Nous, le Réseau des femmes pour la paix, saluons cette demande de mandat d’arrêt déposée par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim A. A. Khan KC , devant la Chambre préliminaire I de la CPI, à l’encontre du commandant en chef de l’armée birmane, Min Aung Hlaing, pour « les crimes contre l’humanité de déportation et de persécution des Rohingyas, commis au Myanmar, et pour une part au Bangladesh ».
Cette requête aurait due être déposée depuis longtemps. Elle fait suite à une enquête demandée par la précédente procureure de la CPI, Fatou Bensouda, à la Chambre préliminaire III de la Cour en juillet 2019 sur les atrocités commises contre les Rohingyas en 2016 et 2017, et ratifiée cette chambre en novembre 2019.
En 2016 et 2017, l’armée birmane a lancé ses « opérations de nettoyage » contre les Rohingyas dans l’État de Rakhine, tuant plus de 10 000 hommes, femmes, enfants et bébés, procédant à des arrestations et à des détentions arbitraires, à des tortures et à toutes sortes d’agressions, y compris à l’égard de personnes LGBTQ+, incluant des viols individuels et collectifs, des mutilations sexuelles et d’autres formes de violence sexuelle, saccageant et brûlant plus de 392 de leurs villages et forçant plus de 742 000 d’entre eux à fuir leurs maisons. Ces attaques ont été qualifiées de génocide par la La mission internationale indépendante d’établissement des faits disposant d’un mandant international pour enquêter sur les violations des droits humains au Myanmar, entre autres organismes internationaux. Les « opérations de nettoyage » de l’armée ont fait suite à de multiples vagues de violence orchestrées par l’État contre les Rohingyas, aggravant ainsi la persécution systématique et ciblée dont ils font l’objet depuis des décennies en tant que minorité ethnique et religieuse du Myanmar.
Nous espérons que le mandat d’arrêt sera délivré sans délai. Les 600 000 Rohingyas qui restent dans l’État de Rakhine sont actuellement la cible d’ atrocités de la part de l’armée birmane et de l’armée d’Arakan, qui déplacent deforce des dizaines de milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, vers des zones où le conflit armé s’intensifie, sans aide humanitaire, ou vers le Bangladesh, sans possibilité de se voir reconnaître le statut de réfugié. Nous craignons qu’en l’état actuel des choses, les Rohingyas en tant que groupe ne parviennent pas à survivre et à obtenir justice, et encore moins à rentrer chez eux au Myanmar.
La communauté internationale doit soutenir fermement la démarche du procureur et prendre des mesures pour que les auteurs des atrocités commises contre les Rohingyas et toutes les autres communautés du Myanmar répondent de leurs actes. Ces mesures doivent inclure le saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations unies ou la création d’un tribunal ad hoc sur la situation du pays ainsi qu’une résolution ferme sur la situation au Myanmar ; l’intervention dans l’affaire Gambie contre Myanmar de la Cour internationale de justice, et l’utilisation de la compétence universelle pour la poursuite des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des génocides au Myanmar. une prise de position dans l’affaire Gambie contre Myanmar de la Cour internationale de justice et le recours à la compétence universelle pour poursuivre les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide au Myanmar. Toutes dispositions doivent être prises pour étendre la compétence et lever les restrictions imposées à l’enquête en cours de la CPI.
Si on ne parvient pas à mettre fin à l’impunité qui règne dans le pays depuis des décennies, cela retardera encore le rétablissement de la justice et de l’obligation de rendre des comptes aux victimes et aux survivant.e.s de ces atrocités de masse, cela enhardira les auteurs à commettre d’autres crimes contre les Rohingyas et tous les autres peuples du Myanmar, et empêchera leur retour en toute sécurité, volontaire, dans la dignité et de manière durable dans leur pays.
Mercredi 27 novembre 2024
Women’s Peace Network (Réseau des femmes pour la paix)