Accusé sans preuve d’avoir tué un policier blanc à Philadelphie, Mumia, surnommé « la voix des sans-voix » pour son travail journalistique dénonçant le racisme et la situation des exploitéEs et oppriméEs, a été condamné à mort lors d’un procès partial et raciste. Enquête bâclée et à charge, avocat commis d’office sans temps ni moyens de préparer la défense, témoins menacés, subornés ou écartés, afro-américains exclus du jury, le procès fut emblématique du racisme systémique gangrénant les institutions étatsuniennes.
Par deux fois, en 1995 et 1999, la mobilisation internationale a réussi à empêcher son exécution. Appuyant les recours juridiques déposés par de nouveaux avocats, les actions de terrain et les finances récoltées ont permis que sa condamnation à mort soit annulée en 2011. Mais sa peine fut commuée en détention à vie.
Prisonnier politique
Alors que les recours continuent et ont obtenu pour Mumia le droit de faire appel de sa condamnation, on peut se demander si l’administration pénitentiaire ne s’est pas faite l’auxiliaire de celles et ceux qui veulent venger la mort du policier Faulkner, comme son épouse ou les membres de son syndicat policier d’extrême droite. L’univers carcéral a des ressources pour cela : isolement, interdiction de contacts avec les proches, et surtout refus de soins. À plusieurs reprises déjà, il aura fallu des interventions extérieures pour permettre à Mumia d’être soigné, notamment d’une hépatite C dont les conséquences ont, avec l’enfermement, contribué à son affaiblissement.
Souffrant de problèmes cardiaques et pulmonaires, de cirrhose, de lésions purulentes, Mumia, 67 ans, vient d’être diagnostiqué positif au Covid-19. Sa situation sanitaire s’aggravant, la prison a été contrainte de le faire hospitaliser — les bras et les jambes enchaînées au lit. Retourné en cellule, sa santé continue de se dégrader et l’absence de soins le condamne à relativement brève échéance. En danger de mort, le seul moyen de le soigner vraiment, d’assurer sa survie, serait sa libération selon son médecin.
Symbole depuis des décennies de la lutte contre ce système oppressif, contre la « justice » pénale raciste du capitalisme qui ne connait aucune limite dans la poursuite de ses fins réactionnaires, que l’administration soit républicaine ou démocrate, Mumia fait partie de ces prisonniers politiques, comme le militant amérindien Leonard Peltier, condamnés pour l’exemple. La lutte pour leur libération comme celle de touTEs les prisonniers politiques participe de la lutte contre le capitalisme.
La mobilisation notamment en France a permis de le sortir du couloir de la mort. Ne laissons pas le système judiciaro-carcéral remplacer de fait cette abominable sentence par la non-administration des soins nécessaires. Ne les laissons pas commettre une exécution déguisée ! Participons aux initiatives pour exiger sa libération, des soins et un nouveau procès : rassemblements, mails, etc.
« Libérons Mumia », le collectif français de soutien à Mumia Abu-Jamal qui rassemble une centaine d’organisations dont le NPA, et des collectivités publiques, organise une campagne de mails à l’intention des institutions de Pennsylvanie. Informations, adresses des destinataires et proposition de message se trouvent sur le site du collectif : www.mumiabujamal.com.
Côme Pierron