PARIS (Reuters) - Les relations du président Nicolas Sarkozy avec les médias
inquiète syndicats, partis politiques de gauche et ONG dont certains dénoncent
des « pratiques berlusconiennes » qui menacent la liberté de la presse.
Laurent Solly, ancien directeur adjoint de la campagne du chef de l’Etat, a
rejoint mercredi le groupe Bouygues et sera nommé « en temps voulu » à la
direction générale de TF1, la première chaîne de télévision française avec une
part d’audience de 31,6% en 2006.
Cette nomination intervient après l’arrivée à l’Elysée et à Matignon de deux
journalistes, l’une venant du Point et l’autre du Figaro.
La CGT a dénoncé « le cynisme absolu » du chef de l’Etat et déploré une "démarche
scandaleuse quelques jours seulement après son élection. "Le geste est culotté
et violent", a dit à Reuters Jean-François Pujol, secrétaire général adjoint de
la CGT-Culture qui dit craindre « pour la démocratie ».
De son côté, la CFDT de la Communication et de la Culture a parlé d’"une
nouvelle ère étouffante" pour l’information. Son secrétaire général adjoint
Philippe Debruyne prévient qu’« il ne faudra pas se laisser faire ».
« L’affaire Solly est particulière, caricaturale et exacerbée », a-t-il dit à
Reuters, dénonçant "toutes ces amitiés qui se font désormais d’une manière
totalement décomplexée et au grand jour« . »Tout est permis, il n’y a plus à se
cacher".
Robert Ménard, président de Reporters sans Frontières (RSF) a appelé les
journalistes à « la vigilance » et à « résister aux pressions ».
Nicolas Sarkozy "n’est pas le premier politique à être interventionniste. Ils le
sont en général beaucoup. Mais lui, il l’est de façon plus ouverte, plus
évidente", a-t-il dit à Reuters.
RSF APPELE LES JOURNALISTES A LA VIGILANCE
"Les pressions (..) il y en a toujours eu, mais Nicolas Sarkozy en exerce
manifestement plus que d’autres. A nous de résister !", a dit le président de
RSF.
Il a insisté sur ses « liens tellement proches avec un certain nombre de médias »,
citant Arnaud Lagardère, président du groupe du même nom.
Premier éditeur de magazines au monde avec notamment Paris Match et Elle, le
groupe contrôle également la radio Europe 1.
Ami proche du chef de l’Etat, Arnaud Lagardère l’avait présenté, lors d’un
séminaire des cadres du groupe Hachette à Deauville en avril 2005, comme "un
frère".
Le constructeur Martin Bouygues, P-DG du groupe Bouygues qui comprend TF1 a été
l’un des témoins de mariage de Nicolas et Cécilia Sarkozy. Il est le parrain de
leur fils Louis.
L’autre témoin de mariage était Bernard Arnault, président du numéro un mondial
du luxe LVMH et propriétaire du quotidien économique La Tribune.
Mercredi, le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a dénoncé
une « relation consanguine » avec certains groupes de presse, stigmatisant
lui-aussi le groupe Lagardère.
La veille, son parti avait déploré une « collusion complètement indécente » et "un
mélange des genres".
Pour la Ligue communiste révolutionnaire c’est « un danger » pour la démocratie.
Dans un communiqué, la LCR condamne des "pratiques berlusconiennes qui mettent
en danger la liberté de la presse et l’indépendance des médias".
Reuters, mercredi 23 mai 18:11
Communiqué de la Ligue communiste révolutionnaire
Un fidèle de Sarkozy à TF1 : choquant
Laurent Solly ne chôme pas. A peine finie la campagne présidentielle comme directeur de campagne adjoint de N.Sarkozy, le voilà propulsé à la direction de TF1.
Ce qui est choquant en la matière et dangereux pour la démocratie c’est l’incursion du nouveau président de la république dans le fonctionnement de la presse et le recrutement de ses personnels. Laurent Solly chez Martin Bouygues, c’est sans doute un petit service rendu entre amis !
La LCR condamne ces pratiques berlusconiennes qui mettent en danger la liberté de la presse et l’indépendance des médias à l’égard du pouvoir politique.
Le 23 mai 2007.