Lors de la publication de l’immonde « fiction », l’indignation s’était rapidement, et légitimement, emparée des réseaux sociaux. Nous avions alors exprimé toute notre solidarité avec notre camarade Danièle Obono, et tout notre mépris, pour ne pas dire notre dégoût, face aux ignominies publiées par Valeurs actuelles.
« Satire politique » ?
À l’occasion du procès, les responsables de Valeurs actuelles et leur avocat ont expliqué qu’il s’agissait d’une simple « satire politique », minimisant à outrance le caractère raciste de la publication. L’auteur de la fiction a ainsi expliqué que « ce n’est pas pour sa couleur de peau que Mme Obono a été choisie », mais en raison de ses idées politiques et notamment de son « idéologie racialiste et indigéniste ». Une petite musique désagréable mais désormais bien connue, par laquelle les idéologues d’extrême droite et de droite extrême tentent de justifier toutes leurs saillies racistes par des références à la « liberté d’expression » et au « débat d’idées ».
Quoi que l’on pense des lois pénalisant les propos racistes, force est de constater que la défense de Valeurs actuelles s’inscrit dans une démarche plus globale de banalisation des idéologies les plus réactionnaires et de légitimation, dans le débat public, d’idées qui n’y auraient pas eu leur place il y a encore quelques années. Une dynamique qui participe de la « normalisation » du Rassemblement national et de son programme raciste, et qui en dit plus long sur les évolutions du champ politique que sur celles – supposées – du RN.
Valeurs actuelles … et les autres
Ce n’est pas la première fois que Danièle est ciblée par les réactionnaires et les racistes, et le moins que l’on puisse dire est que nombreux sont ceux qui ont pavé la voie à Valeurs actuelles, responsables politiques, éditorialistes, qui ne supportent pas qu’une femme noire occupe un espace politique et médiatique pour y défendre ses convictions.
Ce n’est pas non plus la première fois que le torchon Valeurs actuelles a recours à l’outrance raciste. On se souviendra ainsi, par exemple, que l’hebdomadaire a été condamné en 2015 pour « incitation à la haine » suite à un dossier intitulé « Roms, l’overdose ».
Ce qui n’empêche pas nombre de « grands médias », au premier rang desquels les chaînes d’info en continu, d’inviter régulièrement des « éditorialistes » de Valeurs actuelles pour commenter l’actualité, contribuant à légitimer et normaliser les positions réactionnaires et racistes de l’hebdomadaire. Et ce qui n’a pas empêché Emmanuel Macron d’accorder une interview à ce torchon en octobre 2019, dans laquelle il affirmait qu’il s’agissait d’un « très bon journal ».
Et l’on n’oubliera pas que Philippe Val, ex-parton de Charlie Hebdo et de France Inter a cru bon de venir, lors du procès, défendre Valeurs actuelles, affirmant qu’il n’avait « jamais lu d’articles qui relèvent du racisme ou du mépris de l’autre en raison de l’origine » dans l’hebdomadaire.
Le jugement a été mis en délibéré et le tribunal fera connaître sa décision le 29 septembre.
Julien Salingue