La peur s’empare du Bangladesh. Alors qu’elle s’était reconfinée fin juin contre l’épidémie de Covid-19, la république populaire dirigée par Sheikh Hasina a levé les restrictions de sortie et de déplacement entre le 16 et le 23 juillet. Cela devait permettre à la population de célébrer normalement l’Aïd El-Kébir, l’une des plus grandes fêtes religieuses de l’année. Mais “les experts de la santé craignent maintenant que la situation sanitaire ne se détériore et ne devienne hors de contrôle au cours des prochaines semaines”, indique The Diplomat.
“Avec la troisième vague qui déferle sur le Bangladesh, le pays a enregistré en moyenne 12 000 cas et 200 morts par jour en juillet.” Le 12 juillet, veille de l’annonce par le gouvernement de la levée du confinement pendant une semaine, un record de nouveaux cas avait été enregistré – 13 768 contaminations en vingt-quatre heures, selon le comptage de l’université Johns Hopkins. “Les autorités ont néanmoins assoupli les restrictions pour permettre à la population de faire des achats et de se rendre dans les villages, et ont autorisé l’ouverture des marchés aux bestiaux pour vendre les animaux sacrifiés destinés à être abattus le jour de l’Aïd”, s’étonne la revue américaine.
“Le confinement est devenu une plaisanterie”
D’après le ministre des Postes et Télécommunications, le suivi des cartes SIM utilisées par la population montre que “plus de 10 millions de personnes ont quitté [la capitale] Dacca” pour rejoindre leur famille à la campagne. Inversement, un jour seulement après l’Aïd, lorsque le confinement a fait son retour, “près d’un demi-million de personnes se sont empressées de rentrer à Dacca”. Les jours suivants, plus de 9 millions devaient également regagner la ville.
Dans l’intervalle, les Bangladais ont profité de leur liberté retrouvée et “ont cessé de respecter les précautions d’usage, un grand nombre d’entre eux ayant même cessé de porter un masque”, indique le docteur Mohammad Shahidullah, président du Comité consultatif technique national. Ce scientifique est très inquiet, sachant que 80 % des contaminations sont actuellement dues au variant Delta du coronavirus, réputé beaucoup plus contagieux. “La courbe de l’épidémie était supposée redescendre fin juillet, mais si ce n’est pas le cas on sait déjà que c’est la semaine de suspension du confinement qui en sera responsable”, dit-il.
Depuis le 24 juillet du reste, les statistiques frémissent. En trois jours, le nombre de nouveaux cas quotidiens est passé d’environ 6 000 à plus de 15 000. “Au Bangladesh, le confinement est devenu une plaisanterie. Nous imposons et retirons les mesures de confinement au hasard, selon notre bon vouloir”, déplore le docteur Abu Jamil Faisel, expert en santé publique. Le pays risque de payer ce flottement au prix fort.
Masum Billah
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