Avec le coup d’État du 1er février, la Birmanie a replongé dans ses heures les plus sombres. Au figuré, avec l’éviction d’Aung San Suu Kyi et le retour d’une junte militaire au pouvoir, mais aussi au propre avec un nombre incalculable de coupures de courant.
Une tendance amplifiée, raconte Nikkei Asia, par le mouvement de désobéissance civile lancé au lendemain du coup d’État. Les Birmans redoublent d’imagination depuis lors pour tenter de fragiliser le pouvoir des militaires. Parmi les initiatives, “le refus de payer ses factures d’électricité”, explique le magazine japonais.
“Les revenus du ministère de l’Électricité et de l’Énergie (MOEE) ont ainsi chuté de plus de 90 % depuis le 1er février en comparaison avec la même période l’an dernier, selon des données internes consultées par ‘Nikkei Asia’.”
En conséquence, les coupures de courant se multiplient, en particulier dans les zones urbaines. Cette absence de régularité “fait peser davantage de pression sur un système de santé public en piteux état, au moment où une troisième vague de Covid-19 se déchaîne”.
Chaque jour, ce sont 6 000 nouveaux cas qui sont officiellement enregistrés (même si, en raison des faibles capacités de test, les chiffres sont certainement bien supérieurs). Les structures hospitalières sont saturées, et trouver de l’oxygène est devenu mission impossible. À ce jour, on déplore au moins 6 000 morts liées à la pandémie, une majorité d’entre eux depuis la mi-juin.
Soignants arrêtés
“Les hôpitaux d’État, les plus nombreuses des infrastructures médicales du pays, ne sont pas été épargnés” par ces coupures d’électricité, reprend Nikkei Asia.
“Ils dépendent des générateurs à un moment où les prix du carburant continuent de grimper.”
Au sein du ministère même, les choses se compliquent. D’abord parce que plusieurs réformes dans le secteur de l’énergie sont à l’arrêt depuis le coup d’État. Et aussi parce qu’au moins 4 058 de ses 50 000 fonctionnaires ont démissionné ou ont été limogés pour avoir pris part au mouvement de désobéissance civile, est-il écrit dans un rapport rédigé par les Économistes indépendants du Myanmar (IEM), cité par Nikkei Asia. Selon ce document, les coupures “risquent de devenir plus fréquentes et plus longues”.
En dépit de ces perspectives inquiétantes et d’une épidémie de plus en plus incontrôlable, “le régime militaire n’a jusqu’à maintenant montré aucune volonté de compromis avec les soignants opposés au coup d’État”, écrit le magazine japonais. Il refuse ainsi de libérer les médecins emprisonnés. Et s’en prend même à des soignants grévistes qui prodiguent en douce des soins à des malades. Cinq d’entre eux ont ainsi été arrêtés après être tombés dans un piège tendu par des policiers.
Nikkei Asia
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