(...) La progression de la droite est indéniable, mais cette croissance est loin d’être irrésistible. Le fait que la gauche française, unie autour d’un programme radicalement antilibéral et antifasciste, ait réussi à la contenir et à éviter l’hypothèse malheureuse d’un autre gouvernement post-fasciste dans un autre pays important d’Europe occidentale est un fait. Et c’est un fait de dimension historique.
Il y a deux ans, le centre-gauche italien a laissé ses rivalités internes l’emporter sur la tâche qui aurait été prioritaire, celle de barrer la route à Giorgia Meloni et à sa coalition « de droite ». Et même la gauche radicale italienne, bien sûr, beaucoup plus faible et mal préparée que la gauche française et prisonnière depuis des décennies d’une obsession électoraliste, s’est inclinée devant l’inéluctabilité de la victoire melonienne.
Sans parler du syndicalisme italien, fort en nombre, mais incapable de jouer le moindre rôle, ne serait-ce que pour tenter d’entraver l’arrivée au pouvoir des post-fascistes, résigné au point de choisir d’inviter la première ministre à s’exprimer lors du congrès de la CGIL, le principal syndicat du pays, et le plus « à gauche ».
Il en va de même pour le monde des affaires, dont la seule préoccupation est que Fratelli d’Italia et son gouvernement mettent de côté les intentions démagogiques de la campagne électorale et se conforment aux pactes européens et atlantiques.
Les classes dirigeantes françaises n’ont pas du tout été effrayées par la victoire annoncée des néo-fascistes de Marine Le Pen et Jordan Bardella, à tel point que la bourse a bondi après le premier tour. Mais les masses populaires françaises ont pesé de tout leur poids et ont bouleversé les prévisions et les attentes.(...)
Fabrizio Burattini (extraits)