelle pour l’année qui commence.
Autre bonne nouvelle de ce début d’année, la journée de grève du 24 janvier prochain, à l’appel des organisations syndicales de la fonction publique, sur la question des salaires. Cette journée devrait dépasser le seul cadre de la fonction publique, tant la question des salaires et du pouvoir d’achat est la principale préoccupation de l’ensemble de la population. Mais cette seule journée ne sera pas suffisante pour créer un rapport de force à la hauteur de l’attaque de ce gouvernement : c’est un vrai mouvement d’ensemble, unitaire, que nous devons construire pour mettre un coup d’arrêt à l’offensive libérale.
Sur le plan électoral, les élections municipales, début mars, seront l’occasion de rassembler tous ceux et celles qui veulent en découdre avec Sarkozy et son gouvernement. Elles seront aussi une étape dans l’émergence d’un nouveau parti anticapitaliste. Notre projet, lancé cet été, de constitution d’un nouvel instrument politique luttant pour la transformation révolutionnaire de la société, connaîtra une accélération fin janvier, à l’occasion du XVIIe Congrès de la LCR. Il nous paraît plus que jamais nécessaire d’avancer avec toutes celles et tous ceux que nous avons rencontrés lors de nombreuses réunions ces derniers mois. Avancer et mettre en place un véritable processus de fondation pour discuter et élaborer ensemble un programme, définir la stratégie et le fonctionnement de ce nouveau parti que nous souhaitons anticapitaliste, féministe, internationaliste et écologiste. Un parti pour les luttes et pour changer de société, pas simplement pour l’améliorer. L’année 2008 s’annonce donc bien comme l’année des résistances.
Besancenot souhaite en 2008 une « contre-offensive générale »
PARIS, 6 jan 2008 (AFP) - Olivier Besancenot, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a formé le voeu dimanche « que 2008 soit l’année d’une contre-offensive générale », exaltant « une opposition qui est celle de la rue ». « Il y a une opposition qui est celle de la rue, de la résistance, des manifestations, des grèves, qui correspond à une réalité dans le pays », a affirmé M. Besancenot au « Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI », faisant valoir que « dès qu’on touche aux acquis sociaux un petit peu majeurs dans ce pays, ça peut très rapidement susciter des mobilisations ». « En 2008, les manifestations, les grèves, ça ne suffira pas. En plus de ces mobilisations, qui seront nécessaires, on aura besoin de faire entendre une voix politique, c’est-à-dire être capable de tenir un discours global », a-t-il ajouté.
Dans cet esprit, il a souhaité « que 2008 soit l’année d’une contre offensive générale qui permette d’arrêter les mauvais coups et, pourquoi pas, célébrer les 40 ans de (mai) 68 comme il se doit, c’est-à-dire par un mouvement d’ensemble ». Dénonçant « une criminalisation sans précédent du mouvement social et de ceux qui s’opposent clairement à la politique de Sarkozy », le porte-parole de la LCR a estimé que « le vrai danger pour la droite, c’est l’opposition qui se crée maintenant, pas celle dont on pourrait parler pour un hypothétique gouvernement ».
Selon lui, « il y a une nouvelle génération qui est en train de voir le jour, dans les entreprises, dans les universités, dans les quartiers populaires (...), et cette génération-là n’est peut-être pas marquée par le poids des échecs du passé et s’investit dans un combat ». « On avance, dans ce cadre-là, pour construire un nouveau parti anticapitaliste qui veut toujours révolutionner la société », a poursuivi M. Besancenot, préconisant un regroupement « par le bas plutôt que par le haut ». « En haut, on a fait le constat que c’était bloqué, en revanche, par en bas, on a constaté que ça pouvait fonctionner », a-t-il expliqué. L’ancien candidat d’extrême gauche à l’Elysée a indiqué vouloir réunir « la masse de ceux et celles qui résistent et qui veulent toujours construire une autre société que la société actuelle, qui veulent clairement augmenter les salaires, qui veulent clairement s’attaquer aux licenciements et au pouvoir des multinationales qui font la loi ». « D’ores et déjà, je peux vous dire que ça mort suffisamment pour qu’on soit déterminés, enthousiastes pour aller jusqu’au bout », a-t-il assuré, envisageant après les municipales « une espèce d’assemblée générale constituante » de tous les groupes avec lesquels la LCR est en discussion.
Besancenot veut « réinventer le socialisme du XXIe siècle »
(Associated Press) Olivier Besancenot voudrait « réinventer ce qui pourrait être le socialisme du XXIe siècle » et que « 2008 soit l’année d’une contre-offensive générale », d’« un mouvement d’ensemble », « peut-être même une grève générale » contre la politique gouvernementale, a-t-il déclaré dimanche.
Interrogé lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a souhaité « que 2008 soit l’année d’une contre-offensive générale qui permette d’arrêter les mauvais coups et peut-être, pourquoi pas, de célébrer les 40 ans de Mai 68 comme il se doit, c’est-à-dire par un mouvement d’ensemble (...), peut-être même une grève générale ».
Dénonçant « une criminalisation sans précédent, et du mouvement social, et de ceux qui s’opposent clairement à la politique de Nicolas Sarkozy », M. Besancenot a précisé le calendrier de la création du « nouveau parti anti-capitaliste » de gauche qu’il appelle de ses voeux : le congrès de la Ligue fin janvier, les élections municipales en mars où la LCR espère « doubler le nombre de listes » qu’elle présentera, puis « tout de suite après, vers mai, juin, des assises, une espèce d’assemblée générale constituante qui permettra à tous les groupes avec lesquels on est en train de discuter ensemble ce que serait le nouveau programme, le nouveau fonctionnement et le nom de ce nouveau parti-là ».
« Si ce parti voit le jour, c’est clair que la LCR en tant que telle n’aura plus vocation à exister », a souligné M. Besancenot, pour qui « l’opposition a besoin d’être plus structurée, plus forte, de faire entendre sa propre voix politique ». « Il y a une nouvelle génération qui est en train de voir le jour, dans les entreprises, dans les universités, dans les quartiers populaires », s’investissant « dans un combat pragmatique et en même temps pour penser à demain », a-t-il affirmé.
Pour le porte-parole de la LCR, « la crise est telle qu’il s’agit de reconstruire d’abord un nouveau mouvement social, et au sein de ce mouvement social, de réhabiliter une perspective anti-capitaliste », « c’est-à-dire d’être capable de réinventer, refonder ce qui pourrait être le socialisme du XXIe siècle ».
Pas question en revanche de passer une alliance avec le Parti socialiste pour gouverner, a répété Olivier Besancenot, même s’il veut « résister ensemble face à la droite ». « Mon adversaire, ce n’est pas le Parti socialiste, c’est le gouvernement actuel qui est une véritable machine à remonter le temps », a-t-il dit. AP