Depuis son élection, Sarkozy attaque tous azimuts nos acquis sociaux et démocratiques : autonomie des universités, suppressions d’emplois dans la fonction publique, droit de grève, privatisation, peines plancher, immigration, sans-papiers, protection sociale, chômeurs, retraites, contrat de travail... Bref, nous avons affaire à un véritable rouleau compresseur voulant imposer la mise en concurrence de tous contre tous, pour prétendument nous sauver de la faillite. Et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Pourtant, il manifeste, en même temps, une extrême prudence et semble éviter à tout prix l’affrontement, en endormant les organisations syndicales par le biais d’un prétendu dialogue social. Mais il attaque sur tous les fronts, et paralyse ainsi toute riposte.
Cependant, depuis quelques semaines, le climat n’est plus vraiment le même. L’effet Sarkozy semble s’essouffler. De plus en plus de salariés se rendent compte que, derrière l’agitation médiatique et les injonctions, se dessine un véritable contre-projet de société, au seul service du patronat et des plus riches. Le climat social a commencé à changer depuis une quinzaine de jours. Les annonces de mobilisations et de résistances ont même tendance à se multiplier et, fait nouveau, à s’unifier.
La journée de mobilisation du 29 septembre contre les franchises médicales, réunissant environ 25 000 personnes à travers le pays (Paris, Marseille, Grenoble, Bordeaux, Toulouse...), en est le premier exemple. Cette action nationale et interprofessionnelle, préparée depuis juin par un collectif d’organisations, de syndicats, d’associations, avec le soutien des partis de gauche, a bel et bien été réussie, mais elle est loin d’être suffisante pour faire reculer le gouvernement. La manifestation nationale du 13 octobre, à l’appel de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (Fnath), de l’Association de défense des victimes de l’amiante (Andeva) et soutenue par différentes organisations syndicales (dont la CGT), la fédération des Mutuelles de France et le Collectif national contre les franchises, doit servir à amplifier la mobilisation contre le projet du gouvernement de taxer les malades et de rompre ainsi davantage avec le principe de solidarité, qui est la base de la protection sociale.
Le mécontentement s’amplifie également autour de la question des salaires. Tout au long de la campagne présidentielle, Sarkozy a voulu nous faire croire qu’il suffisait de faire des heures supplémentaires pour voir notre pouvoir d’achat augmenter. Il a ainsi refusé de donner le moindre « coup de pouce » au Smic, mais il a accordé 15 milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux plus riches. À peine le décret sur la défiscalisation des heures supplémentaires publié, la fable du fameux « travailler plus pour gagner plus » tombait à l’eau. Plus que jamais, il est d’actualité d’imposer une augmentation nette de 300 euros et aucun revenu en dessous de 1 500 euros net.
Dans ce contexte de grogne sociale et suite aux projets de Sarkozy contre les régimes spéciaux, les six fédérations de cheminots, rejoints par les syndicats d’EDF-GDF et de la RATP, appellent à la grève le 18 octobre. Face à l’ensemble des attaques antisociales, cette journée de grève et de mobilisation devient une échéance sociale importante, au-delà de la seule question des régimes spéciaux. Derrière cette attaque spécifique, Sarkozy et Fillon s’en prennent à l’ensemble de notre système de retraites, pour en terminer avec la retraite à 60 ans et imposer les 42 annuités pour tous. Du côté de la fonction publique, les fédérations syndicales discutent de la possibilité d’appeler le même jour à la défense des services publics et des emplois. D’ores et déjà, certaines fédérations syndicales, comme celle de la CGT-Chimie ou des enseignants appellent également à la grève le 18 octobre prochain.
Ces diverses initiatives de mobilisations et de grèves sont un encouragement pour la suite. Le 18 octobre doit rassembler le plus largement possible et être le début d’un « tous ensemble ». Une seule journée, même réussie, ne sera pas suffisante pour faire reculer Sarkozy et le Medef. Mais elle peut être le début d’une contre-offensive. Après plusieurs mois d’attentisme, l’idée que l’affrontement est nécessaire fait son chemin. Nous sommes tous visés et concernés. C’est d’un projet d’ensemble qu’il s’agit, et c’est bien tous ensemble qu’il faut riposter. Pour cela, l’unité des organisations du mouvement ouvrier (associations, organisations syndicales et partis) est nécessaire. À ce titre, il est mortifère que les partis politiques de gauche n’aient pas réussi à s’unir pour défendre les revendications des salariés et à prendre des initiatives de mobilisation, non pour « imposer de réelles négociations », mais pour contraindre le pouvoir actuel à renoncer à ses projets.