Aînée de trois enfants, elle est née en 1959 à Poses (27), un village dont la vie était alors tournée vers la batellerie sur la Seine. Son père était soudeur dans une petite entreprise, sa mère, « placée » à Paris, c’est à dire « bonne », puis ouvrière dans la chaussure, est restée « au foyer » après son mariage. Au lycée de Louviers, elle se politise au contact d’un militant des JCR qui sera son compagnon pendant 5 ans. Elle réussit le concours d’entrée à l’école normale d’institutrices d’Evreux où elle est du groupe qui crée une section SGEN-CFDT remuante, en particulier sur les questions de pédagogie et de contestation de la hiérarchie.
En 1983, convaincue par l’activité du groupe École Émancipée au sein de la puissante section départementale du Syndicat national des Instituteurs (SNI-FEN), elle en devient, avec Frédéric Malvaud, l’une des figures et siège de nombreuses années au conseil syndical. Les militant.e.s de l’EE furent à cette époque en pointe dans la lutte contre le projet de « maîtres-directeurs », animant une grève de plusieurs jours en 1987 et une coordination départementale et encore lors du grand mouvement de novembre-décembre 1995.
En 1985, elle adhère à la LCR, dont l’activité sur de nombreux terrains ne pouvait pas laisser deviner qu’elle ne comptait alors que trois militants à Louviers (avec elle, Pierre Vandevoorde et Antonio de Abreu) et une petite cellule départementale de moins de 10 membres. Elle vit désormais avec un ouvrier qui travaille en équipes, devient mère de deux filles. Son aînée a le même âge que le fils de Tonio et Martine, qui font eux aussi les quarts chez Ralston/Wonder, alors pour leur simplifier la vie, le petit reste souvent chez elle après la classe le soir. Elle finit par lever le pied et quitter la Ligue tout en restant très présente dans les diverses activités, et dans l’animation du regroupement « À Gauche Vraiment ! ».
Déjà antinucléaire active, c’est dans la lutte contre la traversée de la ville à toute heure par les poids lourds et la création de « l’association pour l’amélioration de la qualité de la vie à Louviers » que son intérêt et son activité vont à se porter pour une part importante vers les questions écologiques. Elle est depuis de longues années l’une des animatrices de l’importante lutte contre le faux contournement de Rouen par l’est, fédérée par le collectif régional « Non à l’autoroute A133-A134 » qui regroupe de nombreuses associations.
Sophie œuvra avec enthousiasme à la fusion d’AGV avec la section de Louviers de la LCR dans le cadre du processus de création du NPA. Elle devint la cheville ouvrière du comité NPA de la localité, qui a compté jusqu’à 50 cartes. À partir de 2001, quand Gérard Prévost fut élu avec près de 11% des voix, et pendant les 13 années de présence au conseil, elle assura le fonctionnement de la « commission municipale » qui préparait les dossiers, assurait le soutien lors des séances et rédigeait les tribunes mensuelles pour le journal municipal. En septembre 2008, c’est elle qui prit la place, avant de la céder à Philippe Thouément en décembre 2010, pour tenir tête à l’autocrate social-libéral qui bénéficiait alors du soutien du PS, du PCF et des Verts.
François, son compagnon, étant ouvrier à l’usine M-real, c’est de très près qu’elle suivit toutes les péripéties de l’implantation de la LCR dans cette entreprise, ainsi que la longue et âpre lutte unitaire contre sa fermeture, « pour le maintien et la garantie de l’emploi », jusqu’à sa réouverture partielle après l’obtention d’indemnités de départ et de compensations de très haut niveau.
Elle fut plusieurs fois candidate en tête de liste, aux élections régionales de 1998 et aux législatives en 2002 et en 2007. Elle est actuellement l’une des animatrices de la commission nationale écologie du NPA-l’Anticapitaliste.
Pierre Vandevoorde