La fusion des deux administrations des Impôts et du Trésor était une promesse de campagne de Sarkozy. Depuis, le gouvernement a lancé la révision générale des politiques publiques, dont l’objectif est de casser le service public « à la française ». Pour y arriver, il faut accélérer les suppressions d’emplois, casser le statut de la fonction publique, réorganiser les administrations, réduire leurs implantations géographiques et individualiser la rémunération comme la carrière des fonctionnaires. C’est d’ailleurs ce qu’a annoncé le chef de l’État : 23 800 suppressions d’emplois en 2008, embauche de fonctionnaires sous statut de droit privé, rémunération et déroulement de carrières au mérite, etc. C’est dans ce cadre que le projet de fusion entre la Direction générale des impôts (DGI, 76 000 agents) et la Direction générale de la comptabilité publique (DGCP, 54 000 agents) a été annoncé.
Actuellement, la DGI établit les impôts d’État et locaux et elle procède au recouvrement de la TVA (50 % des recettes de l’État), de l’impôt sur les sociétés, des droits d’enregistrement (donations, successions), de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et de la taxe professionnelle. Pour sa part, la DGCP recouvre l’impôt des particuliers (impôts sur le revenu et locaux), mais elle a pour mission principale le contrôle et la gestion budgétaire et comptable de la dépense publique (collectivités locales et État). Cette mission est, la plupart du temps, occultée dans le débat, car elle contredit les prétendus « doublons » entre les deux administrations à la base du projet de fusion. Ce projet n’est pas récent, puisque le ministre socialiste Christian Sautter, qui avait déjà voulu le mettre en place en 2000, avait été contraint à la démission devant la mobilisation des personnels.
Cette fois, Éric Woerth y met les formes, assurant qu’il n’y aura pas de perdants et que la fusion sera étalée dans le temps. Le tout est emballé dans un discours sur les avantages que procurera aux contribuables la mise en place d’un « interlocuteur fiscal unique ». Mais la réalité est tout autre, puisque les expériences de rapprochement des deux administrations, menées ces dernières années (regroupement physique de leurs services, accueil commun), se sont accompagnées d’une dégradation des conditions de travail des personnels (restructurations incessantes, polyvalence et pressions hiérarchiques accrues).
D’autant que Fillon a bien précisé les choses, en déclarant que la réforme de l’État suppose qu’il y ait moins de services, de personnel et d’État sur le territoire. Tout cela au moment où Sarkozy veut dépénaliser le droit des affaires : la grande fraude a de beaux jours devant elle ! La seule voie qui s’offre aux personnels des deux administrations est donc la mobilisation, en commençant par le 18 octobre, afin de faire reculer les projets du gouvernement.