La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement Macron aura été en tout point désastreuse, et marquée par le mensonge, le mépris et l’autoritarisme. Elle n’a fait qu’attiser la misère sociale, la colère mais également les suspicions quant à la gestion des politiques de santé publique. Elle a largement favorisé et alimenté les théories complotistes, au sein desquelles les théories antisémites jouent un rôle central.
Les Juifs désignés comme responsables et bénéficiaires de la crise
Dans les mobilisations contre le pass sanitaire se sont ainsi diffusés les amalgames, les sous-entendus antisémites et les références les plus confuses. S’ils ne résument pas l’ensemble des mobilisations et des mots d’ordre qui y sont portés, qui traduisent parfois des préoccupations légitimes face à l’autoritarisme macronien, ils ne sont pas non plus de simples épiphénomènes. On a ainsi vu fleurir les étoiles jaunes de « non vaccinés », des slogans dénonçant le « pass nazitaire » ou reprenant le logo de la Waffen SS… Une assimilation donc, entre le pouvoir actuel et le régime génocidaire nazi, mais aussi entre les non vaccinés et les Juifs discriminés et massacrés au cours des années 1930 en Europe.
En outre, on a pu y trouver de nombreuses références aux Juifs comme à la fois responsables et grands bénéficiaires de cette crise. Des pancartes parlent de « génocide des non Juifs », les « Mais qui ? Qui ? [est responsable] » ciblent implicitement, mais ouvertement les Juifs, des listes avec Rotschild et d’autres noms supposés juifs, liés au pouvoir politique ou économique, sont élaborées et affichées à destination de « ceux qui savent »… notamment chez ceux qui défilent derrière Philippot ou au côté de certains groupes néonazis.
C’est un vieux procédé de l’extrême droite : sous-entendre sans « nommer ». Et nous voilà revenus au références séculaires de l’antisémitisme à la française, quand les Juifs étaient accusés d’empoisonner les puits durant la grande peste noire. Depuis ce temps-là, avec entre autres le tristement célèbre mensonge du prétendu « Protocole des sages de Sion », les Juifs sont toujours suspectés d’organiser des complots pour le pouvoir, sont identifiés comme communauté extérieure à « la nation » et ennemi intérieur. Ainsi, et n’en déplaise à ceux qui font semblant de le découvrir, l’antisémitisme n’a jamais disparu en France, pas même sous ses formes les plus éculées. Mais il y avait longtemps que l’on ne l’avait pas vu aussi décomplexé et présent dans l’espace public et pire… dans les manifestations.
Les responsabilités de l’extrême droite… et du gouvernement
Dans ce contexte, on pourrait presque trouver que le Rassemblement national de Marine Le Pen se fait « discret ». Et il aurait tort de ne pas le faire… tant toute la classe politique semble travailler à la diffusion de ses idées racistes. Mais cette situation est aussi de la responsabilité du gouvernement, qui a pu se réjouir de trouver dans ces démonstrations de haine le moyen de pouvoir discréditer toute opposition à sa gestion autoritaire lamentable de la crise. Il y a rapidement trouvé un moyen de faire taire toutes les voix qui exigent et revendiquent une autre politique : l’investissement massif de moyens humains et financiers dans la santé, la levée des brevets, la réquisition des entreprises… Mais ce président et son gouvernement feraient bien, pour être un tant soit peu crédibles sur cette question, de balayer devant leur porte : Macron est celui qui rend hommage à Pétain ou à Maurras, qui soutient son ministre de l’Intérieur lorsque dernier évoque l’histoire des Juifs de France à travers les clichés antisémites les plus éculés, écrivant qu’ils « pratiquaient l’usure et faisaient naître troubles et réclamations ».
Les grands médias ne sont pas en reste dans cette atmosphère étouffante, tant ils sont appliqués à donner la parole à longueur de journée à tous les antisémites, islamophobes et racistes qui la demandent. L’interview délirante de l’ex-général Delawarde sur Cnews (d’où vient le « Mais qui ? ») est à cet égard tristement exemplaire. Et on a vu également se succéder les militants du RN ou les éditorialistes d’extrême droite dont la version « acceptable » de la dénonciation du complot viral juif passait par une mise en cause de « la gestion de la crise sanitaire à l’israélienne ». Sans parler évidemment du bruyant Zemmour, lui aussi admirateur de Maurras et grand défenseur de « Pétain, sauveur des Juifs de France ».
Combattre sans ambiguïté toute forme d’antisémitisme
Cette montée de l’extrême droite et la diffusion de ses idées ont des conséquences très concrètes pour notre classe sociale, jusque dans la rue. Contre l’offensive antisémite il faut plus que jamais s’organiser, ne rien laisser passer. La lutte contre l’antisémitisme et contre tous les racismes ne doit surtout pas connaitre de répit dans cette période d’accélération politique. Les idées réactionnaires se diffusent, sont reprises bien au-delà de l’extrême droite : il est indispensable de les combattre partout ou nous sommes et dans toutes leurs formes, même les plus apparement insignifiantes. Mais nous ne devons pas oublier de nous attaquer également à leur source la plus active, l’extrême droite et tous ses relais, y compris dans les organisations et médias prétendument « républicains », et à prendre nos responsabilités pour ne pas laisser la rue aux antisémites, d’où qu’ils viennent.
Nous serons de toutes les mobilisations qui iront dans ce sens et construirons les cadres politiques qui permettront de lutter contre l’antisémitisme, l’islamophobie et tous les racismes. Le NPA sera présent au rassemblement organisé le dimanche 19 septembre, 16h place Baudoyer à Paris (métro Hôtel de Ville).
Manon Boltansky, Julien Salingue