« C’est plutôt inquiets que nous sommes sortis de cette première réunion. À trois semaines de la négociation finale, prévue a priori pour les 25 et 26 octobre – date non confirmée –, de larges zones d’ombre demeurent sur de nombreux aspects. Tel que c’est parti, on risque de se diriger vers un Grenelle tiède et sans saveur, où les mesures sur les sujets les plus lourds, et donc les plus importants, seraient reportées aux calendes grecques. Ce serait un beau gâchis, après deux mois de réunions et de débats au sein des groupes de travail…
Premier problème : les synthèses des groupes de travail. Depuis la publication de ces documents par le Medad jeudi dernier, l’Alliance a effectué un travail de relecture minutieux, comparant les versions publiées et celles qui étaient censées avoir été validées par les groupes de travail, et a relevé quelques pratiques ne pouvant relever d’erreurs commises dans la précipitation. Ainsi, comment, contrairement aux engagements répétés du ministre Borloo, certaines synthèses ont-elles pu être modifiées après avoir été validées par les participants ? Comment d’autres ont-elles pu être publiées jeudi dernier sans être validées ? Malgré nos demandes d’explication et de rectification adressées au Medad, aucune mesure de correction n’a été engagée. Renvoyant la responsabilité aux présidents des groupes de travail aujourd’hui dissous, le ministère ne nous a fourni aucune réponse satisfaisante.
D’autre part, pourquoi le moratoire judiciaire sur les actions d’information sur les OGM n’a-t-il pas été respecté ? Pour rappel, Greenpeace a été condamné hier lundi 1er octobre pour avoir réalisé, avec Yann Arthus-Bertrand, une photo alertant l’opinion publique sur les risques de contamination.
Quant à la négociation finale, le Medad s’est engagé aujourd’hui à fournir dès vendredi aux différents collèges représentés, une première version du document devant servir de base pour l’étape clôturant le processus unique. Nous continuerons bien sûr à défendre le même niveau d’ambition et d’exigence. Nous n’accepterons pas d’objectifs qui ne seraient pas accompagnés de mesures concrètes et financées, à la hauteur des enjeux écologiques. Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo vont devoir résister à la pression des lobbies – Medef, FNSEA, UIPP, FNTR, EDF, etc. – qui, sous couvert de réclamer évaluations et études d’impact, ne cherchent en réalité qu’à reporter les transformations indispensables de la société auxquelles ils résistent depuis trop longtemps.
Toute tentative de contourner les sujets conflictuels et de limiter le Grenelle aux seuls mesures prétendument consensuelles, mais tout à fait insuffisantes pour modifier la donne en profondeur, serait incompatible avec l’ambition affichée par le président de la République et le numéro deux de son gouvernement, Jean-Louis Borloo. La balle est dans leur camp : entre les OGM et le bio, entre de nouvelles autoroutes et plus de ferroviaire et de transports en commun, entre un EPR et des économies d’énergies ou des renouvelables, entre des incinérateurs et le tri sélectif, entre la gestion des politiques publiques par les lobbies et la démocratie écologique, il va falloir choisir. »