L’Inde n’est pas la seule à se refermer en Asie du Sud. Lundi 12 avril, son voisin le Bangladesh a annoncé son reconfinement pour une semaine. “L’administration ferme, ainsi que les banques, tandis que de nouvelles restrictions s’imposent pour ce qui est des déplacements de la population, dans le but de mieux affronter la reprise de l’épidémie de Covid-19”, indique New Age.
Les mesures doivent entrer en vigueur mercredi 14 avril, premier jour de ramadan dans la république populaire à 90 % musulmane. Le pays détecte actuellement plus de 7 000 contaminations par jour, et a dénombré au total près de 700 000 cas depuis le début de la pandémie, tandis que près de 10 000 morts sont maintenant à déplorer.
Fuite vers les campagnes
“Des premières mesures avaient été prises le 5 avril au sujet des déplacements publics et des entreprises, mais elles sont restées lettre morte : de plus en plus de gens continuaient de sortir de chez eux, beaucoup faisaient leurs courses sur des marchés encombrés, malgré les risques élevés d’infection”, rapporte le journal.
Lundi, pris par les préparatifs du mois de jeûne, “des centaines de personnes ont envahi les principales autoroutes et voies navigables du pays, violant ainsi les normes de distanciation physique”. Cette situation anxiogène provoque “un exode massif”, observe le Business Standard, en poussant les travailleurs employés dans les grandes villes à retourner dans leurs campagnes, comme en Inde :
“Un grand nombre de personnes à faibles revenus fuient la capitale, Dacca, car le confinement strict de sept jours leur fait craindre de se retrouver à nouveau au chômage.”
En dépit de la pénurie de moyens de transport et malgré les appels à la distanciation physique et au respect des règles d’hygiène, “les gens essayant de quitter la ville ont pris d’assaut les gares routières” dans la nuit de lundi à mardi. La situation “ne cesse de se détériorer d’heure en heure”, car les autobus longue distance ont déjà interdiction de circuler. Beaucoup de familles “ont été vues en train de voyager dans des camions et des fourgons, ou à moto, après avoir payé une somme énorme”.
“Aucune justification scientifique”
En 2020, rappelle le quotidien, le Bangladesh avait annoncé initialement un confinement de dix jours, le 26 mars, “mais celui-ci avait été prolongé et avait finalement duré soixante-six jours”.
Dans une longue analyse publiée par The Observer, le rédacteur en chef de la Mohammadi News Agency, Mir Mosharref Hossain Pakbir, juge ce reconfinement inapproprié :
“Le gouvernement referme le pays pour sept jours dans le but de stopper la transmission du virus. Cela n’a aucune justification scientifique, car il faut au moins de quatorze à vingt et un jours de confinement pour obtenir l’effet escompté.”
Cette méthode n’est donc selon lui pas la bonne, “compte tenu de la structure de l’économie” du Bangladesh. En outre, bien que la vaccination ait commencé, le journalisme estime qu’il faudra “au moins deux à trois ans” pour vacciner l’ensemble de la population, et que la seule solution pour contenir l’épidémie est de “sensibiliser les gens au port obligatoire du masque, d’augmenter la capacité de test et d’isoler correctement les patients atteints du Covid-19”.
Guillaume Delacroix
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