De manière inhabituelle, le congrès a commencé dès le dimanche midi avec un programme culturel, l’accueil des délégués et des invités et l’ouverture officielle du congrès. Invité exceptionnel, le chancelier fédéral Scholz a pu s’adresser aux participant.es et vanter les mérites de sa politique. Pendant son discours, des délégué.e.s ont clairement fait entendre leurs critiques à la politique de la coalition gouvernementale. Scholz a tenté de les désamorcer en promettant que des mesures seraient enfin prises pour renforcer le caractère contraignant des conventions collectives et qu’il n’y aurait pas de réduction des prestations sociales.
Le deuxième jour, la discussion a commencé autour du rapport d’activité, présenté par le premier président, Frank Wernecke. Dès le début, de nombreuses critiques ont été émises, notamment sur les résultats peu satisfaisants des différentes négociations tarifaires. Ce point de l’ordre du jour a duré beaucoup plus longtemps que prévu.
Pour la première fois, deux candidats pour une seule fonction
Lors de l’élection du bureau fédéral qui a suivi, il y a eu pour la première fois un poste pour lequel deux candidats se sont présentés. Orhan Akman, ancien responsable du commerce de détail au niveau fédéral, s’est présenté contre le trésorier proposé par la commission fédérale en charge des finances. Licencié par le syndicat, il avait obtenu au tribunal l’annulation de la procédure engagée contre lui par le conseil fédéral. ll a obtenu plus de 23 % des voix, ce qui constitue un résultat remarquable pour lui.
Controverses
Lors de la discussion des amendements, plusieurs sujets controversés étaient à l’ordre du jour. Un amendement pour la suppression de la médiation préalable dans les négociations collectives a été clairement rejeté après l’intervention du président en sa défaveur. Les amendements contre le racisme et l’extrémisme de droite ainsi que l’incompatibilité de l’appartenance à l’AfD ou à d’autres organisations de droite ont été adoptés à l’unanimité. De même, une large majorité s’est prononcée contre de nouvelles restrictions du droit d’asile et pour le respect des droits de l’homme ainsi que pour la libération de Julian Assange.
C’est l’amendement E 084, intitulée « Perspectives pour la paix, la sécurité et le désarmement dans un monde en mutation », qui avait provoqué le plus de remous en amont du congrès. Plus de 15.000 signatures contre ont été recueillies sur l’appel « Dites non ». Le débat autour de cet appel et de ses 15 amendements a duré huit heures. Il a été décidé rapidement par vote que le passage le plus controversé, à savoir l’approbation de la livraison d’armes [à l’Ukraine], ne serait pas modifié. Cela a motivé plusieurs délégués à quitter le congrès sans vouloir attendre la suite des débats.
A la suite d’une motion d’ordre déposée par un collègue de Hambourg, le congrès s’est prononcé en faveur d’un vote en bloc des amendements, comme l’avait recommandé la commission des résolutions. Ainsi, seuls les amendements qui avaient son approbation ont-ils pu être repris dans la résolution. Il a néanmoins été possible d’obtenir une position claire contre le programme d’armement de 100 milliards et contre l’objectif de 2% du budget défini par l’OTAN. De même, l’amendement contre la fourniture de missiles Taurus a été intégré dans la résolution principale.
L’opposition de gauche n’a pas réussi à s’imposer
Même si l’opposition de gauche au sein de Ver.di n’a pas pu modifier la proposition principale comme elle l’espérait, une amélioration non négligeable a été obtenue. Il est réjouissant de constater que, comme lors des congrès précédents, les propositions visant à prolonger le mandat des instances à cinq ans n’ont pas obtenu la majorité requise.
Dans l’ensemble, le congrès de Ver.di présente donc un tableau mitigé. Il faudra voir si les décisions prises seront suivies de mesures concrètes. La lutte contre l’AfD devrait devenir de plus en plus importante pour les syndicats en Allemagne.
S’il est important de prendre des décisions fermes, c’est dans les entreprises et dans la rue que la résistance à la montée de la droite doit être organisée.
Helmut Born