L’Inde reste aux prises avec le coronavirus. Alors que le nombre quotidien de nouvelles infections s’était “stabilisé entre 60 000 et 70 000 depuis trois semaines”, plus de 75 000 cas supplémentaires ont été dépistés mercredi 26 août, un record absolu pour le géant d’Asie du Sud, mais également “pour la planète entière”, s’émeut l’Indian Express dans son édition du 27 août.
Cette nouvelle flambée est due à la progression toujours rapide du Covid-19 dans les États du Maharashtra (près de 15 000 nouveaux cas), de l’Andhra Pradesh (près de 11 000) et de l’Uttar Pradesh (plus de 5 600).
Le journal insiste :
“Durant la majeure partie du mois d’août, l’Inde a enregistré le plus grand nombre de nouveaux cas au monde, plus même que les États-Unis et le Brésil, les deux seuls pays affichant un plus grand nombre de cas total que l’Inde. Mais contrairement aux États-Unis, l’Inde n’avait jamais enregistré jusqu’ici plus de 70 000 cas en une seule journée.”
Ce dernier observe toutefois que ceci n’a rien de réellement “surprenant” puisque la population de l’Inde “est près de quatre fois supérieure à celle des États-Unis et près de six fois supérieure à celle du Brésil”.
“Nouvelle norme”
Pendant encore un certain temps, il est donc probable que des scores atteignant ou dépassant les 75 000 cas quotidiens deviennent “la nouvelle norme”.
Autre raison de relativiser : le nombre de tests continue de croître semaine après semaine, ce qui augmente mathématiquement le nombre de nouvelles contaminations identifiées. Actuellement, entre 800 000 et 1 million de dépistages sont réalisés chaque jour.
Curieusement, les chiffres officiels de la mortalité restent quant à eux stables, à un niveau très bas, à un millier par jour environ, faisant ressortir un taux de létalité du Covid-19 à seulement 1,93 %, selon les dernières données du Business Standard.
La situation générale n’en demeure pas moins inquiétante, d’autant qu’une reprise de l’épidémie est actuellement constatée dans la capitale, New Delhi, ainsi que dans l’État du Kerala, qui s’était pourtant distingué au printemps, en étant le seul de toute l’Inde à avoir complètement jugulé la pandémie.
Il n’est pas sûr que le gouvernement Modi ait encore pris la mesure de ce qui se passe. Jeudi, la ministre des Finances a en effet déclaré que le coronavirus était dû à “un acte divin”, rapporte l’Hindustan Times. D’après Nirmala Sitharaman, c’est pour cette raison que l’économie indienne est aujourd’hui en capilotade et que les recettes fiscales de l’État sont en chute libre. Rien que pour la Good and Services Tax, équivalent de la TVA, mise en place dans le pays en juillet 2017, “le manque à gagner s’élève d’ores et déjà à près de 27 milliards d’euros”, a-t-elle indiqué.
La ministre prétend que la récession qui débute est entièrement due à la crise sanitaire liée au coronavirus et au confinement, qui continue toujours de s’exercer dans le pays, notamment dans la région de la capitale économique, Bombay. C’est oublier qu’un fort ralentissement était observé depuis début 2018, deux ans avant l’apparition du virus.
Selon la banque japonaise Nomuran citée par l’Economic Times, le produit intérieur brut (PIB) de l’Inde a dégringolé “de 15,2 % au deuxième trimestre 2020” et devrait continuer de s’inscrire en négatif “jusqu’à la fin de l’exercice fiscal en cours”, c’est-à-dire jusqu’en mars 2021. Sur l’année comptable (d’avril à mars), le PIB indien “devrait reculer au total de 6,1 %”, prédit-elle.
Guillaume Delacroix
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