Ce rapport, intitulé Standing tall - Women human rights defenders at the forefront of Thailand’s pro-democracy protests (« Garder la tête haute : c’est la devise des défenseures des droits humains en première ligne des manifestations pro-démocratie en Thaïlande »), s’est appuyé sur l’interview de 22 femmes défenseures des droits humains, jeunes filles et adultes, engagées dans la protection et la promotion pacifiques des droits humains et des libertés fondamentaux dans le cadre de ces manifestations.
« Ces courageuses militantes pro-démocratie ont joué un rôle crucial dans la vague de manifestations qui a envahi la Thaïlande en 2020. Leur contribution positive à la promotion des droits humains devrait être reconnue et saluée, et les autorités thaïlandaises devraient les protéger au lieu de les attaquer » estime Guissou Jahangiri, vice-présidente de la FIDH.
Cibles systématiques
Les femmes défenseures des droits humains, y compris des jeunes femmes de moins de 18 ans, ont été les cibles systématiques des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux pour avoir participé aux manifestations à travers le pays. Les autorités thaïlandaises se sont livrées à plusieurs reprises à des attaques envers les femmes défenseures des droits humains en ayant recours à des lois et décrets répressifs contraires aux normes internationales. L’Observatoire a recueilli des informations sur les poursuites engagées contre 11 femmes défenseures des droits humains, dont une mineure, pour leur participation aux manifestations. Quatre d’entre elles ont été arrêtées, mises en détention, puis relâchées. Certaines d’entre elles sont actuellement impliquées dans pas moins de 10 affaires pénales.
Intimidation et surveillance
Les femmes défenseures des droits humains ainsi que leur famille n’ont cessé de faire l’objet de harcèlement, d’intimidation et de surveillance de la part des autorités qui se rendaient notamment à leur domicile ou dans leur établissement scolaire afin de les intimider ou de recueillir des informations sur leurs activités. Elles doivent aussi faire face à d’autres types de violences liées à leur sexe : elles ont notamment rapporté avoir été la cible d’agressions par les acteurs gouvernementaux, principalement des violences et harcèlements oraux qui leur étaient destinés uniquement en raison de leur sexe et/ou de l’expression de leur genre. Ces agressions coïncidaient souvent avec des attaques et harcèlements en ligne perpétrés par des acteurs non gouvernementaux.
Elles ont en outre subi une pression de la part de leur propre entourage en raison de leur militantisme. Cette situation a touché les étudiantes de façon disproportionnée, car elles sont nombreuses à dépendre de leur famille. Les femmes militantes se sont également heurtées à des obstacles au sein même du mouvement pro-démocratie, car une partie de ses membres ignoraient, voire excluaient, ces femmes, leurs opinions et leurs contributions.
Le harcèlement, les attaques et les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes défenseurs des droits humains peuvent engendrer des états de stress chronique, des burnout ou des problèmes d’estime de soi.
Au cœur du mouvement pro-démocratie
« Les femmes sont au cœur du mouvement pro-démocratie mené par la jeunesse en Thaïlande. Leur engagement pour le futur de la démocratie, de la justice, de l’égalité des droits et de l’égalité des sexes en Thaïlande devrait être considéré comme une force et une promesse pour l’avenir de la société. Il devrait être salué plutôt que réprimé », a déclaré Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT.
Le rapport formule de nombreuses recommandations tant à l’égard du gouvernement thaïlandais que de la communauté internationale pour assurer la protection des femmes défenseures des droits humains et le respect de leurs droits fondamentaux conformément aux normes internationales.
Gavroche Hebdo