Nous ne parlerons pas ici des droits de toute personne à l’accès à l’école, à la santé, au logement, au transport, à un revenu décent,… Il y faudrait un memorendum de plusieurs tomes. Contentons-nous de parler de liberté d’opinion, de liberté de la presse, du droit à la manifestation pacifique, autant de droits qui sont régulièrement violés ce qui contribue à peupler les prisons marocaines de personnes qui n’ont rien à y faire.
Zefazafi et ses 22 compagnons, arrêtés pour avoir protesté contre le meurtre d’un poissonnier par la police et réclamé des services publics (écoles, hopitaux, routes,…) pour la région du Rif.
Taoufik Bouachrine, Soulaimane Raissouni, Omar Radi, 3 éminents journalistes dont on a voulu étouffer la plume critique et les enquêtes dérangeantes (corruption, accaparement de terres…), sous des accusations fantaisistes, notamment d’ordre sexuel qui ne tiennent pas la route une minute.
Mohamed Ziane, avocat de 80 ans, ancien ministre, longtemps proche du pouvoir puis devenu plus critique, qui se retrouve en prison, poursuivi sous onze chefs d’inculpation, dont les inévitables charges d’ordre sexuel.
Saida el Alami, Mohamed Bouzlouf, Rabie el Ablaq, Fatima Karim, Rida Benothmane, Said Boukioud, et sans doute bien d’autres inconnus du public, condamné.es à plusieurs années de prison pour des opinions exprimées sur les réseaux sociaux, en solidarité avec d’autres prisonniers, critiquant le non respect des droits humains ou la normalisation des relations entre les États du Maroc et d’Israël.
Par ailleurs, la situation de ces prisonniers est préoccupante. Ainsi Soulaimane Raissouni est maintenu dans un isolement prolongé, ce qui constitue une forme reconnue de torture. Plusieurs d’entre eux sont privés de courrier, du droit à écrire et faire sortir leurs écrits, du droit à une formation. En ce qui concerne Omar Radi, les avis médicaux ne sont pas suivis par l’administration pénitentiaire, qui le remet systématiquement en cellule, alors que les médecins estiment que son état de santé nécessite son maintien dans une structure médicalisée. Pour sa part, Naaman Asfaari, prisonnier saharaoui, se voit refuser la visite de son épouse depuis maintenant 12 ans. Bref, ils sont non seulement injustement incarcérés mais persécutés tout au long de leur incarcération, se voyant refuser les droits pourtant inscrits dans le règlement général des prisons.
Rappelons ici encore une fois encore la terrible situation que vit l’historien et universitaire Maâti Monjib, qui depuis sa libération en mars 2021, vit dans un climat de harcèlement permanent, sans ressources (ses comptes ont été gelés), interdit de travail et de sortie du territoire marocain, tandis que son procès est sans cesse reporté depuis 2015.
On l’aura compris, cette journée du 10 décembre ne sera pas un jour de fête pour tous les défenseurs des prisonniers d’opinion au Maroc. Mais bien une journée de revendications, pour exiger
• la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc
• le respect de l’ensemble des droits des prisonniers, et notamment leur accès à la santé, à l’éducation, à une nourriture saine, à recevoir et envoyer du courrier et à bénéficier des visites de leurs familles dans des conditions dignes et appropriées.
• l’arrêt du harcèlement subi par Maâti Monjib et le recouvrement de l’ensemble de ses droits (travail, accès aux comptes bancaires, liberté de circulation..)
Paris, le 7 décembre 2023
Comité France de soutien à tous les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc
Pour tout contact : soutienmaatimonjib gmail.com