Doli Khan a été élu pour un quatrième mandat, à la suite des trois derniers, consécutifs. Le taux d’analphabétisme étant très élevé au Bangladesh, les candidat.es aux élections sont identifié.es par un symbole, et non par leur seul nom. Jusqu’à l’élection de ce quatrième mandat, elle avait reçu le symbole électoral « Kolsi » (le pichet, la cruche) pour les trois derniers mandats. Ce symbole était donc devenu son propre symbole électoral. La popularité du symbole Kolsi ne connaissait aucune limite. Les citoyen.nes de base savaient que ce Kolsi était Doli, ayant pris l’habitude de voter pour ce symbole à chaque mandat. De plus, la cruche est un symbole très populaire auprès des paysannes ordinaires, car elle est utilisée pour apporter de l’eau à partir de n’importe quelle source.
Cette fois-ci, la très partial commission électorale locale a attribué le symbole de la cruche à Kazi Monira, qui a toujours été battue par Doli Khan. D’autre part, Doli s’est vu attribuer un symbole de football, bien qu’elle ait demandé à ce que le symbole de Kolsi reste le sien. Les responsables des élections locales ont délibérément attribué le symbole Kolsi à Munira afin qu’elle puisse battre Doli Khan aux élections. Ils pensaient que les électeurs ordinaires voteraient pour le symbole de Kolsi en l’identifiant à Doli.
Leur stratégie était correcte, mais pas à 100 %. Elle a réduit le nombre de voix de Doli, mais cela n’a pas suffi à la vaincre. Doli Khan a obtenu 33 000 voix, tandis que Munira n’en a obtenu que 20 237. Doli a obtenu 12812 voix de plus que Munira. 1561 votes ont été annulés parce qu’ils ont été attribués deux fois, une fois à la Cruche et une autre fois à Football. Les femmes rurales analphabètes ont, comme d’habitude, choisi le symbole Kolsi, pensant qu’il s’agissait du symbole de Doli, puis, lorsqu’elles se sont souvenues que son symbole avait été modifié, elles ont de nouveau tamponné Football par-dessus. Le maximum de votes annulés l’a été pour cette raison.
Le parti au pouvoir au niveau local a également adopté d’autres politiques, notamment en plaçant de faux ou fausses candidat.es pour réduire le nombre de votes de Doli. Ces candidat.es n’ont recueilli qu’un très petit nombre de voix. La compétition s’est principalement déroulée entre Doli Khan et Kazi Munira. Pendant la campagne électorale, il est apparu clairement que Doli Khan représentait les pauvres, les sans-terre, les paysan.nes et les personnes démunies de la localité - et que Kazi Munira avait la bénédiction de l’élite locale. Munira a dépensé d’énormes sommes d’argent pour obtenir les votes de la population. Dans certains cas, on accuse Munira d’avoir acheté des voix, mais cela s’est fait très secrètement. En revanche, Doli Khan avait l’avantage d’être la fille du camarade Abdus Satter Khan et le BKF et le BKS ont une très forte hégémonie organisationnelle dans la circonscription. Elle n’a dépensé que peu d’argent pour sa campagne, un montant autorisé par la commission électorale.
La victoire de Doli Khan aura un impact positif dans la localité où nous connaissons un mouvement historique d’occupation des terres. Et ce mouvement d’occupation se poursuit encore aujourd’hui. En outre, elle sera également efficace pour la capacité à défendre dans la durée les personnes sans-terre qui se trouvent dans les khasland (terres en jachère) et qui ont déjà reçu la reconnaissance d’une installation permanente. En effet, les grands propriétaires terriens locaux, les hommes de main et les terroristes fonciers essaient toujours d’exproprier les sans-terre par divers moyens. Aujourd’hui, les sans-terre seront courageux avec des représentants élus qui les aideront dans leurs difficultés. Ils pourront partager leurs malheurs et leurs agonies.
C’est ce qu’a fait Doli Khan avant et après le jour où elle a été élue vice-présidente de Dashmina Upazila, dans le district de Patuakhali, au Bangladesh, depuis 2010.
Badrul Alam
Président
Fédération Krishok du Bangladesh