Derrière le lyrisme et l’optimisme de Jean-Louis Borloo, le Grenelle de l’environnement arrive peut-être à un moment où les faux-semblants vont s’estomper. Les groupes de travail ont rendu leurs conclusions, et on voit enfin que l’écologie doit se confronter aux intérêts économiques dominants. Sur aucun « grand » dossier, un véritable consensus n’a pu se dégager, le Medef et/ou la FNSEA bloquant toute proposition un tant soit peu sérieuse émanant des associations environnementalistes.
De deux choses l’une : soit les choix réaffirmés par le gouvernement, tout au long de ces « négociations », sont des déclarations de guerre aux écologistes : développement du nucléaire, avec Sarkozy en nouveau VRP de l’atome ; agrocarburants, dont raffole la FNSEA, malgré des nuisances environnementales maintes fois prouvées ; installation de nouveaux incinérateurs de déchets ; développement des projets routiers pendant qu’on ferme 262 gares de fret ; soit, si un problème est reconnu par tous, les mesures restent légères, de façon à ne pas entraver les lois de l’économie, ou achoppent sur leur financement.
Ainsi, du logement, pour lequel État et patronat refusent une politique contraignante pour la mise en place d’un plan de rénovation. Ainsi, des pesticides, dont la diminution de 50 % en dix ans est encore trop difficile pour les gros agriculteurs et l’industrie chimique. Ainsi, de l’agriculture biologique, qui, pour la FNSEA, ne doit pas bénéficier d’aides publiques. Quant aux OGM, les négociations ne risquent pas d’aboutir à une interdiction des OGM en plein champ, ni même à un moratoire ferme et durable.