ISLAMABAD CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD
73 ans, Pratibha Devisingh Patil est devenu, samedi 21 juillet, la première femme présidente de l’Inde, selon des résultats communiqués par la commission électorale indienne.
Candidate de l’Alliance progressiste unie, dominée par le Parti du Congrès - au pouvoir -, Mme Patil a largement battu son seul concurrent, l’actuel vice-président Bhairon Singh Shekhawat, soutenu par l’Alliance démocratique nationale (opposition), qui se présentait en candidat indépendant. Originaire de l’Etat du Maharashtra (capitale Bombay), Mme Patil remplace à la plus haute fonction A. P. J. Abdul Kalam.
Avocate de profession, Mme Patil commence sa carrière comme travailleuse sociale dans sa ville de Jalgaon, au Maharashtra, et entre très vite en politique, siégeant de 1962 à 1985 à l’assemblée provinciale du Maharashtra comme membre du Parti du Congrès. Elle obtient, pendant toutes ces années, de nombreux postes ministériels dans le gouvernement provincial. De 1985 à 1990, elle siège au Sénat. En 1991, elle est élue au Parlement fédéral. En 2004, elle est nommée gouverneur de l’Etat du Rajasthan.
Candidate de compromis, Mme Patil est une personnalité controversée qui a été la cible, durant la campagne électorale, d’attaques sans précédent de la part de l’opposition et d’une partie de la presse.
Premier parti d’opposition, le Parti du peuple indien (PJP, nationalistes hindous) a édité une brochure au titre parlant : « Cette personne à la réputation douteuse mérite-t-elle de devenir présidente de l’Inde ? » Détaillant les mésaventures d’une banque qu’elle avait ouverte en faveur des femmes en 1970 et qui a été liquidée, vingt ans plus tard, au milieu d’allégations de larges prêts jamais remboursés consentis par Mme Patil à sa famille, l’hebdomadaire de langue anglaise India Today a titré : « Un choix embarrassant ».
India Today évoque aussi une affaire de meurtre dans laquelle le frère de Mme Patil serait impliqué, et des accusations portées contre son mari, Devisingh Ramsingh Shekhawat, dans le suicide d’un enseignant. Toutes ces accusations ont toutefois été réfutées par le Parti du Congrès. Mme Patil prendra ses fonctions le 25 juillet.