Mais s’exprimer publiquement est parfois risqué, et l’on peut d’autant plus admirer le courage des artistes qui le font quand on voit les intimidations, la censure, l’autocensure, et les campagnes de boycott qu’ils et elles subissent, comme relaté dans cet article de Médiapart.
Ce sont plus de 80 écrivains, Ta-Nehisi Coates, Molly Crabapple, Natalie Diaz, Maaza Mengiste, Solmaz Sharif et d’autres, qui ont ouvert le bal dès le 14 octobre, dans la New-York Review of Books.
Quelques jours plus tard ils sont rejoints par des milliers d’artistes qui tou.tes aspirent à un cessez-le-feu, principalement des anglo-saxons, plus de 4000 réunis par Artists for Palestine UK, 750 pour une tribune dans the London Review of Books, et encore plus de 8000 (certains redondant avec les appels précédents) pour une tribune dans ArtForum, dont Tilda Swinton, Robert del Naja, Françoise Vergès, Mike Leigh, Larissa Sansour, Naomi Klein, Nan Goldin, Eyal Weizman, Brian Eno, Jarvis Cocker, Sylvia Federici, Judith Butler, Michael Winterbottom, Gillian Slovo, Sally Rooney, Kamila Shamsie, Yara El-Ghadban, Laura Poitras, Ariella Azoulay…
Le 21 octobre, ce sont 55 cinéastes américain.es qui publient dans Variety une lettre à Joe Biden pour lui demander d’exiger un cessez-le-feu. Parmi eux, on trouve Joaquin Phoenix, Cate Blanchett, Jon Stewart, Susan Sarandon, Riz Ahmed, Ramy Youssef ou Quinta Brunson. Plus tard, cet appel sera repris par Oxfam et ActionAid, et il sera signé par plus de 300 artistes vivant aux États-Unis, dont Omar Sy, Cate Blanchett, Cat Power, DJ Snake, Drake, Dua Lipa, Peter Gabriel, Richard Gere, Bella Hadid, Annie Lennox, Jennifer Lopez, Janelle Monáe, Joaquin Phoenix, Patti Smith, Yusuf Cat Stevens, Michael Stipe, Ani DiFranco, Anoushka Shankar, Ben Affleck, Ewan McGregor, John Cusack, Mark Ruffalo, Milla Jovovich ou Mira Nair
Ce n’est que le 22 octobre que le premier appel français est publié, dans l’Humanité, avec près de 100 signatures prestigieuses, dont Abd Al Malik, Jeanne Balibar, Juliette Binoche, Romane Bohringer, Rachida Brakni, Eric Cantona, Waly Dia, Rokhaya Diallo, Annie Ernaux, Robert Guédiguian, Adèle Haenel, Reda Kateb, Guillaume Meurice, Nadine Naous, Léonie Pernet, Serge Teyssot-Gay ou Jean-Pascal Zadi. Un deuxième appel plus large réunira plus de 7000 artistes et intellectuel.les français.es dont Océan, Alice Diop, Jeanne Added, Amandine Gay, Maboula Soumahoro, Mélissa Laveaux, Médine ou Titi Robin.
Plus tard, ce sont près de 4000 artistes et intellectuels canadiens, et 1000 artistes suisses, dont Nicolas Wadimoff, Dominique Ziegler, La Gale, Yaël Bitton, Tom Tirabosco, Jean-Luc Bideau ou Zep, qui à leur tour appellent à un cessez-le-feu immédiat.
Enfin, ce sont plus de 4000 musiciens du monde entier, dont Marianne Faithfull, Brian Eno, Mélissa Laveaux, Bachar Mar Khalifé, Ana Tijoux, Keny Arkana, HK, Elli Medeiros, qui demandent « un cessez-le-feu immédiat et une aide humanitaire à Gaza, ainsi que la fin du blocus ».
On peut souligner l’engagement de plusieurs collectifs de graphistes, en France et dans le monde, qui créent et mettent à disposition du public des œuvres consacrées à la Palestine en général, et à Gaza en particulier, de cinéastes qui mettent en ligne gratuitement leurs films, ou d’éditeurs engagés.
Plus ponctuellement, on saluera la contribution artistique de musiciens du monde entier, à commencer par la Française Keny Arkana et sa chanson simplement intitulée Gaza, mais aussi un collectif de 25 artistes du Moyen Orient (dont Saif Safadi, Dana Salah, Ghalia Chaker, Afroto, Nordo, Saif Shroof, Akhras, Issam AlNajjar, Amir Eid, Balti, Wessam Qutub, Dina Wideidi, Bataineh, Omar Rammal, AlYung, Randar, Vortex, Small X, ALA, Fuad Gritli, Donia Wael, Zeyne, Marwan Moussa, Dafencii, Marwan Pablo), pour leur titre Rajieen.
On notera également le retrait du dessinateur italien Zerocalcare et d’Amnesty International Italie du festival « Lucca Comics » en raison du parrainage de l’ambassade israélienne et ceux de Nan Goldin et d’Anne Boyer de leurs engagements auprès du New York Times pour dénoncer la partialité de sa ligne éditoriale.
Au vu de la poursuite des massacres, on peut regretter que la voix de ces artistes ne réussisse pas à couvrir le bruit des bombes, et à faire cesser les assassinats, y compris d’artistes de Gaza. Mais on peut néanmoins se réjouir du nombre impressionnant d’artistes rejoignant la masse des citoyens qui ne se laissant pas submerger par la propagande guerrière, et parlant à leur place quand une telle parole est si difficile à faire entendre.
L’histoire retiendra qui était du côté de la paix…
Emmanuel Dror pour l’Agence Média Palestine, le 23 novembre 2023