Mme Vi Thi Nga a vu son salaire mensuel de plus de 5 millions de dongs (200 euros environ) amputé de moitié suite à la réduction de ses heures de travail, raconte le VN Express.
Avec les revenus de son mari, lui aussi ouvrier, la famille de Nga survit avec 10 million de dongs (près de 400 euros) par mois. “On ne sait pas combien de temps ça va durer, j’essaie d’économiser sur tout, au maximum”, se lamente l’ouvrière de Hue Phong, une usine de fabrication de chaussures à Hô Chi Minh-Ville, qui a licencié plus de 2 200 employés le 24 mai dernier, du fait de la crise économique liée au Covid-19.
70 centimes pour le repas familial
Chaque mois, cette mère d’une fillette de 18 mois doit payer 2 millions de dongs pour le loyer (76 euros) et 2 millions de dongs pour la garderie de sa fille. Pour passer cette période difficile, le couple s’est mis d’accord sur le budget mensuel consacré à la nourriture : 1,2 million de dongs (45 euros environ), soit 20 000 dongs (0,75 euro) par repas.
“Nous mangeons souvent du tofu, des œufs et des légumes. Parfois, pour changer, j’achète des boulettes à base de viande.”
Ce qui reste permet d’économiser en cas de maladie ou d’autres besoins urgents.
Accumuler les emplois précaires
Quant à Nguyen Thi Tinh, ouvrière de 31 ans, elle figure parmi plus de 2 800 employés licenciés le 20 juin dernier par l’entreprise PouYuen, basée aussi à Hô Chi Minh-Ville. L’entreprise est spécialisée dans la fabrication de chaussures de sport. Suite à ce licenciement, la mère célibataire a reçu une indemnité de 34 millions de dongs (1 300 euros environ). Elle explique osciller entre joie et inquiétude au VN Express, titre officiel du ministère de la Science et de la Technologie.
“Je suis quand même contente d’être indemnisée. C’est mieux que rien. Mais si je ne trouve pas un autre travail, avec cette somme, je ne pourrai pas tenir plus que quelques mois.”
Difficile de trouver un emploi stable en ce moment. Tinh a donc accepté un poste de serveuse dans un restaurant de la ville. Elle travaille seulement le dimanche et gagne 30 000 dongs (environ 1 euro) de l’heure, rapporte le journal.
“Chaque jour, je ‘cours’ partout à la recherche de travail. Faute de temps, je saute les repas et me contente parfois d’un sachet de nouilles instantanées.”
Exportations gelées, travail figé
Les industries de confection ont été durement touchées par la crise sanitaire. Faute de matières premières venant de Chine, la production a été interrompue. Puis, suite à de nombreuses annulations de commandes, les marchandises n’ont pas pu être exportées vers l’Europe ou les États-Unis, détaille le Lao Dong, titre officiel de la Confédération générale du travail du Vietnam.
“Sans commandes, ces entreprises ont été obligées de renvoyer leurs employés.”
Selon Nguyen Thi Xuan Thuy, représentante du ministère de l’Industrie et du Commerce, les entreprises devraient être plus flexibles : “Pourquoi ne pas cibler notre marché intérieur fort de près de 100 millions d’habitants et tirer profit de notre population jeune. Il faudrait aussi diversifier les sources d’approvisionnement pour les matières premières”, déclare-t-elle au Lao Dong.
Huit millions de travailleurs licenciés
Selon un rapport du ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales (TIA), dont Thanh Nien se fait l’écho, 8 millions de travailleurs ont perdu leur emploi en juin et 17,6 millions de personnes ont vu leurs revenus réduits. “Le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé depuis cinq ans”, estime Vu Trong Binh, directeur du département du Travail du TIA.
Le Forbes Vietnam, pour sa part, précise qu’au deuxième trimestre de 2020, le taux de chômage de la population active dans les zones urbaines a atteint 4,46 %, battant ainsi tous les records depuis dix ans. Le VN Express rappelle que l’enveloppe d’aide d’urgence de 62 000 milliards de dongs (2,3 milliards d’euros) décidée par le gouvernement pour soutenir les travailleurs en difficulté n’a pas encore été largement distribuée. “Seulement 418 ouvriers en ont bénéficié au mois de juin.”
Le gouvernement, selon le VN Express, promet de simplifier les démarches administratives et de clarifier la grille des bénéficiaires pour que les travailleurs en difficulté y accèdent facilement.
Chi Phuong Nguyen
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