De la reconnaissance faciale pour les porcs. Depuis quelques années, le développement des sociétés chinoises spécialisées dans ce domaine inaugure un nouvel âge de l’élevage porcin, “plus sécurisé, moins coûteux et globalement plus efficace”, constate le Guardian. Grâce au “groin gracieux”, aux “oreilles bien dessinées et toujours dressées” et au faciès expressif de l’animal, des caméras sont aujourd’hui capables d’offrir un traitement individualisé aux porcs d’élevage. En Chine, pays qui abrite plus de la moitié des porcs du monde, l’innovation permet de repérer les signes avant-coureurs de maladie, de faim, voire de détresse chez les animaux.
Révolutionnaire, la technologie creuse un fossé de productivité entre les élevages industriels, capables d’investir, et les agriculteurs indépendants. “Les exploitations de moins de 100 bêtes n’ont pas les moyens de faire dans la reconnaissance faciale”, témoigne un agriculteur du Guangxi, cité par le quotidien britannique.
De quoi précipiter la transition d’un système de petites exploitations familiales, traditionnel en Chine, vers la constitution d’oligopoles. Alors que 80 % de la viande de porc chinoise provenait de “petites fermes familiales” à la fin du XXe siècle, le rapport s’est inversé en 2018 et 80 % de la viande porcine est produite par des élevages comptant plus de 500 bêtes.
Des épidémies de grippe porcine africaine
Après deux années marquées par les épidémies de grippe porcine africaine qui ont entraîné la mort de 40 % des porcs du pays, les élevages industriels chinois ont généralisé l’usage des technologies de suivi des animaux, constate le Guardian.
Rythme cardiaque, taux de sudation, volume de la toux : les capteurs, caméras de surveillance et autres logiciels de reconnaissance vocale offrent un panel de données stratégiques pour les agriculteurs. Ces innovations réduisent les coûts d’élevage de 30 % à 50 % – au prix d’investissements pouvant atteindre “des centaines de milliers de dollars” en termes d’installation et de maintenance. Une situation inéquitable pour les petites structures, note le Guardian :
“Les exploitations intensives, soutenues par des sociétés d’investissement qui aspirent à s’étendre au secteur agricole, vont vraisemblablement continuer à récolter les fruits de ces avancées technologiques et creuser l’écart avec des petits éleveurs de plus en plus à la peine.”
Malgré la crise économique provoquée par la pandémie, la Chine, premier exportateur mondial de viande de porc, devrait encore augmenter sa production de 9 % l’année prochaine.
The Guardian
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