Cinquante-deux jours consécutifs de manifestations. Si la mobilisation contre les violences policières à la suite de la mort de George Floyd a fléchi dans les rues des autres grandes villes et des petites villes américaines, à Portland, dans l’Oregon, “la détermination des manifestants va croissant”, rapporte le New York Times.
Et pour cause, la ville est devenue un symbole du bras de fer engagé par Donald Trump pour mettre un terme aux troubles et aux manifestations en déployant des forces spéciales de police fédérale.
“Flagrant abus de pouvoir”
Le locataire de la Maison-Blanche a encore dénoncé sur Twitter ce dimanche 19 juillet les “anarchistes et agitateurs” qu’il considère comme “une menace nationale” et qu’il désigne comme responsables du “chaos et de l’anarchie” qui règne dans cette ville de la côte Ouest. Or “davantage de manifestants sont sortis dans les rues de Portland pour protester contre la militarisation du maintien de l’ordre”, rendue palpable par le déploiement de forces spéciales de police fédérale dans la ville depuis le début du mois de juillet, souligne le quotidien new-yorkais.
Dans un second article, le New York Times décrit plus précisément ces forces spéciales de police fédérale : “Des agents fédéraux vêtus de tenues camouflage et d’équipements tactiques, usant de gaz lacrymogène et de brutalité, et embarquant à l’occasion des manifestants dans des véhicules banalisés”, ce que la gouverneure démocrate de l’Oregon, Kate Brown, a qualifié de “flagrant abus de pouvoir”.
La procureure générale de l’État a également indiqué que ses services avaient ouvert une enquête à la suite de violences sur un manifestant et avaient enregistré une plainte devant un tribunal local contre les méthodes répressives illégales des agents fédéraux.
Les agents présents à Portland font partie des “équipes à déploiement rapide mises en place par le ministère de la Sécurité intérieure”. Il s’agit d’une demande expresse du président américain auprès de différentes agences fédérales d’envoyer des renforts pour “protéger les statues, monuments et bâtiments fédéraux pendant les manifestations”.
Tout un symbole
Ces équipes incluent environ “2 000 hommes issus de la police des frontières, mais aussi du ministère des Transports et des gardes-côtes qui viennent prêter main-forte au Federal Protective Service”, une agence fédérale peu connue chargée de la protection des propriétés du gouvernement fédéral sur tout le territoire américain.
Ces renforts fédéraux “ont été déployés à Seattle, à Washington et à Portland”, souligne le New York Times. Depuis, les images chocs, les vidéos amateurs et les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux et dans les médias américains pour dénoncer la violence de la répression à Portland.
Parmi les images les plus frappantes qui ont fait le tour de la Toile figure cette vidéo d’un groupe de mères casquées venues protester contre la présence des agents fédéraux aux cris de “Feds stay clear. Moms are here !” (“Allez-vous-en les fédéraux, les mères sont là !”).
Incredible scene in Portland right now. A group of Moms are chanting, “Feds stay clear ! Moms are here !” at the federal courthouse.
— Joshua Potash (@JoshuaPotash) July 19, 2020
Ou encore les photos et vidéos de cette manifestante nue exécutant un drôle de ballet devant les forces de l’ordre. Une manifestante anonyme qualifiée par le Los Angeles Times d’“Athéna”, en référence à la déesse grecque de la guerre, émergeant “telle une apparition au milieu des nuages de gaz lacrymogène lancé par les agents fédéraux et ne portant rien d’autre qu’un masque et un bonnet noir face à une dizaine d’agents lourdement armés et vêtus de treillis militaire”.
Le symbole même de la “vulnérabilité humaine” face à une répression disproportionnée.
Naked Athenahttps://t.co/ZYhu40qLl0 pic.twitter.com/J1GBorb8Pu
— Matthew Klug (@MatthewKlug) July 20, 2020
Bérangère Cagnat
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