Rayner fut élevé à Cardiff, au Pays de Galles. Puis il fit ses études universitaires au Trinity College de Dublin.
Il fut un temps membre du Parti Travailliste irlandais, mais se tourna peu à peu, dès 1967, vers le trotskysme et la Quatrième Internationale.
Dans les petits groupes radicalisés qui émergeaient alors, il mena inlassablement une guerre idéologique, principalement sur la place de la question nationale en Irlande. Il écrivit beaucoup à ce sujet, parfois sous le pseudonyme de Robert Dorn, des textes qui restent d’une grande qualité, et aussi d’une grande actualité à l’heure ou le loyalisme d’extrême-droite – massivement soutenu par les travailleurs protestants d’Irlande du Nord – est entré dans en crise grave, mais qui peut rapidement devenir violente.
Un de ses camarades de Belfast écrit aujourd’hui à ce sujet : « Rayner avait un défaut majeur : c’était quelqu’un qui vivait dans les idées, et était totalement incapable de s’occuper de la publication de ses écrits, de travailler avec des universitaires. Le résultat fut que beaucoup de ses travaux lui furent volés par eux, puis réfutés par les mêmes quand une vague de révisionnisme historique s’empara de l’Irlande. Il n’eut jamais la reconnaissance qui accompagne généralement ce type de travaux ».
Dans sa petit maison de Clanawley Road, dans la banlieue nord de Dublin, Rayner accueillait des militants du monde entier, il y avait parfois une tente de camping dans son minuscule bout de jardin. Tous ont souvenir des nuits passées à discuter de l’histoire de l’Irlande, de la période révolutionnaire 1913-1923, de la question nationale, des comparaisons sans fin avec la Palestine, l’Algérie ou Chypre, des rapports entre l’extrême-gauche irlandaise – quelques dizaines de membres – et le mouvement Républicain (IRA).
Rayner n’était pas un grand organisateur – une militante nous disait : « le problème, c’est qu’il dort le jour et écrit la nuit » – mais il fut néanmoins pendant 50 ans le fil à plomb idéologique du trotskysme irlandais qui, largement dominé en nombre par le courant républicain du Sinn Fein et de l’IRA, n’a jamais réussi à s’imposer.
La dernière publication de Rayner fut la traduction en gaélique du Programme de Transition.
G.-A.
Couverture du Programme de transition en gaélique irlandais, traduit par Daniel Rayner O’Connor Lysaght.