L’ancienne première ministre pakistanaise, Benazir Bhutto, est morte, jeudi 27 décembre, des suites de ses blessures après un attentat-suicide qui a visé un de ses meetings, organisé dans un parc public, à deux semaines des élections législatives prévues le 8 janvier. Agée de 54 ans, Benazir Bhutto est morte dans un hôpital de Rawalpindi, dans la banlieue d’Islamabad après avoir reçu une balle dans la nuque tirée par un kamikaze, qui a fait exploser la charge qu’il portait sur lui quelques minutes à peine après.
Le kamikaze a tiré plusieurs coups de feu en direction de Mme Bhutto au moment où celle-ci quittait le meeting, selon la police. « L’homme a d’abord tiré sur le véhicule de Bhutto. Elle a baissé la tête et il s’est alors fait exploser », a assuré Mohammad Shahid, un policier. Les enquêteurs n’ont pu encore savoir si elle est morte de sa blessure au cou ou des suites de l’explosion. L’attentat a fait au moins seize morts, en plus de Mme Bhutto, et plus d’une cinquantaine de blessés, selon la police. Des journalistes sur place immédiatement après le drame ont aperçu plusieurs corps déchiquetés jonchant la route.
INCIDENTS DANS TOUT LE PAKISTAN
« Elle est morte en martyre », a déclaré Rehman Malik, un responsable de sa formation politique, le Parti du peuple pakistanais (PPP). « Cet acte est l’œuvre de ceux qui veulent désintégrer le Pakistan. Parce qu’elle était un symbole d’unité, ils ont achevé la famille Bhutto. Ce sont des ennemis du Pakistan », a affirmé Farzana Raja, autre responsable du PPP. Devant l’hôpital où sa mort a été prononcé, ses partisans ont détruit des portes en signe de douleur et de colère, avant de chanter des slogans contre le président Pervez Musharraf, un des principaux rivaux de Mme Bhutto.
M. Musharraf, qui a immédiatement organisé une réunion gouvernementale d’urgence, a condamné « dans les termes les plus vigoureux l’attaque terroriste qui a coûté la vie à Benazir Bhutto et à de nombreux autres Pakistanais innocents », selon l’agence de presse officielle. Il a appelé « la population à rester calme face à cette tragédie » pour « que les desseins diaboliques des terroristes soient mis en échec ».
Malgré ces appels au calme, les manifestation et les incidents se sont multipliés dans plusieurs villes du Pakistan. A Peshawar, des partisans de Mme Bhutto ont été dispersés à coups de bâton et de gaz lacrymogène. Ils ont incendié des panneaux d’affichage en scandant des slogans hostiles au président Pervez Musharraf, et des bruits de tirs d’armes à feu ont également été entendus. Des manifestations ont également eu lieu dans la ville de Multan et à Jacobabad, la ville de l’actuel premier ministre pakistanais, où le principal tribunal a été incendié. A Karachi, fief politique de Benazir Bhutto, les commerces ont fermé pour trois jours de deuil.
NAWAZ SHARIF À SON CHEVET
Quelques heures plus tôt, à Islamabad, au moins quatre personnes sont mortes au cours d’un échange de tirs lors d’une réunion électorale d’un autre opposant, l’ancien premier ministre Nawaz Sharif. Les coups de feu semblaient provenir d’un bâtiment hébergeant un parti politique rival qui soutient le président Pervez Musharraf, selon des témoins. Après avoir appris que Benazir Bhutto était grièvement blessée, Nawaz Sharif s’est rendu à son chevet à l’hopital de Rawalpindi. M. Sharif s’est ensuite adressé à la foule massée devant l’hopital. « Je vous promets que je mènerai votre guerre à partir de maintenant », a-t-il lancé aux partisans de Mme Bhutto, dont la plupart était en pleurs. « Je partage votre douleur et votre chagrin, avec la nation toute entière ».
Ces deux drames sont les derniers d’une série record d’attentats suicide dans l’histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 780 morts en 2007. A son retour au Pakistan après six années d’exil, Benazir Bhutto avait déjà été la cible le 18 octobre d’un attentat, qui avait fait cent trente-neuf morts parmi la foule qui s’était massée à Karachi pour l’accueillir. Les autorités avaient par la suite multiplié les avertissements, assurant que des informations « précises » permettaient de penser que les terroristes islamistes voulaient attenter à sa vie. Après l’attentat du 18 octobre, Mme Bhutto avait accusé à plusieurs reprises des « hauts responsables » proches du pouvoir et des membres des services de renseignements d’être à l’origine de cette attaque, sans jamais le prouver.
* LEMONDE.FR avec AFP, AP et Reuters | 27.12.07 | 14h25 • Mis à jour le 27.12.07 | 17h23.
Violentes manifestations après l’assassinat de Benazir Bhutto
L’ex-Premier Ministre est décédée de ses blessures suite à un attentat kamikaze qui a fait une quinzaine de morts. Plusieurs manifestations et scènes de violences ont suivi cet assassinat. Les forces de sécurité ont été placées en « état d’alerte ».
A deux semaines des élections législatives, Benazir Bhutto a été tuée jeudi dans un attentat suicide qui a fait une quinzaine de morts après une réunion électorale de son parti d’opposition à Rawalpindi, dans la banlieue d’Islamabad.
L’ex-Premier ministre a reçu une balle dans le cou tirée par le kamikaze avant l’attentat-suicide qui l’a visée. Elle a succombé à ses blessures à l’hôpital, mais les enquêteurs n’ont pu encore savoir si elle est morte de sa blessure au cou ou des suites de l’explosion. La police précise que le kamikaze a tiré plusieurs coups de feu en direction de Bhutto au moment où celle-ci quittait la réunion organisée dans un parc public. L’homme s’est ensuite fait exploser.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Javed Cheema confirmait plus tôt qu’ « il s’agissait d’un attentat suicide, un kamikaze a fait exploser la bombe qu’il portait sur lui alors que les gens quittaient le meeting », en précisant que le nombre de victimes était encore incertain.
Ce drame est le dernier d’une série record d’attentats suicide dans l’histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 170 morts en 2007. Le plus meurtrier, pour l’heure, avait déjà visé une manifestation du parti de Benazir Bhutto : le 18 octobre, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient, à Karachi, la grande ville du sud, son retour de six années d’exil. L’ex-Premier ministre avait échappé aux kamikazes parce qu’elle se trouvait à l’intérieur d’un camion blindé en tête du défilé.
Les forces de sécurité en état d’alerte
Après l’assassinat de Bhutto, les forces paramilitaires ont été placées en « alerte rouge », des partisans de l’ex-Premier ministre descendant dans les rues pour exprimer leur colère. Plusieurs scènes de violences ont été observées à travers le pays, entraînant la mort de 4 personnes, selon un bilan provisoire de la police, jeudi soir. C’est dans la province natale de Benazir Bhutto, le Sindh, où une vingtaine de véhicules ont été détruits par le feu, et à Karachi, la capitale de la province, que l’effervescence était la plus forte. La situation se dégradait d’ailleurs à Karachi, où des milliers d’habitants sont descendus manifester dans les rues. Trois banques, un local administratif et un bureau de poste y ont été incendiés. Des pneus ont été enflammés dans beaucoup de rues de la capitale, où ont été signalés des coups de feu et des affrontements à coups de pierres. La plupart des commerces et des marchés de la ville ont fermé.
Des manifestations limitées ont aussi eu lieu à Rawalpindi et à Islamabad, la capitale pakistanaise, située à proximité. Dans le Nord montagneux, des manifestants ont barré des rues avec des pneus enflammés et scandé des slogans contre le président Pervez Musharraf à Muzaffarabad, capitale du Cachemire pakistanais. La police a reçu pour instruction de bloquer la route principale reliant les provinces du Pendjab et du Sindh, apparemment pour empêcher des manifestants de se déplacer. A Lahore, dans l’est du pays, des militants du parti de Bhutto ont incendié trois autobus et endommagé plusieurs autres véhicules.
Le chef de l’Etat, qui a qualifié l’assassinat de Bhutto « d’immense tragédie nationale », a décrété un deuil de trois jours dans le pays, a indiqué Pakistan Television (PTV).
* LIBERATION.FR (SOURCE AFP ET REUTERS), LIBERATION.FR : jeudi 27 décembre 2007.