C’est avec une profonde préoccupation que le Collectif #FreeKouchi Paris a appris la décision de Soulaiman Raissouni d’entrer en grève de la faim à compter du 8 avril 2021, suivie ce 9 avril de l’information qu’il entrait en grève totale de la faim et de la soif, puis de la décision prise ce 9 avril également par Omar Radi d’entamer à son tour une grève de la faim.
Quelles sont les raisons qui ont pu pousser ces deux jeunes journalistes, actuellement en détention provisoire en attente de jugement, depuis 326 jours pour Soulaiman Raissouni et depuis 257 jours pour Omar Radi ?
La première raison est qu’ils clament tous les deux leur innocence des charges qui leur sont imputées et se voient condamnés de facto à de longs mois de prison, quel que soit le jugement qui sera finalement rendu, et ce alors que dans les deux cas, le maintien en détention provisoire ne se justifie nullement. Les ajournements des séances se multiplient sans qu’ils voient arriver le jour où leur procès débutera réellement et les demandes de mise en liberté provisoire sont systématiquement rejetées. Rappelons que dans le cas de l’historien et journaliste Maati Monjib, ces ajournements ont duré 5 ans. Ils ont donc toutes les raisons d’être inquiets.
La deuxième raison est qu’ils sont depuis le jour de leur détention condamnés à l’isolement 24h/24h, y compris durant leur promenade. Emprisonnés dans la même prison, ils n’ont même pas la possibilité de se voir.
La troisième raison est qu’ils sont victimes, eux et dans le cas de Soulaiman Raissouni, sa famille, d’intenses campagnes de diffamation, de dénigrement voire de menaces, de la part d’une presse aux ordres.
Nous comprenons leurs raisons et tenons à apporter aux deux prisonniers notre soutien fraternel et militant. Mais nous sommes inquiets. Soulaiman souffre d’hypertension et la décision de grève totale qu’il a prise indique l’état de désespoir dans lequel il se trouve. Quant à Omar Radi, il est de santé fragile. Il est asthmatique et souffre de la maladie de Crohn, maladie chronique qui s’est aggravée du fait de l’emprisonnement et a provoqué son transfert en début de semaine à l’hôpital où il a été examiné menotté et gardé par des policiers !
Précédant Omar Radi et Soulaiman Raïssouni dans a grève de la faim, Chafik Omerani, ingénieur et youtubeur maroco-américain, arrêté à son arrivée au Maroc, à l’aéroport de Rabat-Salé le 6 février dernier, et condamné le 25 mars, en première instance, à 3 mois d’emprisonnement et à une amende de 40 000 dirhams (environ 3750 euros) pour son « implication dans des actes à caractère criminel en publiant des vidéos portant outrage à des corps constitués et des fonctionnaires ».
Il est depuis le 6 février en grève de la faim. Le 6 avril dernier, il a dû être hospitalisé en unité de soins intensifs avant d’être replacé le 8 avril à la prison de Oukacha, à Casablanca.
Aussi nous tenons ici à réitérer notre exigence de mise en liberté immédiate des trois prisonniers d’opinion en grève de la faim à la prison de Oukacha (Casablanca), ainsi que la libération immédiate de tous les prisonniers politiques condamnés et poursuivis par le régime marocain. Nous rappelons que l’Etat marocain porte l’entière responsabilité de la santé physique et morale des personnes qu’il place en détention.
11 avril 2021
#FreeKouchi