Lancé par des collectifs écolos milanais (Fridays for Future, Extinction Rebellion, Ecologie politique, Dernière Génération, « Piano Terra » …), il a été conçu comme une Première Internationale du climat visant à « ouvrir un espace de confrontation entre les mouvements climatiques explicitement anticapitalistes, les activistes et les intellectuels de toute la planète, avec l’ambition de définir un agenda commun et une perspective idéologique dans l’espace transnational partagé des luttes écosociales d’aujourd’hui » [1].
Participation démocratique
Si les résultats délibératifs du congrès n’ont pas été à la hauteur de l’ambition que se sont donnée les organisateurs, l’événement a néanmoins permis des confrontations intéressantes entre les perspectives et les expériences des différents collectifs militants engagés dans les luttes éco-socialistes et jeté les jalons pour la construction d’une coordination internationale dans le futur.
Notre intervention au congrès s’est inscrite dans le cadre d’une collaboration avec la « Rete ecosocialista » (Réseau écosocialiste) [2], impulsée entre autres par les camarades de « Sinistra Anticapitalista », visant la création d’un sujet composite, dépassant les étiquettes politiques et dont l’objectif est d’articuler la défense de l’environnement et des biens communs à la critique plus structurelle du mode de production capitaliste, en promouvant la participation démocratique et les formes d’auto-détermination et d’auto-organisation sur les différents territoires.
Planification écologique et décroissance
L’atelier organisé par le réseau écosocialiste a été alors l’occasion de lancer une initiative commune à caractère unitaire et international, qui puisse produire une élaboration théorique tout en partant des perspectives réelles offertes par les luttes.
Intitulé « L’alternative écosocialiste à l’extinction : fracture métabolique, antispécisme et recomposition de classe », l’atelier a proposé trois interventions : celle de David Schwartzman (professeur émérite de l’Université de Howard aux États Unis et économiste du réseau éco-socialiste), Marco Maurizi (philosophe et membre du GAP, Groupe d’antispécisme politique) et Paola Sedda pour le NPA qui est intervenue sur la dernière séquence des luttes écologistes en France (Sainte-Soline, NoTav, A69) [3].
L’atelier a ouvert une réflexion et un débat autour des enjeux de la planification écologique dans une logique de décroissance, des luttes antispécistes dans une perspective marxiste ainsi que des enseignements que l’on peut tirer des expériences des luttes contre les grands projets inutiles en France en particulier en termes d’articulations possibles entre les luttes du monde du travail et les luttes environnementales.
Plateforme en ligne
Face au grand fractionnement des mouvements et des collectifs écologistes et aux flottements dans la critique du mode de production capitaliste souvent désigné avec l’appellation partielle et ambiguë de « capitalisme fossile », le réseau écosocialiste a essayé de défendre une perspective critique plus globale qui articule l’exigence de la planification, à partir des besoins, avec le contrôle démocratique des moyens de production de la part des travailleurs et des travailleuses. De l’assemblée plénière du Leon Cavallo émerge la volonté de construction d’une plateforme en ligne pour partager des connaissances, des méthodes, des pratiques et créer un réseau international dans le but d’unifier les luttes climatiques avec celles des travailleurs et d’autres mouvements. L’assemblée s’engage aussi dans la création d’un comité international au cours de l’année à venir, afin d’organiser la structure réelle de cette alliance. Elle pointe aussi l’exigence de se concentrer sur les demandes du Sud global et de se tourner vers les communautés indigènes.
C’est un vaste chantier à l’issue incertaine dont les perspectives stratégiques sont renvoyées, non sans une certaine frustration de la part des déléguéEs internationaux, au prochain Congrès social qui se tiendra en Colombie en décembre 2023.
Hélène Marra