MARCHES ALTERMONDIALISTES
En route pour Rostock
Dominique Mezzi
À Paris et Genève, la journée du 19 mai a été le prologue au départ des marches militantes vers le sommet du G8 à Rostock, où une grande manifestation internationale, le 2 juin, devrait réunir plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Les marches ne sont pas la répétition ou la continuation des marches européennes de chômeurs, qui avaient convergé vers le sommet européen d’Amsterdam en juin 1997, il y a dix ans. Elles visent à donner au rassemblement anti-G8, au-delà de la protestation contre les riches de ce monde, leur logique de guerre ou d’asservissement des peuples, une dimension sociale globale, contre le chômage, pour les droits des sans-papiers, pour le droit au logement, à la protection sociale, aux services publics, mais aussi « à la terre », « à la santé gratuite et de qualité » (extraits de l’appel européen).
En France, l’initiative est organisée par le réseau de Convergence des mouvements sociaux (AC !, Apeis, Attac, Confédération paysanne, DAL, Marche mondiale des femmes, MNCP, Solidaires...), auquel se joignent des représentants de mouvements brésiliens, japonais, portugais, africains (FSM de Nairobi), etc. En Suisse, une autre marche est structurée par des organisations altermondialistes, antiracistes, écologistes, politiques (SolidaritéS, PS du canton de Vaud, SSP Genève...). Ces mouvements, rejoints par des mouvements sociaux venus du nord de l’Europe et de l’Est (Pologne, Bratislava), convergeront à Rostock. En Allemagne, une marche associant des chômeurs et des réfugiés accueillera les marcheurs de l’Ouest, le 26 mai, à Cologne. En Allemagne et en Belgique, les organisations syndicales DGB, Verdi (services) et FGTB appellent localement à renforcer ces initiatives.
En France, le 19 mai, la tête de pont des 40 marcheurs qui sont partis en caravane vers Arras, le 21 mai, après plusieurs initiatives anti-G8 (Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes) a co-animé plusieurs actions en Seine-Saint-Denis et à Paris. Une marche dans les quartiers populaires de Saint-Denis, avec la coordination des sans-papiers du 93, a débouché sur une assemblée à la mairie d’Aubervilliers, en présence d’une centaine de personnes et d’élus. Ensuite, le cortège s’est dirigé vers la mairie du 2e arrondissement de Paris, avec un accueil du forum social local et un rassemblement place de la Bourse, où se sont retrouvées 500 personnes, non loin du ministère de la Crise du logement (24, rue de la Banque), inauguré par le DAL pendant les mobilisations de la fin 2006.
L’arrivée de la caravane était prévue à Lille le 22 mai, à Charleroi (Belgique) le 23 mai, avec accueil pris en charge par la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB). Des actions étaient prévues avec des SDF. Le 24 mai, la caravane devait arriver à Bruxelles : une délégation demandera à être reçue par la Commission européenne. Le 26 mai, la jonction avec les marcheurs d’Allemagne s’effectuera à Cologne. Le 2 juin, aura lieu la grande manifestation contre le G8. « Nous ferons 1 800 kilomètres, faites en quelques-uns pour nous rencontrer », invitent les marcheurs.
CONTRE LE SOMMET DU G8
La mobilisation s’organise
Léonce Aguirre
Contre le prochain sommet du G8, qui se réunit du 6 au 8 juin à Heiligendamm, petite station balnéaire sur la Baltique, la mobilisation des altermondialistes prend de l’ampleur et se heurte à une forte répression des autorités allemandes.
Officiellement, les deux points à l’ordre du jour de ce 32e sommet des chefs d’État des huit pays les plus puissants du monde sont la lutte contre le réchauffement climatique et la pauvreté en Afrique. Cela donnera lieu à des déclarations de bonnes intentions, qui ne seront suivies d’aucun effet. Voilà pour les médias. Mais l’agenda officiel complet comporte des questions comme la réduction des déséquilibres mondiaux, la liberté d’investissement dans les pays industrialisés et émergents, ou le renforcement des droits de propriété intellectuelle et des brevets qui sont essentiels pour assurer la domination des puissances occidentales sur la planète.
Face à cette nouvelle réunion des puissants qui veulent régenter le monde, le mouvement altermondialiste a décidé d’en faire une échéance européenne majeure de mobilisation du 2 au 8 juin. Confrontée à une mobilisation croissante en Allemagne, Angela Merkel a enclenché une vague de répression contre les structures militantes anti-G8. Le Bundeskriminalant (BKA), l’équivalent de la DST en France, a perquisitionné, le 9 mai, à Berlin, Hambourg et Brême, plusieurs bureaux et locaux de la gauche alternative, une attention particulière étant portée au serveur alternatif SO36.net, dont le contenu des boîtes mails, des listes de discussion et des sites Web hébergés a été copié.
Ces perquisitions ont été effectuées en s’appuyant sur l’article 129-a du code pénal allemand (formation d’une organisation terroriste), qui donne les pleins pouvoirs au BKA. Et comme Berlusconi l’avait fait en Italie lors de la tenue du G8 à Gênes, les autorités allemandes tentent de créer un climat d’insécurité, en parlant « d’une armée du chaos » censée débarquer à Rostock-Heiligendamm, justifiant ainsi préventivement des interventions des forces de police. Les accords de Schengen seront suspendus, ce qui permettra une fermeture des frontières. Les mesures de sécurité prennent des dimensions invraisemblables : près de 20 000 policiers mobilisés, des hélicoptères, des radars, un filet de sécurité installé en mer Baltique à 500 mètres au large de Heiligendamm, un croiseur américain, une clôture au sol de 12 kilomètres de long autour de la ville... Mais ces mesures ne pourront empêcher l’immense mobilisation qui se prépare et qui, une nouvelle fois, mettra en lumière qu’un autre monde, autre que celui que prépare le G8, est possible.
En route contre le G8
Environ 400 personnes ont défilé à Genève, samedi 19 mai, dans le cadre des « marches européennes contre la précarisation de nos vies et de nos emplois ». Lors du dernier Forum social européen d’Athènes, en 2006, plusieurs organisations et réseaux de lutte avaient décidé d’organiser, deux semaines avant le sommet du G8, qui se déroulera du 6 au 8 juin 2007 à Heiligendamm en Allemagne, des marches, afin de « rendre visible cette Europe que les grands de ce monde veulent ignorer et cacher, celle du chômage et de la précarité ».
Une délégation de la LCR a participé à cette manifestation, où les syndicalistes suisses de l’Unia, nos camarades de SolidaritéS et des militants d’Attac Genève étaient les plus remarqués. Le siège de l’OMC a été choisi comme point d’arrivée du défilé, afin de souligner le lien entre la marchandisation du monde et le chômage de masse.
Les marches vont se poursuivre vers le nord de l’Europe afin de converger, samedi 2 juin, à Rostock, à proximité du sommet du G8, pour une grande manifestation. Un véritable contre-sommet s’organisera alors jusqu’au 8 juin avec des débats, des manifestations et des opérations de blocage en présence d’une multitude de syndicats, d’associations et d’organisations politiques de gauche. La précarité sera l’un des principaux thèmes, mais le contre-sommet du G8 sera aussi un point de convergence des mouvements antiracistes et antiguerre.
Europe Solidaire Sans Frontières


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