Nous n’appartenons pas à la LCR, mais nous avons décidé de répondre à l’appel d’Olivier Besancenot à construire un parti anticapitaliste, en nous regroupant dès maintenant autour de cet objectif, tout en coordonnant nos forces avec la LCR. Nous sommes des militants et sympathisants issus de Lutte ouvrière, du PCF, de groupes marxistes-léninistes, libertaires ou encore des syndicalistes de Mulhouse et sa région. Ayant commencé en octobre, nous sommes maintenant 80 travailleurs, jeunes et militants, regroupés dans ce but.
À gauche, la situation a été marquée par le tournant à droite de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, puis par la participation de nombre de dirigeants du PS au gouvernement de Sarkozy. Aujourd’hui, la politique de la gauche, c’est le soutien quasi ouvert du PS aux « réformes » violemment anti-ouvrières du gouvernement et sa recherche d’une alliance avec le centre droit de Bayrou, accompagnée de l’exploration de la possibilité d’un parti « démocrate ». Tout cela ne fait qu’ajouter au discrédit de la gauche de gouvernement et au désarroi de millions de travailleurs qui ne font plus confiance à ces vieux appareils qui les ont tellement trompés, à chaque fois qu’ils ont accédé au gouvernement. Le tournant actuel du PS vers le centre signifie la fin de l’Union de la gauche. L’échec électoral des Verts, de Bové et du PCF à la présidentielle, et leur absence de politique indépendante à l’égard du PS, hier comme aujourd’hui, marquent également, avec la disparition de la gauche, la mort politique de la « gauche de la gauche ».
En 1995, 2002 et 2007, un courant électoral ouvrier substantiel et persistant s’est prononcé en faveur des candidats d’extrême gauche – Arlette Laguiller ou Olivier Besancenot –, d’autant que ces derniers apparaissaient en rupture avec la gauche de gouvernement. Tout montre que cette tendance populaire continue à exister et que bien de ces militants qui agissent dans les luttes actuelles sont en attente d’un nouveau parti qui saurait donner forme et force à leurs attentes, mais qu’ils ne peuvent se reconnaître dans les divisions de l’extrême gauche qui leur paraissent incompréhensibles.
La volonté des grandes confédérations syndicales de ne pas chercher à unifier les mouvements de lutte du moment, voire les trahir, alors que la politique anti-ouvrière du gouvernement fait clairement un tout, complète la volonté affichée du PS de ne pas condamner le contenu des « réformes » de Sarkozy. Cette attitude ne peut que contribuer à renforcer, chez les militants, les jeunes et les travailleurs les plus conscients, la conviction de la nécessité d’un nouveau parti, clairement dans le camp des travailleurs.
Sur la base du succès électoral de Besancenot en 2007, la LCR a lancé un appel large à la construction d’un nouveau parti. Elle a raison de ne pas s’enfermer dans un dialogue d’états-majors avec d’autres groupes qui pourrait ne rien donner, mais de tenter de capter le courant populaire qui va dans cette direction, certes modeste, mais qui dépasse toutefois les capacités d’attraction de chaque groupe. Mais c’est aussi pour cette dernière raison que cette initiative ne peut aboutir pleinement que si l’appel est également clairement et de manière persistante adressé aux autres tendances révolutionnaires ou ouvrières – notamment Lutte ouvrière, même si elle refuse pour le moment –, car ce n’est qu’en réussissant à regrouper certains de ces groupes et, en tout cas, en affichant visiblement cette volonté unitaire, que cela attirera de nombreux jeunes et travailleurs qui regardent aujourd’hui de ce côté, mais qui n’iraient probablement pas dans chacune de ces factions prises séparément, même la LCR.
La LCR semble encore hésiter aujourd’hui entre exploiter le succès de la candidature de Besancenot pour gonfler la LCR – ce qui conduirait à l’échec comme bien d’autres fois auparavant – ou bien construire un véritable parti nouveau regroupant largement jeunes et travailleurs qui se sont retrouvés dans les candidatures et les idées de toute l’extrême gauche. C’est pourquoi, appartenant à différentes tendances du mouvement ouvrier, nous nous sommes regroupés pour être l’amorce de ce nouveau parti aux côtés de la LCR, et que nous commençons localement une campagne publique dans cet objectif, en espérant que ce que nous faisons ici se fait ou se fera ailleurs. Nous sommes convaincus que c’est possible et nécessaire.
Union (68) à l’appel d’Olivier Besancenot pour construire un parti anticapitaliste ouvrier et révolutionnaire