« La« La diabolisation que nous avons vécue n’existe quasiment plus. » Dans un entretien au Journal du dimanche, ce 12 novembre, Marine Le Pen se félicite que certaines digues aient sauté, qui lui permettent de se rendre, ainsi que le Rassemblement national (RN), à la marche contre l’antisémitisme organisée ce dimanche. Elle qui, il y a cinq ans encore, avait été huée lors de la marche qui avait suivi le meurtre de l’octogénaire juive Mireille Knoll.
« Il y a beaucoup de Français de confession juive qui ont pris conscience dans les dernières années que nous étions dans le vrai », assure-t-elle au JDD. Elle accuse les responsables politiques d’avoir « leurré » les « compatriotes de confession juive » en répétant « que le danger était le Rassemblement national ». « Pendant des années, ils ont imposé l’idée des gentils d’un côté et des méchants de l’autre – en l’occurrence le Rassemblement national. Ils s’aperçoivent que les méchants ne sont pas là où ils le pensaient. »
Dans cet entretien, la cheffe de file des députés RN va plus loin. Elle voit dans le retour des questions sur l’antisémitisme du parti et de son fondateur une « manipulation politique ». Sans jamais qualifier Jean-Marie Le Pen d’antisémite, elle évoque ses « ambiguïtés », une « faute politique » qui l’a contrainte de l’exclure du parti en 2015. Une décision qui fut « difficile », insiste-t-elle, qui lui a « coûté sentimentalement ». Jean-Marie Le Pen restera cependant, jusqu’en 2018, le président d’honneur du parti.
Si elle souligne qu’« il ne peut exister en matière d’antisémitisme aucune ambiguïté », elle prend à nouveau la défense de son père. « À l’évidence, il n’y a pas un Français qui considère que le danger, aujourd’hui, c’est Jean-Marie Le Pen. Il a 95 ans et n’est plus en capacité de se défendre. Honte à ceux qui font ça. »
À rebours des faits, elle nie aussi que le Front National ait été créé avec d’anciens collaborationnistes : « Dire cela est un mensonge historique. Qu’il y ait eu des gens qui, parmi les fondateurs du Front national, se sont trompés de camp, c’est une certitude. […] Des dizaines de grands résistants ont accompagné notre mouvement. »
Depuis le massacre du 7 octobre en Israël, son parti se présente en « bouclier pour les juifs de France », tout en revisitant sa propre histoire. Toute la semaine, des députés et cadres du RN ont répété que le mouvement et son fondateur n’étaient pas antisémites. L’histoire du parti d’extrême droite montre pourtant l’inverse. Et Jean-Marie Le Pen a, au fil des années, multiplié les déclarations ou allusions antisémites et négationnistes. Ce qui lui a valu plusieurs condamnations judiciaires.
Rappel des faits, en vidéo.
Cet article a été actualisé dimanche 12 novembre, à 10 h 48, avec les déclarations au Journal du dimanche de Marine Le Pen.
Youmni Kezzouf
Marine Turchi
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