KABOUL CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD
Lors d’une conférence de presse à Katmandou, quelques heures après s’être entretenu avec le premier ministre Girija Prasad Koirala, le chef des maoïstes, Pushpa Kamal Dahal, « Prachanda » de son nom de guerre, a affirmé : « Nous devons trouver une nouvelle base politique pour aller de l’avant. Cette base, c’est de déclarer immédiatement la république dans le pays. C’est crucial pour l’unité des huit partis » - allusion à l’alliance des sept partis plus les maoïstes qui dirige de fait le Népal depuis la « révolution d’avril 2006 » et la mise à l’écart du roi Gyanendra.
L’abolition de la monarchie au Népal était le but ultime de la guérilla engagée par les maoïstes en 1996 et qui a fait plus de 13 000 morts. Prachanda a ajouté que la déclaration d’une république était une « obligation » parce que « des forces de régression » et des « forces nationales et internationales » conspiraient contre la tenue des élections à l’Assemblée constituante. Le dirigeant maoïste accuse le roi et ce qu’il appelle les partis « féodaux et réactionnaires » de vouloir faire dérailler le processus de paix.
EMEUTES DANS LE SUD
Conscient toutefois que les maoïstes, qui ont dorénavant cinq ministres au gouvernement, ne peuvent imposer leur volonté, Prachanda a évoqué la possibilité d’une consultation populaire. « Si cette république n’est pas déclarée immédiatement, il nous reste d’autres options comme un référendum et l’appel à la population pour qu’elle manifeste contre le système féodal », a-t-il dit.
Volet clé de l’accord de paix signé le 21 novembre 2006 entre l’alliance des sept partis népalais et les maoïstes, l’élection d’une Assemblée constituante, programmée le 20 juin, pour rédiger une Loi fondamentale définitive et décider du sort de la monarchie ne pourra, selon le président de la commission électorale, Bhoj Raj Pokharel, se tenir à la date prévue. Une date ne peut être annoncée avant que « la loi et l’ordre » ne soient restaurés, a affirmé M. Pokharel.
De violentes émeutes, qui ont fait une soixante de morts, secouent depuis plusieurs mois les plaines du sud du Népal où le groupe ethnique des Madhesi demande une meilleure représentation parlementaire, exigeant un redécoupage électoral. Selon l’accord entre les sept partis et les maoïstes, la moitié des membres de l’Assemblée constituante sera élue alors que l’autre moitié sera nommée par les différentes catégories sociales : ethnies, dalits (intouchables), femmes... Le Parlement intérimaire doit toutefois déterminer comment ces nominations se feront parmi quelque 100 groupes différents.
Le premier ministre Koirala ne s’est pas encore prononcé sur la demande de Prachanda, se contentant d’affirmer que la décision ne pouvait être prise qu’après un accord entre les huit partis. « Il faut voir si les maoïstes, qui ont soulevé cette demande depuis le début, réussissent à obtenir l’accord des sept partis », a-t-il souligné.