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Une cérémonie aura lieu le lundi 9 janvier, au Père Lachaise, 13 rue du repos, métro Gambetta, Salle Mauméjan, de 13 heures à 14 heures. L’incinération qui suivra sera en privé. Ni fleurs ni couronnes.
• Nous venons d’apprendre le décès d’Isaac Johsua. Économiste, il avait participé à la création de la Fondation Copernic et avait été un des rédacteurs de sa première note en 1999, « Les retraites au péril du libéralisme », qui avait joué un rôle très important à l’époque pour contrecarrer l’offensive néolibérale sur ce sujet, note rééditée deux fois. Isy avait été membre des JCR, de la LC et un des fondateurs de Révolution !. Au-delà de ses textes innombrables, ses livres, puis son premier « La face cachée du Moyen-âge » jusqu’à son dernier, « La révolution selon Karl Marx », montrent un esprit nourri par la volonté de ne pas se laisser dominer par une doxa quelconque, fut-elle marxiste et dont son dernier livre fait une critique sévère. Son esprit critique, son sérieux dans l’argumentation, sa capacité d’analyse sur des sujets les plus divers, son refus de tout sectarisme, devraient être un exemple pour toutes et tous.
Pierre Khalfa
• C’est avec tristesse que nous avons appris le décès d’Isaac Johsua. Économiste et militant, il était membre fondateur de la Société Louise Michel, dont il restait un adhérent fidèle.
La Société Louise Michel
• Je suis infiniment triste. j’ai connu Isi à la JCR ou déjà, revenant de Cuba, il tâchait de mettre en garde ses camarades sur les erreurs de la direction cubaine. Economiste d’une rare originalité, il a mis en évidence certaines impasses de la « théorie de la régulation » dans des ouvrages qu’il faut avoir lu. Mais surtout, c’était un type bien, modeste et bon.
Hélène Goldet
• Immense tristesse d’apprendre sa disparition ! Je l’ai bien connu à la direction de Révolution puis de l’OCT. J’avais non seulement beaucoup d’admiration pour lui, ses capacités d’analyse et sa grande culture politique mais aussi une vraie tendresse pour ses qualités humaines. Nous avons notamment traversé la difficile période de la fin de notre courant politique et dans ce moment particulièrement difficile je l’ai vu s’opposer sans détester, contredire sans humilier, reconnaître des erreurs sans hésiter. Il fut un exemple. C’est une grande perte. N’hésitez pas à lire ses livres, ils sont d’une belle richesse... Adieu Isy, tu resteras vivant chez celles et ceux qui t’ont connu.
Jacques Soncin
• Isy a joué un rôle important dans le mouvement révolutionnaire en France. Il était présent et attentif, sans se mettre en avant. Son esprit critique, toujours lucide et attentif, nourrissait ses réflexions approfondies et accompagnait sa présence attentive dans les luttes et les mobilisations.
Gustave Massiah
• Je ne répète pas - mais partage - ce que Pierre Khalfa a rappelé (voir ci-dessus) des parcours et contributions d’Isy. Elles étaient toujours stimulantes, notamment bien sûr, quand on n’était pas d’accord avec lui ! J’ajoute un « détail » ou une « note » - rapportée sans doute de son passage à Cuba : il soutenait (« il y a longtemps... ») notre façon de vouloir innover dans les manifestations de rue en « dansant » nos slogans ! Une pensée solidaire et affectueuse pour toi Samy, pour sa compagne et pour sa fille
Catherine Samary
• Pour ceux qui l’ont connu et ne le sauraient pas encore : décès d’Isy Joshua hier.
La dernière fois que je l’ai vu, il regardait le cortège des obsèques d’Alain...
Norbert Holcblat
• C’est avec tristesse que nous avons appris le décès d’Isaac Johsua. Même si ces dernières années ses problèmes de santé l’obligeaient à un relatif retrait, nous le croisions dans nombre de manifestations, et nous savions que nous pouvions compter sur son intelligence et sa lucidité. Ce fut un honneur pour la revue ContreTemps, et plus anciennement pour Critique communiste, d’accueillir plusieurs de ses contributions, dont l’intérêt ne saurait s’effacer. A ce dernier adieu à Isy, notre camarade, nous joignions nos amicales pensées adressées à ses proches.
Antoine Artous, Francis Sitel
• Une bien triste nouvelle : je me joins à tous ces messages en rajoutant qu’il était aussi un ami chaleureux-intarissable sur de nombreux sujets- lorsque nous allions parfois les voir l’été dans leur maison et jardin du plateau de Sault en Provence. La dernière fois fut l’été 2021 où nous avons encore beaucoup parlé politique, et aussi ri, malgré sa maladie. Il restera inoubliable pour qui l’a connu à Révolution et l’OCT.
Fabienne Lauret
• Tristesse…j’aimais sa façon de se tenir attentif et réservé ..j’aimais sa façon de débattre calme mais ne lâchant rien … j’aimais sa manière de penser… bref je l’appréciais beaucoup
Bénédicte Goussault
• Nous avions partagé une détention, en 1968, au Fort de Gravelle d’abord, à la prison de la Santé ensuite, et une dissolution (celle des JCR), quelque temps de semi-clandestinité, et puis nos relations sont devenues épisodiques quand mes activités (de plus en plus internationales) m’ont éloignées de l’Hexagone. Il n’en est pas moins resté un point de repère, affectif autant que politique. Lui et sa famille. Les Johsua.
Pierre Rousset
• Très jeune adhérent à la Ligue Communiste, en 1969 , j’y ai rapidement rencontré ceux qui animaient la « mino » et qui allaient ensuite fonder Révolution ! Isy était l’un d’entre eux. Infatigable formateur de la jeune génération militante, il nous a accompagnés dans la découverte des éléments essentiels du marxisme. Sous des dehors parfois un peu sévères, il avait la faculté de nous mettre, nous lycéens d’alors, en confiance dans nos activités politiques, dans notre militantisme quotidien. Puis, pendant les dix années de partage d’un engagement dans la même organisation, il a toujours été une référence, un point de repère dans les débats qui nous parcouraient.
Je l’ai vu une dernière fois au printemps 2016. Déjà malade, il avait tenu à se rendre aux obsèques de notre camarade Maya Surduts pour lui rendre un vibrant hommage. Les engagements militants des uns et des autres ont pris bien des voies au cours des décennies passées. Mais ceux qui ont eu le bonheur de côtoyer Créach s’en souviennent.
Hasta siempre compañero.
Antoine Malamoud (Dargel)
Nous exprimons notre solidarité et nos condoléances à son frère Samy, sa compagne Anne-Marie et sa fille Florence.
Salutations chaleureuses
Penny (Quatrième Internationale)
Lors des débuts du NPA , dans ma petite ville d’Apt en Vaucluse, Isaac et Anne-Marie assistaient régulièrement à nos réunions, ils séjournaient ici une bonne partie de l’année, le reste à Paris. Il est arrivé au moins à deux reprises, me semble-t-il, que notre camarade anime des séances portant sur les questions économiques, tout cela sans dogmatisme. Il nous régalait aussi par des chants de la révolution cubaine et par ses traits d’humour. Je le savais souffrant depuis un bon moment et on s’était perdu de vue.
Je me joins à Penny pour transmettre mes condoléances attristées à toute la famille.
J. Paul NPA/Vaucluse et membre de la IV.
Triste fin d’année !
Isaac je l’ai d’abord connu de « prénom » puisque, Marseillais, c’est Samy que je connaissais depuis 1968 ! Lorsque je l’ai rencontré physiquement, j’ai été étonné de nos échanges, nous avions le sentiment de nous connaître depuis très longtemps
Toute mon affection et une pensée particulière pour Florence ..... Lorsque je me suis un peu remis de mon accident de santé, sortant du coma et retrouvant une capacité à pouvoir le faire, c’est son ouvrage que j’ai lu .... Et il m’a tellement inspiré que j’en ai repris des études et continué le combat
Henri SAINT JEAN
Isaac Johsua, « Isy », est un militant de 1968, arrêté cet été là pour « reconstitution de ligue dissoute » en l’occurrence la JCR (Jeunesse communiste révolutionnaire) et détenu quelques temps à la redoute de Gravelle (au bois de Vincennes) avec Alain Krivine et Pierre Rousset. Dominique Grange, la chanteuse d’alors les cite même dans une chanson d’époque (« A bas l’Etat policier ») … Animateur de la tendance minoritaire de la nouvelle Ligue Communiste, Isy (pseudo Creach, un nom trouvé sur une chaussette quand il avait été libéré en 68) avec Henri Maler (Rivière) refuse l’adhésion de la nouvelle organisation à la IVe internationale, et deux ans plus tard participe à la création de l’organisation Révolution ! (Révo pour les intimes) qui fusionnera ensuite avec la tendance Gauche ouvrière et populaire (GOP issue du PSU) pour former l’Organisation communiste des travailleurs. J’ai personnellement participé à toute cette aventure. Avec l’échec de l’OCT, Isy va s’éloigner de l’activité proprement « partidaire », tout en restant engagé (et se rapprochant de la LCR) et poursuivant une activité d’économiste, chercheur et de pédagogue (cf. ses nombreux ouvrages). Tous ceux qui l’ont connu au fil des années ont souligné ses capacité d’analyse, mais aussi d’écoute, de pédagogie, sachant manier l’humour bienveillant. Mais ferme sur ses convictions, pourtant jamais sectaire. Je me souviens comment, dès 1970, il nous avait expliqué comment la révolution cubaine, (il avait passé un certain temps sur l’ile) s’engageait dans une impasse du volontarisme et de l’autoritarisme. Un jour, beaucoup plus tard, suite à une de ses excellentes interventions en tant qu’économiste, faite alors lors d’une journée d’été des Verts, il s’était excusé auprès d’anciens de Révo présents « de l’impasse dans laquelle ils les avait emmenés avec l’échec de l’OCT » … Tu rigoles avions-nous tous répondu, s’il y a eu échec, il fut organisationnel et collectif, mais ce fut aussi l’expérience formatrice de notre jeunesse… nous avons tant appris alors, avec toi et les autres…
Bernard Dreano
Hommage à Isaac Johsua, dit Isy (1939-2022). Isaac Johsua s’est éteint ce 26 décembre. Isaac, que l’on surnommait Isy, ne s’est jamais départi ni de de son humour ni de son attachement au marxisme, profond mais sans fétichisme. Il avait la conviction que la survie d’un capitalisme en crise débouchait inévitablement sur des catastrophes.
Isy était né à Alexandrie, à l’époque encore une ville cosmopolite où coexistaient de façon plus ou moins harmonieuse Égyptiens musulmans ou coptes, Juifs et Grecs. Il aimait évoquer les échanges de pâtisseries au moment des fêtes religieuses des uns et des autres. Sa famille avait été expulsée d’Égypte en 1956 après la nationalisation du canal de Suez et l’agression franco-britannique contre l’Égypte.
Étudiant en France, il adhère alors à l’Union des étudiants communistes, puis au PCF. Cuba semblait encore s’orienter vers un modèle socialiste différent de celui de l’URSS, Il y travailla donc comme économiste et enseignant de 1964 à 1967. De retour à Paris, Isaac Johsua rompt avec le PCF et devient un des responsables de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR). Il participe donc très activement au mouvement de mai-juin 1968. Comme d’autres dirigeants de la JCR, il passa quelque temps en prison pour « reconstitution de ligue dissoute »...
Libéré, il reprend son activité militante à la Ligue communiste qui venait de se créer. Il anime la minorité qui s’oppose à une adhésion à la IVe Internationale, mais marque aussi son opposition à certains points du credo trotskyste de l’époque, notamment sur la nature de l’URSS (« Etat ouvrier »). La rupture avec la Ligue communiste intervient en 1971, et Isy se lance dans la construction de l’organisation communiste Révolution !, qui se développe d’abord rapidement avant d’être emportée par la fin de la période ouverte par 68. Avec d’autres militantEs, Isaac Johsua décide de rejoindre la Ligue communiste révolutionnaire. Il la quittera à la suite des débats qui ont suivi l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan, intervention justifiée dans un premier temps par la IVe Internationale.
Il poursuit ensuite une carrière universitaire sans jamais se désintéresser de l’activité militante, même s’il ne sera plus membre d’aucune organisation politique. Il participera par ailleurs au conseil scientifique d’ATTAC et à la Fondation Copernic (dont il produira la toute première note). Son premier ouvrage se situe dans le prolongement de sa thèse (La Face cachée du Moyen Âge. Les premiers pas du capital). C’est un texte fondamental où il montre comment au sein des pores de la société féodale se développe les prémisses du capitalisme. Isy se consacre ensuite à l’étude des crises du capitalisme, et publie plusieurs articles et livres sur ce thème. Il fut un des premiers à percevoir l’importance de la crise des subprimes : dès l’été 2007, lors d’un exposé à l’université d’été de la LCR, il insistait déjà sur sa gravité et ses répercussions possibles sur l’ensemble du système financier. En 2012, dans La révolution selon Karl Marx, il s’interrogeait sur les failles pouvant exister dans la théorie des fondateurs du marxisme et sur leur conséquences dans les échecs des expériences révolutionnaires. Ces dernières années, bien qu’affaibli, il continuait néanmoins à suivre l’actualité et à écrire des textes sur les Gilets jaunes, sur Trump, etc.
Bien que malade depuis des années, Isy se tenait avec sa femme Anne-Marie le 21 mars dernier sur le trottoir d’une avenue menant au cimetière du père Lachaise, où passait le cortège funèbre d’Alain Krivine.
Isaac Johsua était un intellectuel brillant et un militant de grande valeur. Nous sommes collectivement attristés de cette disparition et avons une pensée pour ses proches, sa femme Anne-Marie, sa fille Florence, et son frère Samuel (dit Samy). Le NPA leur présente ses condoléances et sera présent à l’hommage organisé le lundi 9 janvier au père Lachaise.
NPA, Montreuil le 30 décembre 2022
Quelques mots à la suite du décès d’Isaac Joshua. Naturellement, je connaissais le rôle joué par Isaac Johsua lors des débats de l’année 1968-1969 qui aboutirent à la fondation de la Ligue Communiste. Mais je l’ai surtout rencontré plus longuement en 1979, lors des discussions entre la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire) et les courants 3 et 4 de l’OCT (Organisation Communiste des Travailleurs). Ces réunions tenues à la salle de l’Epicerie (rue de Renard, à Paris) regroupaient plusieurs dizaines de responsables appartenant à chacune des deux organisations : il s’agissait alors de vérifier les convergences existant et, aussi, de lister les divergences maintenues. A l’issue d’un week-end d’échanges chaleureux mais sans concessions, où Isaac jouait un rôle important, nous avons convenu que les divergences qui subsistaient étaient compatibles avec le militantisme au sein d’une organisation commune.
Pour Isaac, la décision d’une fusion « au sein de la LCR » - puisque telle fut la formule retenue – était difficile, d’autant que à cette époque plusieurs des initiatives de la LCR – la tentative de rapprochement avec l’OCI, le « tournant vers l’industrie », puis les errements sur l’invasion soviétique en Afghanistan - étaient alors pour le moins discutables… En même temps, avec lucidité, il était persuadé que la Ligue malgré ses défauts constituait alors le seul cadre où pouvaient être sauvegardés les héritages de Révolution ! et de l’OCT. Une lucidité assez remarquable...
Et que de souvenirs aujourd’hui attristés.
François Coustal