La fin de la politique clientéliste
L’élection a marqué un rejet décisif de la politique clientéliste qui dominait le Sri Lanka depuis des décennies. Comme le note Harindra, même des leaders régionaux puissants qui avaient obtenu des milliers d’emplois publics pour leurs partisans ont vu leur soutien s’effondrer, démontrant la fragilité d’une politique transactionnelle lorsque les patrons ne peuvent plus distribuer des avantages. Les résultats ont montré que les électeurs privilégient le changement systémique aux relations patron-client traditionnelles.
Un mandat unifié transcendant les clivages ethniques
L’aspect peut-être le plus frappant fut la capacité du NPP à gagner des soutiens au-delà des divisions ethniques du Sri Lanka. Le parti a remporté des victoires sans précédent dans les zones à majorité tamoule du Nord et de l’Est, même si, comme le met en garde Ammaarah, la fragmentation des votes suggère un scepticisme persistant. Cela représente ce que Rajni appelle un « mandat plus unificateur » comparé à l’élection présidentielle, créant potentiellement un espace pour traiter des griefs ethniques de longue date.
Justice économique contre austérité du FMI
Une tension centrale émerge entre les demandes des électeurs pour un soulagement économique et les contraintes du programme du FMI au Sri Lanka. Niyanthini argue qu’il n’y a qu’une « étroite fenêtre de temps avant que le mécontentement ne s’installe à nouveau » et appelle à une révision immédiate des mesures d’austérité affectant les femmes, les enfants et les travailleurs. Cependant, le NPP fait face à ce que Rajni appelle des « réalités politiques » dans la réalisation de ses promesses économiques tout en gérant les obligations internationales.
Attentes de réformes et défis de gouvernance
Les personnes interrogées ont souligné plusieurs priorités urgentes :
- Réforme de lois controversées comme le PTA et le MMDA qui affectent de manière disproportionnée les minorités
- Protection et renforcement des systèmes de protection sociale, particulièrement l’éducation et la santé
- Protection environnementale et développement durable
- Réforme de la fonction publique pour lutter contre la corruption
Cependant, Ramesh note qu’une bonne politique ne se traduit pas automatiquement par une bonne gouvernance, mettant en garde contre des conflits potentiels entre l’agenda réformiste du NPP et une bureaucratie bien établie.
Conclusion : Une fenêtre critique pour le changement
La victoire historique du NPP ouvre une rare fenêtre pour des réformes progressistes au Sri Lanka. Cependant, le gouvernement doit soigneusement équilibrer les attentes élevées du public avec les contraintes institutionnelles et la résistance des intérêts établis. Son succès ou son échec pourrait déterminer si cela représente un véritable tournant ou une nouvelle fausse aurore pour la démocratie sri-lankaise. Gérer cette tension tout en maintenant la confiance du public grâce à une communication claire sur les possibilités et les limites sera crucial.
PolityLK
Mark Johnson
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