JEUDI 18 janvier, plus de 2 000 personnes ont défilé dans les rues de Tel-Aviv, appelant à un accord de cessez-le-feu qui mettrait fin aux hostilités à Gaza, dans la plus grande manifestation pour la paix à l’intérieur d’Israël depuis le début de la guerre.
La marche et le rassemblement ont été soutenus par plus de 30 organisations et organisés conjointement par Standing Together et Women Wage Peace.
« Nous souffrons tous de la dure réalité que nous vivons. La douleur des familles endeuillées, des personnes kidnappées, des personnes déracinées et forcées de quitter leur foyer. Nous sommes toutes horrifiées lorsque nous entendons parler des victimes civiles, y compris des enfants, dans à gaza et dans la bande de Gaza », peut-on lire dans la déclaration appelant à la marche.
« Pour beaucoup, il est désormais clair que seul un accord de cessez-le-feu permettra de rendre les otages vivant·es à leurs familles et de mettre un terme au massacre d’innocent·es ».
« Mais le gouvernement extrémiste de Netanyahou, Ben Gvir et Smotrich va dans l’autre sens : il parle de transfert de population et de « migration volontaire », il rejette la possibilité de négociations diplomatiques avec l’OLP et l’Autorité palestinienne, et il ne nous promet rien, si ce n’est encore de nombreuses années de guerre et de souffrances. Pour nous, qui vivons en Israël, il n’y a que deux options : soit la paix israélo-palestinienne, soit une guerre éternelle ».
Les manifestant·es – des citoyen·nes juifs et juives et palestinien·nes d’Israël – se sont rassemblé·es dans le centre de Tel-Aviv, près du centre Dizengoff, et ont défilé dans les rues en scandant en hébreu et en arabe : « Juifs et Arabes refusent d’être ennemis », « Paix, égalité, justice sociale », « À Gaza et à Sderot, les enfants veulent vivre », « Notre réponse à l’aile droite : Israël et la Palestine ». Elles et ils tenaient des pancartes bilingues sur lesquelles on pouvait lire : « Seule la paix apportera la sécurité » et « La majorité exige un accord de cessez-le-feu ».
Initialement prévue la semaine précédente, la police avait ordonné l’annulation de la manifestation, citant comme raison officielle des « inquiétudes quant à une possible incitation ».
Les organisateurs et les organisatrices de Standing Together et Women Wage Peace ont été soutenu·es par le département juridique de l’Association pour les droits civils en Israël, menaçant la police d’une action en justice devant la Cour suprême. Finalement, sous la pression de l’opinion publique, la police a autorisé la manifestation, tout en modifiant l’itinéraire du défilé.
Les dirigeant·es de Standing Together notent avec satisfaction que les éléments du mouvement pacifiste qui, jusqu’à présent, hésitaient à réclamer ouvertement un accord de cessez-le-feu ou à remettre en question les objectifs de la guerre, ont désormais officiellement rejoint les manifestations dans les rues, reflétant ainsi un changement plus large de l’opinion publique à l’intérieur d’Israël.
La marche s’est achevée sur la place de la Cinémathèque, où plusieurs orateurs et oratrices juifs/juives et palestiniens/palestiniennes se sont adressé·es à la foule.
« J’ai survécu à ces horreurs, mais beaucoup trop de mes ami·es n’y ont pas survécu », a déclaré Neta Peleg, originaire du kibboutz Beeri, qui a été pris par les militants du Hamas le 7 octobre et où plus de 90 civil·es ont été assassiné·es.
« Je suis incroyablement en colère contre notre gouvernement, qui nous a trahi·es, qui nous a sacrifié·es. Chaque jour qui passe, de nouvelles personnes sont tuées. Nous devons parvenir à un accord qui ramènera les otages – maintenant ! Nous devons arrêter cette guerre et renvoyer ce gouvernement dans son pays ».
Neta Heiman, militante de Women Wage Peace, est la fille de Ditza Heiman, qui a été capturée par le Hamas le 7 octobre et libérée en novembre : « Le kibboutz où je suis née, Nir Oz, a été victime d’un massacre. Plus d’un quart de ses habitant·es ont été assassiné·es ou kidnappé·es, les maisons ont été pillées et l’armée n’est arrivée qu’après le départ des derniers terroristes.
« J’étais incroyablement en colère contre les monstres du Hamas qui avaient enlevé ma mère âgée, mais aussi incroyablement en colère contre les dirigeants de l’État d’Israël qui, au cours des vingt dernières années, n’ont pas compris qu’il ne fallait pas « gérer le conflit », mais y mettre un terme. Si nous avions emprunté une autre voie, celle de la paix, le 7 octobre aurait pu être évité ».
Rula Daood, codirectrice nationale de Standing Together, a déclaré : « En tant que citoyenne palestinienne d’Israël, j’entends tous les éloges funèbres, en hébreu et en arabe, venant à la fois de la société israélienne et de la bande de Gaza ».
« Nous devons changer de cap. L’avenir de nos deux peuples dépend de l’instauration d’une paix israélo-palestinienne, qui est le seul moyen de nous apporter à tous sécurité et sûreté. Le chemin est long, mais nous savons que là où il y a de la lutte, il y a de l’espoir ».
Uri Weltmann,