Au nom de l’association « Les amis d’Arbeiter und Soldat », partenaire de ces commémorations, je suis intervenu lors de l’inauguration de la 1re plaque, après l’historien brestois Jean-Yves Guengant et avant le maire de Brest, François Cuillandre :
« Cette plaque du souvenir en hommage à Robert Cruau, Max pour ses camarades allemands, abattu ici à Brest le 6 octobre 1943, en hommage à Georges Berthomé, et aux trois camarades du Relecq-Kerhuon, Yves Bodénez, André Floc’h et Albert Goavec morts en déportation, est désormais le témoin, huit décennies plus tard, de l’engagement de ces jeunes militants révolutionnaires antinazis que vient de rappeler Jean-Yves Guengant.
Merci à la Ville de Brest et à sa municipalité pour ce travail du souvenir si important et nécessaire en ces temps où des vents mauvais soufflent sur l’Europe et le monde.
Permettez-moi d’abord de saluer, avec respect et affection, les enfants, amis et camarades des cinq résistants trotskistes que nous honorons ici ce matin. Merci aussi aux résidents du 87 rue Richelieu, d’avoir permis la pose de cette plaque du souvenir sur leur copropriété.
Autour de leurs bulletins clandestin, Bretagne Rouge à partir d’ avril 1941, puis du Front Ouvrier, à partir de juin 1943, au total 30 numéros clandestins furent édités et distribués à Brest pendant la guerre, Robert Cruau, Yves Bodénez, et leurs camarades, militants antifascistes depuis leur jeunesse dans les Auberges de Jeunesse, étaient d’abord des militants ouvriers convaincus que seule la classe ouvrière, celle qui ne possède rien mais qui produit tout, est la seule qui puisse en finir définitivement avec les guerres en en finissant avec l’exploitation et l’oppression.
En ces années terribles où les machines à broyer les humains tournaient à plein régime, leurs courtes vies de révolutionnaires fut consacrer à aider leurs camarades de travail, ouvrières et ouvriers brestois quelques fussent leurs origines, à retrouver confiance en eux et à s’organiser dans le front ouvrier pour une résistance « à leur compte », comme l’écrit Robert Cruau dans le numéro du Front Ouvrier, que vous pourrez lire dans notre bulletin.
En finir avec la guerre, en finir avec l’exploitation, l’oppression et la misère, signifiaient consciemment pour eux et pour leurs camarades, unir les travailleuses et les travailleurs pour détruire le nazisme, et pour en finir avec les impérialismes et le capitalisme.
Internationalistes, leur ennemi n’était pas le peuple allemand mais les fauteurs de haine et de guerre, le nazisme et l’impérialisme. Militants de la fraternité des peuples souligne à juste titre cette plaque.
Hommage à vous, Robert Cruau et George Berthomé qui furent en première ligne pour la conduite du travail de fraternisation avec soldats allemands, travailleurs sous l’uniforme du fait notamment de votre maitrise de la langue allemande,
Hommage à toi, Yves Bodénez, premier secrétaire de la région bretonne du Parti Ouvrier Internationaliste, IVe internationale, inlassable organisateur,
Hommage à vous, André Floc’h et Albert Goavec ses camarades de la cellule clandestine du Relecq-Kerhuon, résistants ouvriers internationalistes.
Honneur aussi à vous leurs camarades également arrêtés en octobre 1943, torturés à Rennes puis déportés, sans le moindre procès : Gérard Trévien, André Darley, Anna Kervella, Henri Berthomé, Eliane Rönel, Marcel Baufrère et Marguerite Métayer
Honneur à vous camarades allemands dont un seul prénom, Heinz, nous est connu et qui, toujours sans procès, furent fusillés ou envoyés sur le front de l’est, honneur à toi Martin Monath, juif berlinois, dirigeant de la IVe internationale, animateur d’Arbeiter und Soldat, qui vint à plusieurs reprises à Brest aider au développement du réseau de soldats allemands antinazis,
Honneur à vous Alain Le Dem et André Calvès, qui consacrèrent vos vies au combat pour le socialisme et qui furent les animateurs de toutes ces organisations de résistance et de fraternité ouvrière,
Cette plaque du souvenir témoigne de l’actualité et de l’exemplarité de votre engagement internationaliste contre le nazisme et pour la fraternité ouvrière. Elle vous fait entrer à jamais dans la mémoire résistante de la Ville de Brest ».
La seconde plaque commémorative, en hommage aux soldats allemands antinazis regroupés autour du bulletin Arbeiter und Soldat – et qui tous ont été fusillés ou déportés sur le front est - a été ensuite inaugurée près de l’arsenal, toujours en présence du Maire de Brest Francois Cuillandre et du député Pierre-Yves Cadalen, avec une intervention du militant allemand Claudius Naumann pour les amis d’Arbeiter und Soldat.
Cette journée d’hommage a été conclue, l’après-midi, par un colloque organisé par les amis d’Arbeiter und Soldat qui a réuni un peu plus de 120 personnes, avec cinq intervenants, dont deux camarades allemands. J’ai eu l’honneur d’y présenter le livre « Résistance antinazie, ouvrière et internationaliste », co-écrit avec Robert Hirsch et Henri Le Dem (éditions Syllepse)
Amicalement
François Préneau
Le bulletin numéro 2 de l’association est toujours disponible en ligne : https://www.calameo.com/read/007723029e184d067a492