ISLAMABAD CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD
Les Etats-Unis ont quasiment répondu à toutes les inquiétudes indiennes quant à l’accord de coopération nucléaire civile conclu entre les deux pays. Rendu public vendredi 3 août, le texte de 22 pages, qui détaille la manière par laquelle Washington et New Delhi entendent partager la technologie et le combustible nucléaire, donne largement satisfaction à l’Inde sur les deux points le plus souvent mentionnés : le droit de retraiter le combustible irradié et les conséquences d’un nouveau test nucléaire par l’Inde.
L’accord, qui est en vigueur pour quarante ans et qu’aucune des deux parties ne peut dénoncer sans un « préavis d’un an », donne à l’Inde le droit de retraiter le combustible irradié mais dans une usine qui devra obligatoirement être sous contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). D’autre part, l’accord stipule que « les Etats-Unis vont soutenir les efforts indiens en vue de développer des réserves stratégiques de combustible nucléaire afin de se prémunir contre toute rupture d’approvisionnement durant la durée de vie des réacteurs ».
Le texte ne mentionne pas spécifiquement le cas d’un test nucléaire par l’Inde, mais souligne que les Etats-Unis acceptent « de prendre en considération les circonstances qui pourraient conduire à la fin de l’accord si celles-ci résultaient de sérieuses inquiétudes indiennes quant à un changement de l’environnement sécuritaire ou à une réponse à une action similaire d’autres états de nature à influencer la sécurité nationale ». En clair, sans s’engager fermement, les Etats-Unis laissent entendre qu’ils pourraient comprendre les préoccupations de l’Inde en cas de test nucléaire par la Chine ou le Pakistan.
CRITIQUE DE PÉKIN
Le texte précise aussi que si, pour n’importe quelle raison, les Etats-Unis interrompent la livraison de combustible, Washington aidera l’Inde à trouver d’autres fournisseurs. Il suggère comme fournisseurs possibles la Grande-Bretagne, la Russie et la France.
L’accord doit encore être approuvé par le Congrès américain et le Parlement indien. Il ne devrait pas rencontrer de difficultés à New Delhi, la communauté scientifique dans son ensemble s’étant montrée plutôt satisfaite des clauses obtenues par l’Inde. D’autres étapes restent toutefois à franchir pour que l’accord entre en vigueur. L’Inde, qui a accepté de séparer ses réacteurs civils de ses réacteurs militaires, doit négocier avec l’AIEA les clauses de sauvegardes particulières. Ensuite, elle devra négocier un accord avec le groupe des pays fournisseurs de technologie nucléaire à Londres. La Chine, qui a publiquement critiqué l’exception indienne consentie par les Etats-Unis, est membre du groupe de Londres. Toutefois, plusieurs pays dont la France se pressent déjà pour vendre des centrales nucléaires à l’Inde, qui a un besoin criant d’énergie.
Cet accord, symbole du renouveau de la coopération entre les Etats-Unis et l’Inde, pourrait aider Washington à pénétrer l’énorme marché militaire indien au moment où New Delhi a annoncé qu’il se prononcerait prochainement sur l’achat de 128 avions de combat.