Officiellement, le gouvernement chinois s’est borné à exprimer son soutien à Vladimir Poutine à mesure de la progression des soldats du mercenaire en chef russe en direction de Moscou le 24 juin dernier. En prenant soin d’ajouter qu’il n’était pas question pour la Chine de s’ingérer dans les « affaires intérieures » de la Russie, un leitmotiv dans le narratif officiel de Pékin. « En tant que voisin amical et partenaire stratégique, la Chine soutient la Russie dans ses efforts pour protéger la stabilité du pays, se développer et atteindre la prospérité », a déclaré le ministère dans un communiqué diffusé lorsqu’il devenait clair que l’épisode de Wagner prenait fin.
Un peu plus tard, à l’issue d’une rencontre dans la capitale chinoise entre le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko et le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang, le même ministère a ajouté : « La partie chinoise a exprimé son soutien aux efforts des dirigeants de la Fédération de Russie pour stabiliser la situation dans le pays en lien avec les événements du 24 juin. »
Mais même si cette expédition a été éphémère, il ne fait guère de doute que les dirigeants du Parti communiste chinois auront vécu cette journée avec effroi, sidération et consternation. Car ils auront bien compris que ce putsch avorté consacre une réalité de plus en plus criante : depuis le début de la guerre livrée par la Russie en Ukraine le 24 février 2022, le régime de Vladimir Poutine est, chaque jour davantage, mis en échec.
Nul doute non plus que ces mêmes dirigeants ont tous à l’esprit la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, suivie le 25 décembre 1991 de la dislocation de l’Union soviétique. Lorsqu’en 2013, il avait rencontré Joe Biden, alors vice-président des États-Unis, Xi Jinping, arrivé au sommet du pouvoir chinois depuis un an, lui avait confié que le plus grand criminel russe n’était pas Staline mais Mikhaïl Gorbatchev, l’artisan de l’effondrement de l’URSS.
Le même Gorbatchev se trouvait d’ailleurs en visite officielle en Chine le 15 mai 1989. Il avait vu de ses propres yeux les dizaines de milliers de jeunes manifestants chinois qui, rassemblés depuis plusieurs semaines sur la Place Tiananmen, demandaient plus de liberté. Cela jusqu’à cette sinistre journée du 4 juin lorsque le patriarche de l’époque Deng Xiaoping avait donné l’ordre à l’armée d’ouvrir le feu sur les contestataires pour écraser le mouvement, faisant plusieurs milliers de morts.
À partir de là, le PCC n’avait pas manqué de tirer les leçons de la disparition de l’Union soviétique ainsi que du massacre de la place Tiananmen. En juillet 2012, le Comité central du Parti diffusait à ses cadres le fameux « Document numéro 9 » (九号文件, jiu hao wenjian). Soit une liste des « sept périls » ou « sept sujets qu’on ne discute pas » (七不講) qui, aux yeux du PCC, menaçaient la survie même du régime. Objet d’une diffusion restreinte au sein du Parti, cette liste avait néanmoins été publiée en avril 2013 par la journaliste dissidente Gao Yu, par la suite arrêté et jugée le 21 novembre de la même année pour « divulgation de secrets d’État » et condamnée en 2015 à sept ans de prison.
Selon la journaliste, Xi Jinping avait approuvé ce texte dont il était d’ailleurs, selon elle, l’un des principaux auteurs. Les « sept périls » mentionné par ce texte sont les valeurs universelles, la liberté de la presse, la société civile, les droits civiques, les « erreurs historiques » du Parti communiste chinois, le capitalisme de connivence au sein du pouvoir et enfin l’indépendance de la justice.
PEUR DE L’EFFET DOMINO
D’ordinaire, les médias officiels sont tous soigneusement censurés et reflètent fidèlement la ligne du Parti. Mais le 24 juin, témoignage de la nervosité ambiante dans les milieux dirigeants, Hu Xijing, longtemps le rédacteur en chef du Global Times, journal en langue anglaise affilié au Quotidien du Peuple, l‘organe du PCC, déclarait dans un tweet qu’au vu des événements en cours, « la Russie ne pourra désormais plus jamais redevenir ce qu’elle était ». Selon le commentateur nationaliste très en vue à Pékin, la « rébellion armée [d’Evgueni Prigojine] a plongé la Russie au bord du gouffre. Quel que soit le résultat, la Russie ne pourra jamais redevenir le pays qu’elle était avant cette rébellion. »
Quelques heures plus tard, ce tweet était effacé. Le lendemain, après l’annonce de la fin de l’insurrection et du départ vers la Biélorussie du chef de Wagner, le même Hu Xijin écrivait dans un nouveau tweet : « Prigojine a rapidement mis fin à sa rébellion sans que le sang ne soit versé, ce qui en a évidemment réduit l’impact sur l’autorité de Poutine, mais pas à zéro pour autant. »
Sur les réseaux sociaux chinois le 25 juin, eux aussi soigneusement censurés, la tentative de mutinerie en Russie faisait l’objet d’éloges à l’endroit de Vladimir Poutine et de « son autorité forte ». Mais d’autres confessaient leur inquiétude sur les conséquences de ces événements pour la Chine. « La majorité des commentaires des Chinois sur Weibo exprime leur inquiétude à propos d’un effet domino : si la Russie s’effondre, la Chine pourrait être la prochaine sur la liste », expliquait sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, Wen-Ti Sung, un chercheur de l’Australian Centre on China à l’Université nationale d’Australie. L’insurrection tentée par le chef de la milice de Wagner « contredit le narratif [de la propagande chinoise] sur Poutine présenté comme un dirigeant fort qui bénéficie du soutien total de son peule et comme un partenaire de choix de la Chine. Si Poutine est instable, alors lui apporter son soutien devient mauvais. »
Cependant, Weibo a permis à des millions d’internautes chinois de prendre conscience de la fragilité du régime russe avant que la censure ne fasse son œuvre. Les images du convoi militaire de Wagner sur la route vers Moscou ont comptabilisé 2,37 milliards de vues en 24 heures le 25 juin, selon Insider, réseau américain d’informations en ligne. Ces images ont suscité des discussions enfiévrées sur les possibles conséquences pour la Chine. « Lorsque les lèvres s’ouvrent, les dents ressentent le froid », déclarait un internaute qui laissait ainsi entendre que l’instabilité pourrait alors gagner la Chine. « Si la Russie devait être désintégrée par les puissances occidentales où si elle devait être prise d’un chaos interne, ce ne serait pas une bonne chose pour la Chine », observait un autre internaute. « Si [les forces de Wagner] devaient réellement se diriger vers Moscou, il existerait une chance que la guerre se déplace juste à proximité de nos frontières, déclarait un autre. Il serait alors difficile pour la Chine de ne pas être affectée par une telle situation. »
Le même jour, autre signe de cette nervosité, pas une mention des événements de la veille n’avait filtré dans le compte-rendu officiel des entretiens entre Andreï Roudenko et Qin Gang. La visite à Pékin du vice-ministre russe n’avait jamais été annoncée. Même chose dans les médias officiels. Les chaînes de télévision chinoises n’ont montré aucune image du convoi militaire de Wagner sur la route vers Moscou le 24 juin, images qui ont pourtant fait le tour du monde. Elles ont en revanche diffusé, sans explication, des extraits du discours de Vladimir Poutine qui, le 25 juin au matin, annonçait un châtiment exemplaire contre les « traîtres » à la patrie.
Le lendemain, l’agence Chine Nouvelle a bien évoqué la Russie, mais pour faire état du Festival de l’eau annuel à Saint-Pétersbourg, accompagné d’une vidéo du feu d’artifice tiré à cette occasion. Et d’un commentaire sibyllin : « Bien que les participants aient fait état de leurs inquiétudes à propos de la situation, ils ont exprimé leur foi dans le gouvernement. » Le 26 juin, la même agence expliquait que « l’incident » n’avait pas causé de désordre majeur pour la société russe et que la vie des populations à Moscou et ailleurs en avaient été « à peine affectée ».
« Nul besoin d’avoir en poche un doctorat de sinologie pour imaginer le choc à Pékin le week-end dernier », écrivait mardi 27 juin Suart Lau, correspondant à Bruxelles du magazine américain Politico. « Bien sûr, cet incident illustre la complexité, la nuance et l’incertitude liées à la situation intérieure en Russie », souligne Shen Yi, professeur à l’Université de Fudan à Shanghai, cité par Politico. « Cela sonne sans aucun doute l’alarme pour la Russie », estime de son côté Yu Sui, professeur au China Center for Contemporary World Studies. [L’épopée de Wagner] fait écho au proverbe chinois selon lequel donner à manger au tigre est une invitation à des problèmes. » « Il y a probablement eu quelques réunions d’urgence à Pékin pour étudier ce que tout cela signifie pour Poutine, en particulier si cela traduit une Russie fracturée ou un Poutine très affaibli », relève Chong Ja Ian, professeur associé à l’Université Nationale de Singapour, cité le 25 juin par CNN.
« Même si le cauchemar russe a pris fin temporairement [le 25 juin], cet incident a immanquablement porté tort à l’image de la Russie et celle de Poutine », a déclaré Jin Canrong, professeur de relations internationales de l’université Renmin à Pékin, sur Weibo. Ce même professeur, un conseiller du gouvernement chinois connu pour ses opinions nettement anti-américaines, a décrit les événements du 24 juin comme « surréalistes ». « Il est très dangereux pour un pays de tolérer et maintenir un tel groupe militaire d’envergure non étatique, une blessure qui peut s’ouvrir à tout moment. »
TOUJOURS « SANS LIMITE » ?
La Chine entretient des liens très étroits avec la Russie. Pékin n’a jamais condamné l’invasion russe et les médias officiels chinois reproduisent à longueur de journée la propagande de Moscou sur ce conflit. La Chine propose pourtant de jouer un rôle de médiateur pour hâter la fin du conflit. Mais Pékin s’est pour autant gardé jusqu’à présent de livrer des armes létales à l’armée russe, sachant que cela constituerait pour les États-Unis et leurs alliés une ligne rouge qui déclencherait contre la Chine des sanctions comparables à celles déjà imposées contre Moscou.
Vladimir Poutine et Xi Jinping se sont rencontrés quarante fois depuis 2012. Ils se considèrent comme le « meilleur ami » de l’autre. Les liens sino-russes se sont resserrés ces derniers mois, les deux pays se considérant chacun la victime de l’hégémonie américaine. En février 2022, moins de trois semaines avant le début de la guerre en Ukraine, les deux dirigeants annonçaient à Pékin que les liens entre leurs deux pays étaient désormais « sans limite ».
« La faiblesse russe qu’a exposé le chef de Wagner Evgueni Prigojine va probablement déranger quelques personnes tout en haut de la hiérarchie du Parti communiste chinois. En définitive, le PCC justifie [lui aussi] sa propre répression par le maintien de la stabilité nationale, écrit James Palmer dans les colonnes du bimestriel américain Foreign Policy. Longtemps, le PCC a tenu l’Union soviétique comme un exemple de ce qu’il faut faire. [Puis] la Chine avait vu Poutine comme un modèle non seulement pour avoir remis le pays à flots mais aussi pour résister face à l’Occident. Mais les événements chaotiques vont donner du grain à moudre à ce petit groupe d’intellectuels [en Chine] qui disent que Pékin a peut-être eu tort de tant parier sur Moscou. » Résultat, selon James Palmer, l’insurrection éphémère en Russie « pourrait à terme conduire à davantage de prudence à Pékin », car « après tout, un pays où l’on ne peut savoir avec certitude qui sera au pouvoir demain n’est pas un partenaire digne de confiance » pour le pouvoir communiste chinois.
L’acte de rébellion du chef de Wagner « va sonner l’alarme en Chine et pourrait bien jeter des grains de sable dans la machine du partenariat « sans limite » entre les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping », écrivait le 26 juin Jake Cordell dans le Moscow Times, un quotidien indépendant de langue anglaise critique du régime russe. « La Chine n’aura pas manqué d’observer avec une grande inquiétude les événements récents en Russie, observe Rana Mitter, professeur d’histoire sur la Chine contemporaine à l’Université d’Oxford, cité par le même journal. Tout particulièrement, ils [les dirigeants chinois] vont probablement nourrir des doutes sur l’unité des forces russes tout comme sur la capacité de Poutine à contrôler son régime. »
C’est aussi l’avis d’Sari Arho Havren, chercheur associé du Royal United Services Institute (RUSI), spécialisé dans les affaires chinoises : « Xi va probablement juger le contexte de la mutinerie de Wagner comme une illustration de l’incompétence grave. Cette rébellion érode clairement le prestige de Poutine et la principale conséquence est la faiblesse de la structure du pouvoir russe qui apparaît aux yeux de tous. Or la crainte du chaos fait partie intégrante de l’ADN du Parti communiste chinois. »
Cette visite s’inscrivait en effet dans un contexte plus difficile pour les relations germano-chinoises. L’Allemagne a formellement adopté le 14 juin un document qui définit sa « stratégie nationale de sécurité » : la Chine, selon ce document de près de 80 pages présenté par Olaf Scholz, « tente par différents moyens de remodeler l’ordre international existant fondé sur des règles, revendique de plus en plus offensivement une suprématie régionale et agit sans cesse en contradiction avec nos intérêts et nos valeurs ».
Ce qui s’est passé samedi « consolide le statut de la Russie en tant que partenaire junior » de la Chine, estime pour sa part Livia Paggi, directrice de la J.S. Held, une société américaine de consultants. « La Russie était déjà devenue complètement dépendante de la Chine, par exemple au sujet de ses ventes de pétrole et de gaz. Ce sera encore davantage le cas maintenant. Cela ne fait aucun doute. »
La mutinerie de Wagner « est évidemment de nature à énerver la Chine, souligne quant à lui Andrew Small, un chercheur du Marshall Fund’s Indo-Pacific Program, cité par le Nikkei Asia. Des troubles intérieurs en Russie seraient l’un des pires scénarios pour Pékin et l’anxiété est là quant à savoir si [les dirigeants chinois] sont à même d’évaluer correctement la dynamique du pouvoir en place à Moscou », ajoute l’auteur du livre No Limits : The Inside Story of China’s War with the West » [1].
Même son de cloche chez Shen Dingli, professeur de l’université des Sciences Politiques de Pékin. La Chine « va désormais être plus prudente dans ses paroles et ses actes à propos de la Russie, écrit-il dans les colonnes du quotidien de langue chinoise de Singapour Lianhe Zaobao. Je suis convaincu que [les dirigeants chinois] vont dorénavant réfléchir un peu plus à des scénarios politiques alternatifs qu’ils ne le faisaient avant. Avec le développement de la situation actuelle et la direction prise par la guerre, [la Chine] devrait ajuster sa position sur la Russie et l’Ukraine, rendre sa posture plus claire et se tenir de façon inébranlable du côté des vainqueurs dans l’histoire. »
« LE POTENTIEL EST LÀ POUR D’AUTRES ÉVÉNEMENTS CHAOTIQUES »
Alexander Gabuev, directeur du Carnegie Russia Eurasia Center, un centre de réflexion indépendant basé à Berlin, juge quant à lui qu’il serait prématuré de prévoir « une fin prochaine de Poutine ». Cependant l’épisode du 24 juin permettra aux autorités chinoises de disposer de plus de marge de manœuvre pour accroître encore l’état de vassalité de la Russie à l’égard de la Chine.
D’autres analystes restent prudents. « La rébellion de Wagner ne changera pas la façon dont les dirigeants à Pékin et à Pyongyang considèrent leur intérêt national aligné sur la Russie et en concurrence avec les États-Unis et leurs alliés », estime Leif-Eric Easley, professeur à l’Université Ewha de Séoul, cité le 26 juin par le Nikkei Asia. « Si la Russie devait être confrontée à un coup d’État, les pays autocrates en Asie seraient dans le pétrin. Ils ont été d’ardents soutiens de Poutine, relève pour sa part Geoffrey Cain, chercheur à la Foundation for American Innovation, un think tank américain. La Chine veut que la Russie soit sous sa coupe. Mais sans Poutine, l’avenir serait incertain car le Kremlin est plein de factions pro-Chine ou hostiles. »
Le 26 juin, le South China Morning Post, bien que favorable au régime de Pékin, donnait la parole à des analystes chinois, titrant que la Chine allait tirer les leçons des événements du week-end en Russie. Pour Feng Yujun, directeur du Centre for Russian and Central Asian Studies de l’Université de Fudan à Shanghai, « un incident tout seul ne saurait avoir un impact direct sur la relation Chine-Russie ou sur la Chine elle-même. Mais la situation internationale globale, y compris la direction prise par la guerre russo-ukrainienne, les incertitudes sur le développement de la Russie […] auront un impact historique profond sur la Chine. » La situation en Russie s’est peut-être apaisée mais les divisions politiques dans le pays demeurent, explique-t-il. « Il est important de reconnaître que cet événement n’en est qu’à son stade initial et que le potentiel est là pour que d’autres événements chaotiques puissent se produire. »
Un autre expert, cité par le journal hongkongais mais resté anonyme en raison du caractère éminemment sensible du sujet abordé, a indiqué que la rébellion avortée en Russie allait donner à réfléchir à ceux qui, dans les instances dirigeantes à Pékin, sont en faveur d’une intervention armée à Taïwan. « Un échec sur le front en cas d’action militaire majeure telle que pour unifier Taïwan avec le continent pourrait contribuer à la naissance de groupes militants non officiels, un risque auquel les dirigeants chinois doivent se préparer [à répondre]. La Russie a toujours été un exemple pour la Chine dans la préparation à des risques sécuritaires nationaux. »
Certains experts internationaux de la Chine et de la Russie estiment qu’un risque de conflit au sein du régime à Moscou pourrait en outre peser sur la stabilité le long des 4 3000 kilomètres de frontière entre les deux pays, théâtre d’affrontements meurtriers en 1969 au plus fort de la rivalité idéologique entre la Chine et l’URSS. Pour autant, ils sont unanimes à considérer que Vladimir a commis une lourde erreur en décidant d’agresser l’Ukraine, un exemple à ne pas suivre pour la direction chinoise. En outre, soulignent-ils, un effondrement du régime russe aurait pour conséquence immédiate de priver Pékin d’un allié stratégique de poids puisque la Russie représente la seule grande dictature alliée de la Chine. Ceci alors que Pékin est de plus en plus confronté à une alliance de facto entre de nombreux pays occidentaux qui, menés par les États-Unis, tiennent le régime chinois pour une menace croissante.
Le scénario le pire ? Une désintégration du régime russe suivie à Moscou de l’installation d’un régime favorable à l’Occident qui placerait alors le régime communiste chinois dans un isolement sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 1949.
En mars dernier, lors de sa visite officielle dans la capitale russe, au moment de prendre congé de son hôte au Kremlin, Xi Jinping avait déclaré à Vladimir Poutine : « Il existe actuellement des changements – d’une nature que nous n’avons jamais vue depuis 100 ans – et nous sommes les acteurs ensemble. » Force est de constater que cette image a bien changé depuis. Au détriment de Moscou et Pékin. Il apparaît donc probable, au vu des événements des 24 et 25 juin, que le régime chinois fasse preuve plus que jamais de pragmatisme en évitant de tout miser sur son allié russe. Et de s’abstenir de lui livrer des armes.
Pierre-Antoine Donnet