Au cours des vingt dernières années, et plus particulièrement au lendemain des attentats du 11-Septembre, politiques, intellectuels et universitaires n’ont pas ménagé leurs efforts pour tenter de comprendre la relation entre l’islam et l’Occident. Si cette relation n’est ni monolithique ni monochrome et qu’elle se présente sous divers aspects, les agissements d’individus se réclamant de l’islam et qui ont commis des actes terroristes ont alimenté le débat.
Le président français Emmanuel Macron y est allé de son avis sur cette question épineuse lors d’un discours qu’il a tenu le 2 octobre dans une ville en banlieue de Paris. À l’en croire, l’islam serait une “religion qui vit une crise” dans le monde entier, et il s’est désolé du manque apparent d’assimilation des musulmans français dans la société de leur pays hôte. Il a évoqué le “séparatisme islamique”, qui aurait pour projet de créer une “contre-société”. Il est à noter qu’Emmanuel Macron a également souligné que le problème de la radicalisation était en partie dû à la “ghettoïsation”, en faisant référence aux populations musulmanes concentrées dans les banlieues françaises.
Il y a effectivement un problème avec les musulmans radicalisés qui, séduits par des idéologies ataviques, ont perpétré des actes violents dans le monde musulman et ailleurs. Toutefois, le ton du président français semble profondément marqué par le fardeau de l’homme blanc et le besoin de “réparer” les musulmans et leur foi.
On attend toujours les excuses de Paris
La radicalisation est un phénomène relativement moderne, qui a été pour l’essentiel attisé par des facteurs politiques et socio-économiques. S’il est hors de question de justifier la violence, les dirigeants occidentaux ont souvent le toupet de donner des leçons au monde musulman tout en ignorant le rôle qu’ils ont joué dans la création et le soutien de l’infrastructure djihadiste, que ce soit en Afghanistan pour combattre les Soviétiques, ou plus récemment en Syrie, dans l’espoir de renverser Bachar El-Assad.
En fait, la France elle-même est responsable de crimes abominables du temps de son occupation coloniale de l’Algérie. On attend toujours que Paris présente ses excuses pour ces actes sinistres, et ce alors que les Algériens le réclament. De fait, les descendants de peuples autrefois colonisés peinent à s’intégrer dans les sociétés occidentales à cause du racisme latent qui y affleure.
Et si les lois locales doivent être respectées, en empêchant les musulmans d’exprimer leur foi, en interdisant le port du voile ou en cherchant, en Europe, à mettre hors-la-loi la viande halal, on fait comprendre aux musulmans qu’ils ne seront acceptés que s’ils renoncent à leurs pratiques spirituelles. Au lieu de donner des leçons aux musulmans, les dirigeants occidentaux doivent faire preuve d’empathie, offrir de meilleures chances et ouvrir la voie au dialogue avec leurs populations musulmanes afin de parvenir à l’harmonie nationale.
Dawn
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