Sous l’autorité de M. Jean Syrota, la Commission Energie du Centre
d’Analyse Stratégique (CAS) vient de publier hier soir un rapport sur
les « Perspectives énergétiques de la France à l’horizon 2020-2050 ».
Pour télécharger ce document :
http://www.strategie.gouv.fr/articl...
La presse s’est déjà faite écho des deux scénarios étudiés dans ce
rapport qui concluent à l’impossibilité, selon eux, de diminuer par 4
les émissions à gaz à effet de serre de la France à l’horizon 2050.
La publication de ce rapport en pleine phase centrale du Grenelle de
l’Environnement a amené de notre part à une vive réaction, d’autant plus
légitime que nous avons participé à plusieurs réunions de cette
commission Energie. L’association Energies-Cités, également participante
à ce groupe de travail, s’est également désolidarisée des résultats publiés.
Vous trouverez ci-après et en pièce jointe un communiqué en réaction aux
conclusions de ce document : merci de le diffuser largement auprès de
vous, et plus particulièrement auprès des médias et journalistes
concernés. Un travail d’analyse plus approfondi est en cours.
Réseau « Sortir du nucléaire »
Communiqué de l’association négaWatt
Rapport Syrota sur l’énergie : l’échec programmé des recettes du passé
La Commission Energie du Centre d’Analyse Stratégique (CAS), sous
l’autorité de M. Jean Syrota, vient de publier un rapport "Perspectives
énergétiques de la France à l’horizon 2020-2050".
L’association négaWatt avait été invitée à participer à ces travaux, et
nous avions bien entendu accepté de contribuer à une confrontation
constructive et plurielle sur ce sujet majeur.
Il n’y a pas eu l’esquisse d’un véritable débat. Les représentants de
négaWatt ont, avec d’autres, pointé à plusieurs reprises des problèmes
de méthode et d’orientation sans être entendus.
Les deux seuls scénarios étudiés par le CAS reposent sur des hypothèses
très proches entre elles, mais très éloignées d’une rupture énergétique
pourtant invoquée par le rapport : trop peu d’efficacité énergétique et
d’énergies renouvelables, aucune politique territoriale décentralisée de
l’énergie et le nucléaire, dogme intangible, considéré comme seul moyen
sérieux de lutte contre le changement climatique.
La conclusion est inscrite dans ces choix arbitraires. La France ne
serait pas en mesure, comme elle s’est pourtant engagée à le faire avec
la loi d’orientation sur l’énergie de 2005, de diviser par 4 ses
émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 : elle devrait se
contenter d’une division par 2,1 à 2,6.
A ce manque d’audace et à cet échec programmé s’ajoute une certaine
forme de cynisme : plutôt que de chercher des réponses à la hauteur des
enjeux qui permettraient à la France de tenir sa parole, on préfère
esquiver les problèmes en reportant l’effort supplémentaire sur nos
voisins européens en conclusion d’un raisonnement alambiqué où l’équité
est appelée à la rescousse du conservatisme des scénarios.
Or, le « facteur 4 » correspond précisément à une contribution équitable
de la France pour atteindre un facteur 2 au niveau mondial, objectif
minimum pour espérer contenir les impacts des changements climatiques
dans une limite supportable.
Ainsi les mêmes qui louent les vertus du nucléaire en matière d’effet de
serre voudraient condamner la France au renoncement, alors qu’il existe
des solutions crédibles conduisant effectivement au facteur 4, de
surcroît fortement bénéfiques pour l’économie et l’emploi !
La publication de ce rapport à ce stade du Grenelle de l’Environnement
est un camouflet aux participants du « groupe1 - énergie et climat »
qui, à l’unanimité et tous collèges confondus, ont confirmé l’impératif
du facteur 4 en exergue de leurs propositions d’action.
Dans ces conditions, il est impensable pour l’association négaWatt de
s’associer aux conclusions du rapport dont elle dénonce la méthode comme
les résultats.
Un vrai travail d’expertise énergétique, pluraliste et démocratique,
reste à construire : pour que le Grenelle de l’Environnement ne se
transforme pas en Yalta des grands groupes énergétiques, il faudra faire
preuve de beaucoup plus d’imagination que la simple poursuite des
recettes du passé !