Le dernier bulletin de Santé publique France, publié vendredi, fait état de 125 066 cas détectés vendredi au cours des dernières 24 heures - contre 80 000 sur le même de laps de temps la semaine dernière. C’est le sous-lignage BA.5 d’Omicron, devenu majoritaire, qui porte la responsabilité de cette nouvelle vague.
Au cours de la semaine du 20 au 26 juin, le nombre des nouvelles hospitalisations a grimpé de 19 %, après une hausse de 26 % la semaine précédente. Sur la seule journée de vendredi, quelque 1 206 personnes ont été admises à l’hôpital, contre 912 sept jours plus tôt et 659 deux semaines auparavant.
En tout, 15 496 personnes sont actuellement hospitalisées avec un diagnostic Covid, dont 960 en soins critiques.
Alors qu’elle attend les premières arrivées massives de touristes décollant de métropole, la Guadeloupe retient son souffle. La préfecture a annoncé vendredi que 2 299 nouveaux cas avaient été détectés sur l’île de lundi à jeudi, contre 1 552 sur les quatre premiers jours de la semaine précédente - soit un bond de 48 %.
L’hôpital universitaire de l’île, où 25 % seulement de la population a reçu une triple dose de vaccins, a déployé de premières mesures pour faire face à ce rebond de l’épidémie. Depuis le 15 juin, les urgences n’accueillent plus entre 20 heures et 8 heures du matin les personnes qui ne sont pas passées par le Samu.
Interrogé jeudi par RTL, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique chargé d’éclairer l’exécutif dans la gestion de l’épidémie, a prédit un pic de contaminations pour cette septième vague aux alentours de la fin du mois. Si l’on « regarde ce qui s’est passé l’an dernier où nous avions à la même période la première vague du variant Delta, le pic s’est produit autour de la fin juillet. On attend un peu la même chose pour BA.5 », a-t-il dit.
L’enjeu de la deuxième dose de rappel pour les personnes les plus âgées
Du côté du gouvernement, la consigne reste celle, plutôt floue, fixée par la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne le 28 juin : le port du masque est « recommandé », « dans les lieux de promiscuité » et les « espaces clos », en particulier « les transports en commun ». Alors que la ministre la santé Brigitte Bourguignon est sur le départ après sa défaite aux législatives, le nom de son ou sa successeure doit être connu dans les jours à venir, avant le discours de politique générale d’Élisabeth Borne mercredi 6 juillet devant l’Assemblée.
Les messages officiels se multiplient par ailleurs pour exhorter les personnes les plus âgées à effectuer leur deuxième dose de rappel de vaccin. Aujourd’hui « quasiment six millions de personnes éligibles à la deuxième dose de rappel, c’est-à-dire la quatrième dose, ne l’ont toujours pas reçue », a déclaré ce samedi sur France Info Bruno Megarbane, chef du service de réanimation médicale et toxicologique de l’hôpital parisien Lariboisière. Moins de 30 % des plus de 60 ans avaient reçu leur deuxième piqûre de rappel au 23 juin.
D’après le médecin, il s’agit « essentiellement [de] se préparer à la vague de septembre-octobre », ajoutant que l’essentiel des contaminations touche, ces jours-ci, « les personnes de 30 à 50 ans ». D’après le dernier bulletin de Santé publique France, les taux d’hospitalisation sont néanmoins très élevés chez les 80-89 ans (35,4 pour 100 000 habitants) et les 90 ans et plus (61,8 pour 100 000).
L’Organisation mondiale de la santé avait dit, jeudi, s’attendre à des « niveaux élevés » cet été en Europe. Si l’on observe les compilations réalisées par le site Politico, la France est le pays d’Europe qui connaît, avec la Grèce, le rebond le plus net ces derniers jours. Mais la tendance est globale, avec des hausses manifestes aussi en Allemagne, en Autriche et en Italie. À l’inverse, au Portugal, où le sous-lignage BA.5 d’Omicron avait été détecté très tôt, courant mai, et avait provoqué une poussée des cas, l’intensité de l’épidémie commence à reculer.
Le regain de circulation de l’épidémie a provoqué de premières annulations spectaculaires dans le monde de la culture. Les concerts des Rolling Stones prévus courant juin à Amsterdam aux Pays-Bas, puis à Berne en Suisse, ont été, le premier reporté, le second annulé, après que Mick Jagger, 78 ans, a été testé positif.
Autre groupe musical de premier plan, Metallica a annulé un concert prévu en Suisse le 29 juin, après la contamination, là encore, de l’un de ses membres. Sur les scènes parisiennes, les représentations prévues au théâtre du Châtelet du 18 juin au 2 juillet de l’un des spectacles de Pina Bausch, Barbe-Bleue, ont été annulées, une dizaine des danseurs ayant été testés positifs. La Comédie-Française a aussi annulé deux représentations de Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres, ce vendredi et samedi. C’est dans ce contexte délicat que doit s’ouvrir, le 7 juillet, le festival d’Avignon.
La rédaction de Mediapart