Au moment où des pluies incessantes se sont abattues sur le pays, durant le premier week-end de janvier, Faizal Mohamad, ingénieur de 40 ans vivant à Kuala Lumpur, s’est précipité dans la maison de ses parents à Malacca, écrit The Straits Times. Ses parents vivent à proximité de la rivière Malacca. Il décrit la situation au quotidien de Singapour :
“Nous avons déplacé mes parents dans la maison de ma sœur, au cas où le niveau de la rivière monterait. Nous avons également rassemblé tous les meubles et amené des briques pour construire un mur pour éviter que l’eau n’entre dans la maison.”
Les Malaisiens vivant dans des zones affectées par les pluies torrentielles des derniers jours sont inquiets, alors que le pays est frappé par des inondations violentes depuis plus de deux semaines, poursuit le quotidien. “Ils se préparent au pire alors que plus de 14 000 personnes ont dû être évacuées dans six États (Johor, Malacca, Selangor, Pahang, Negeri Sembilan et Sabah)” ces dernières heures.
Depuis la mi-décembre, 51 personnes ont péri dans les inondations. À Selangor, les opérations de nettoyage sont toujours en cours plus de deux semaines après le passage d’une dépression tropicale, précise le journal.
Incurie politique
Dans la presse malaisienne, l’incurie politique et un développement urbain anarchique sont pointés du doigt. Ainsi, dans un commentaire publié sur le site Malaysiakini, R. Nadeswaran rappelle que la région de Klang Valley, une zone urbanisée située autour de Kuala Lumpur, était encore dans les années 1970 couverte de forêts. Il décrit son état actuel :
“Aujourd’hui, à l’exception de quelques arbres d’ornement, la région est devenue une jungle de béton avec des lotissements remplaçant des plantations.”
Le commentateur dénonce le peu de coordination entre les différents niveaux de gouvernement, national et local, dans le développement et la planification. “Le résultat est la catastrophe à laquelle nous assistons depuis plus de deux semaines.” Une catastrophe, insiste-t-il, d’une ampleur incroyable.
Quelqu’un avait-il anticipé la nécessité d’adapter les infrastructures avant de changer la destination de ces terrains et leur développement à une telle échelle ? Qui, au niveau local, s’est intéressé à l’évacuation des eaux usées ?
Secours paralysés
Au moment de l’urbanisation, aucune mesure n’a été prise pour éviter l’engorgement des cours d’eau. Ainsi, il n’est pas surprenant que, chaque année, des sommes énormes doivent être dépensées pour éliminer 12 millions de tonnes de sédiments à l’embouchure de la rivière Klang afin de la rendre navigable jusqu’à Port Kelang, poursuit R. Nadeswaran.
Pour le New Straits Times, les ratés “dans la chaîne de commande” des autorités de secours sont déplorables. Le personnel était prêt à agir, “mais il n’a pas pu intervenir rapidement car l’agence chargée de coordonner les actions ne savait pas quel était son rôle”.
Le quotidien malaisien voit tout de même une note positive dans cette catastrophe. “La seule bonne nouvelle est de voir que les citoyens ordinaires étaient en première ligne pour aider leurs pairs.”
Courrier International
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