VIE DE BUREAU - Pause café, repas convivial, discussion dans les couloirs. Le retour au travail a-t-il signé celui des petites habitudes ? Lorsque l’heure du déconfinement a sonné, la vie de bureau que les Français ont retrouvé ne ressemblait pas à celle qu’ils avaient quittée mi-mars [1].
Mais, depuis, notre attention portée à certains gestes de protection s’est un peu relâchée. “Le port du masque dans les transports ou le lavage des mains sont des choses qui sont restées, mais par contre, les gestes de distanciation sociale plus généraux sont en train de se perdre”, soulignait ainsi le professeur Jean-François Delfraissy le 9 juillet [2].
Dans le même temps, dans le point épidémiologique hebdomadaire publié le 2 juillet par l’institut Santé Publique France pour surveiller, alerter et analyser les données concernant le Covid-19, une autre donnée faisait son apparition. Sur la période du 9 mai au 1er juillet, les entreprises publiques comme privées forment le 2e lieu de clusters, juste après les établissements de santé. C’est plutôt logique puisque le retour au travail a été massif pendant cette période. Le 8 juillet ce même point hebdomadaire confirmait cette tendance.
La répartition des clusters en France entre le 9 mai et le 1er juillet.
Santé Publique France [non reproduit ici.]
Mais cela peut soulever des inquiétudes. Êtes-vous bien sûr d’être au clair sur ce qu’il faut faire ou non quand vous êtes au travail ? Faisons le point sur ce qui est de la responsabilité de l’employeur et ce à quoi vous pouvez vous-même faire attention.
Les conditions que l’entreprise doit assurer
Selon le “protocole national” publié par le ministère du Travail et dont la dernière mise à jour date du 24 juin, voici ce que chaque entreprise doit mettre en place :
– Chaque collaborateur doit pouvoir disposer d’un espace lui permettant
de respecter la règle de distanciation physique d’au moins un mètre par rapport à toute autre personne (ex. autre salarié, client, usager, prestataire, etc.).
– Lorsque la distanciation physique pourrait être accidentellement rompue, ou lorsque l’activité professionnelle n’en permet pas par nature le respect, les précédentes mesures de protection doivent être complétées.
– Une aération régulière des espaces de travail et d’accueil du public est organisée si possible (pendant 15 minutes toutes les 3 heures) ; sinon, on s’assurera d’un apport d’air neuf adéquat par le système de ventilation. Selon Jean-François Doussin [3], professeur de chimie atmosphérique à l’Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne interrogé par Le HuffPost, “l’air extérieur est assez diluant pour que les gouttelettes contaminées de virus soient diluées. Dans les espaces clos, il faut réanalyser les systèmes de ventilation et faire entrer de l’air extérieur au maximum.”
– Nettoyer régulièrement avec un produit actif sur le virus SARS-CoV-2 les objets manipulés et les surfaces y compris les sanitaires. Nettoyer les rampes d’escalier deux fois par jour.
– Éliminer les déchets susceptibles d’être contaminés dans des poubelles à ouverture non manuelle
– À l’intérieur du bâtiment, un sens unique de circulation doit être mis en place avec marquage lisible au sol pour éviter les croisements, les retours en arrière. Sens unique dans les ateliers, couloirs, escaliers (si plusieurs montées d’escaliers). Si la configuration du bâtiment le permet, les portes d’entrées et de sorties doivent être différenciées afin d’éviter le croisement des personnes.
– Réorganisation des horaires pour éviter les arrivées nombreuses des salariés, clients, fournisseurs ou prestataires.
– Ascenseurs : limiter le nombre de personnes pour respecter la distance d’au moins un mètre et afficher clairement les consignes sur les paliers.
Ce que vous pouvez faire à votre niveau
– Porter un masque dès que la distanciation n’est pas possible. Vous laver les mains régulièrement. Tousser dans le creux de votre coude. Éviter les embrassades.
– Rester vigilant dans les moments de sociabilisation où le port du masque peut être plus compliqué : pause café, déjeuner en premier chef.
– Le ministère du Travail parle aussi de “l’autosurveillance par les salariés de leur température”. Les entreprises n’ont pas le droit d’obliger leurs salariés à un contrôle obligatoire de la température, plus encore si c’est elle est consignée quelque part. En revanche, il est de la responsabilité de chacun et chacune de prendre sa température lorsque l’on pense avoir de la fièvre et d’agir en conséquence.
– Aux toilettes, un geste simple peut limiter la contamination. “Il ne faut pas oublier que le covid entraîne des symptômes intestinaux, rappelle Jean-François Doussin. En allant aux toilettes, on pense beaucoup au risque de contamination par le contact, il existe un autre facteur de risque lorsque l’on tire la chasse d’eau. Cela peut générer de l’aérosol contaminé, principalement sous forme de grosses gouttelettes.” Cela implique une attention accrue aux toilettes : outre la désinfection très régulière des lieux et des surfaces de contact, il faut aussi systématiquement baisser le battant des toilettes avant de tirer la chasse d’eau pour se protéger des projections.
Sandra Lorenzo