Crédit Photo. Antikapitalistak
Plus de 1 500 comités d’entreprise se sont joints à la grève, souscrite par tous les syndicats basques sauf CC.OO et UGT (minoritaires au Pays basque sud). Cette journée de lutte mixte avait pour objectif de revendiquer un système de soins public et communautaire face à la précarisation, la privatisation et la mercantilisation, ainsi que de faire ressortir l’importance des dimensions de genre, de race et de classe dans l’économie de la reproduction sociale.
Piquets de grève
Dès 7 heures du matin, des piquets de grève ont bloqué de nombreux sites industriels et interrompu la circulation dans les principaux accès routiers à Bilbao, Pampelune, San Sebastian ou Vitoria. Aux alentours de midi d’autres actions et rassemblements étaient convoqués devant les mairies, les parlements provinciaux et même à la prison de Martutene, pour visibiliser les inégalités des conditions des prisonnières. À Bilbao, un autre rassemblement s’est tenu à l’initiative d’un collectif de travailleuses face à l’Office d’immigration pour dénoncer les conditions de travail subies par les travailleuses d’aide à domicile dont 42 % sont immigrées. L’après-midi, des manifestations dans les quatre capitales basques et une dizaine d’autres villes ont mobilisé plusieurs milliers de personnes sous la pluie.
L’impact était très important dans le secteur public, notamment dans l’éducation (70 %) mais aussi dans l’industrie, moins dans le commerce. Les syndicats ont dénoncé des services minimums excessifs dans la santé afin de briser la grève. La journée s’est soldée par quelques affrontements avec la police lors des actions de blocage. Deux militantes ont été interpellées à l’usine Michelin à Vitoria, et cinq autres à Donostia pour s’être enchaînées à un bâtiment public.
Résistance militante et innovation de lutte
Cette journée s’inscrit dans le contexte des longues grèves victorieuses des travailleuses des maisons de retraite ces dernières années, autant que sur les grèves du 8 mars de 2018 et 2019. Malgré un succès historique, il était fondamental pour les organisatrices de penser à toutes celles qui n’ont pas pu être là, comme les « internas », les travailleuses des services à domicile. « Nous ne sommes pas toutes là, il manque les internes ! » ou « La précarité est aussi de la violence ! » ont-elles scandé dans les rues de Bilbao.
Dans une tribune parue dans El Salto/Hordago, Xavi Mínguez et Clara Sanchez (Antikapitalistak) soulignent que le long processus de construction de cette grève (depuis 2020) révèle la nécessité d’avancer sur de nouveaux mécanismes de solidarité et de résistance militante, mais aussi de poursuivre dans la construction de pouvoir populaire et l’innovation des stratégies de lutte.
Luis (NPA 33)