Crédit Photo. Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Commission d’intervention féministe du NPA
Depuis 2016, la grève des femmes est au centre des mobilisations féministes : en Argentine, une mobilisation massive avec un appel à la grève était organisée à la suite du meurtre d’une jeune de 16 ans, faisant le lien entre les violences faites aux femmes et les violences du capitalisme. Depuis le 8 mars 2017, l’appel international à la grève met en avant cet outil comme une arme contre la surexploitation des femmes et les violences.
Grève du travail productif et reproductif
S’il est essentiel de faire grève du travail salarié, c’est pour dénoncer la surexploitation subie par les femmes. Davantage exposées à des emplois précaires et dévalorisés, les femmes, en France, représentent 60 % des CDD et touchent 28,5 % de salaire en moins, sont victimes de temps partiels imposés, du plafond de verre et de violences sexistes et sexuelles au travail.
En parallèle, la grève du travail reproductif, c’est arrêter toutes les tâches permettant de faire vivre la société et qui sont essentiellement endossées par les femmes : l’éducation, les repas, le ménage, le soin… Ces tâches sont effectuées gratuitement, contraignant les femmes à une double journée de travail. Nous, féministes, voulons rendre visible l’invisible : cela représenterait 42 milliards d’heures en France chaque année, 10 900 milliards de dollars dans le monde. Mais le travail reproductif est aussi salarié (cantine, personnels de ménage…) et ce sont souvent les femmes racisées qui y sont employées, avec des salaires de misère et des conditions de travail dégradées.
Cette grève du 8 mars est essentielle, car l’assignation des femmes au travail reproductif fonde notre oppression, nous imposant de rester dans le cadre familial, d’effectuer des tâches gratuites ou peu rémunérées nécessaires au maintien du système capitaliste. C’est l’occasion de porter des revendications autour des violences économiques et de la double journée de travail, et plus globalement de porter un coup au système capitaliste et patriarcal.
La grève, un outil essentiel pour construire un rapport de forces contre le patriarcat
« Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête ». Grâce à notre nombre et notre place dans la société, la grève féministe permet de construire un rapport de forces et de dégager du temps pour se rencontrer et s’organiser face au patriarcat.
C’est une occasion importante pour dire stop aux violences faites aux femmes et aux minorités de genre, alors que 94 000 femmes subissent viols ou tentatives de viol chaque année et que le président de la République ose défendre publiquement Depardieu, un agresseur multirécidiviste. Le 8 mars, nous défendrons aussi le droit à disposer de nos corps : IVG, PMA, transition. C’est mon corps, c’est mon choix !
Dans l’histoire, des grèves de femmes ont retenti par leur force. Le 24 octobre 1975 en Islande, une grève nationale des femmes (entre 90 % et 95 % de femmes grévistes) a bloqué les entreprises et les institutions, permettant d’obtenir satisfaction sur une série de revendications. Le 8 mars 2018 dans l’État espagnol, près de 5,3 millions de personnes étaient en grève.
En France, l’arc syndical appelant à la grève s’élargit. De plus, le mouvement contre les violences faites aux femmes prend de l’ampleur, comme cela s’est exprimé après les révélations sur Depardieu et depuis avec le #Metoo Cinéma. Enfin, dans plusieurs villes, des structures se créent et se coordonnent pour permettre l’auto-organisation du mouvement féministe.
Le 8 mars, tousTEs en grève : parlons-nous, regardons-nous, révoltons-nous !
Commission d’intervention féministe du NPA
Solidarité avec les femmes en lutte du monde entier
Crédit Photo. Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Par sa dimension internationale, la journée du 8 mars constitue une occasion pour exprimer notre solidarité avec les femmes en lutte dans le monde entier, d’autant plus dans un contexte marqué par l’émergence de nouveaux conflits inter-impérialistes et la présence insupportable de la guerre sur différents continents.
En Palestine, au Soudan, en Ukraine, au Rojava, en Iran comme au Chiapas, les femmes sont en première ligne dans la défense du droit des peuples à l’autodétermination et dans les combats contre les agressions impérialistes. Mais elles sont aussi les premières victimes des conflits armés et leurs conditions de vie peuvent atteindre un seuil dramatique.
Les femmes et la guerre
Dans les guerres contre les populations civiles, les femmes « ne sont plus des victimes occasionnelles, dont l’agression représente une sorte de sous-produit de la guerre, elles sont devenues des adversaires désignées ».
D’une façon générale, les conflits armés augmentent la violence contre les femmes et les personnes LGBTI. L’utilisation du viol comme arme de guerre s’associe à une amplification des violences sexuelles ainsi qu’à une très forte exposition des femmes aux risques de pauvreté.
C’est le cas notamment à l’est de la République démocratique du Congo, dans le contexte d’un conflit entre les différentes milices militaires. En Ukraine, selon Amnesty international, la guerre d’invasion russe a un effet néfaste sur la santé mentale, physique et reproductive des femmes.
Le contexte de la guerre entraîne partout une amplification des actions visant à contrôler les corps des femmes, soit dans le sens d’une atteinte à la production de la vie, soit dans le sens d’une injonction à engendrer de la chair à canon. Le projet de « réarmement démographique » de Macron s’inscrit dans cette logique de biopouvoir, c’est-à-dire d’un pouvoir patriarcal et capitaliste qui soumet la vie aux règles de compétition, d’optimisation et de mise en concurrence du marché.
Les guerres impérialistes apparaissent alors pour ce qu’elles sont, le stade suprême du capitalisme, la façon trouvée par les puissances du monde pour essayer de dépasser les crises d’approvisionnement et d’accumulation du capital.
En Palestine, les femmes accouchent dans des conditions inhumaines et endurent d’innombrables souffrances en raison de l’absence d’anesthésie et d’accès aux soins. Cette atteinte à la vie et à la mise au monde s’inscrit dans une volonté plus globale de destruction du peuple palestinien. La démolition des principales infrastructures de Gaza, les déplacements forcés, les maladies et l’impossibilité d’accéder aux biens essentiels pour la vie entraînent une crise humanitaire sans précédent.
En faisant face aux agressions brutales de l’armée, en préservant les enfants et les liens sociaux et familiaux dans une situation de deuil permanent, les femmes palestiniennes s’illustrent par leur courage et leur détermination dans la résistance depuis plus de 75 ans d’occupation coloniale par l’État d’Israël.
Grève féministe contre l’impérialisme et le patriarcat
Le 8 mars, nous appelons à une grève féministe internationale pour dénoncer la barbarie des guerres impérialistes entraînant une exacerbation des oppressions et des inégalités de genre. Nous construisons des actions unitaires et de solidarité envers les femmes et les minorités de genre confrontées aux privations et aux abus de la guerre, en Palestine, en Ukraine, au Soudan, au Congo et dans le monde entier.
Les femmes refusent d’être réduites au rôle de victimes collatérales de la guerre ou de cibles désignées. Nous revendiquons la place des femmes dans les prises de décision dans le cadre des conflits mondiaux. Nous réaffirmons l’importance d’un mouvement des femmes international et autonome qui s’oppose à l’ordre social capitaliste, impérialiste et patriarcal.
Commission d’intervention féministe du NPA