Le paysage politique de Hong Kong se transforme à vue d’œil à la suite de l’imposition par Pékin de sa loi sur la sécurité nationale. Le 30 juin, le président Xi Jinping a signé sa promulgation, a annoncé l’agence officielle Xinhua. “Cette loi est applicable dès le jour de sa promulgation”, précise la dépêche.
Le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP) avait préalablement approuvé ce texte à l’unanimité plus tôt dans la journée. La loi réprime dans la Région administrative spéciale (RAS) la sécession, la subversion, le terrorisme et l’ingérence étrangère. Comme prévu, cette loi a été promulguée sans examen par le Conseil législatif (LegCo), l’assemblée locale. Des appels à manifester le 1er juillet circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours.
Auto-dissolution du parti localiste Demosisto
Dès l’approbation par l’ANP, certains dirigeants des groupes politiques d’opposition nés dans la foulée du mouvement Occupy de 2014 ont immédiatement annoncé leur démission afin de ne pas compromettre l’avenir de leurs formations. Le cofondateur du parti localiste Demosisto et figure du mouvement de revendication du suffrage universel, Joshua Wong, a immédiatement annoncé quitter le parti, ainsi qu’Agnes Chow, Nathan Law et Jeffrey Ngo. Dans la foulée, le parti a annoncé sa dissolution, rapporte le site Hong Kong Free Press.
“Demosisto pense qu’il sera difficile au groupe de maintenir ses activités actuelles… Les membres doivent user de moyens plus souples pour se joindre aux protestations, a déclaré le groupe sur sa page Facebook. Nous annonçons ici la dissolution immédiate, dès aujourd’hui.”
Le groupe avait été fondé en 2016 afin de présenter des candidats aux élections législatives de Hong Kong, mais ceux-ci en ont été évincés sous prétexte de leurs positions en faveur de l’autodétermination de Hong Kong, assimilée à un engagement séparatiste vis-à-vis de la Chine.
“En annonçant sa démission, Joshua Wong a estimé qu’il n’était plus inconcevable d’envisager, pour les militants démocrates, une arrestation et une condamnation à des peines de prison de dix ans, voire une extradition en Chine.” Wong a diffusé un message écrit affirmant :
“Je continuerai à défendre ma maison, Hong Kong, jusqu’à ce qu’ils me fassent taire et m’éliminent de ce territoire.”
Les ex-militants seront-ils arrêtés ?
D’autres formations se sont également auto-dissoutes. Le Front national de Hong Kong a affirmé qu’il cessait ses activités dans la RAS mais qu’il continuerait à exister à Taïwan et en Grande-Bretagne, selon le South China Morning Post. L’ancien député Sixtus Baggio Leung Chung-hang a annoncé sa démission en tant que porte-parole du groupe, mais qu’il comptait rester à Hong Kong. Le groupe Studentlocalism s’est également auto-dissout.
Le député pro-Pékin Tam Yiu-chung, présent en tant que membre du Comité permanent de l’ANP lors du vote de la loi dans la capitale chinoise, a refusé de dire si les militants ayant quitté ces groupes seraient arrêtés pour menace à la sécurité nationale. “À ce stade je ne peux pas parler des détails de la loi”, a-t-il déclaré, cité par le quotidien anglophone.
La presse officielle chinoise avait récemment dévoilé qu’un Bureau de la sécurité nationale serait installé à Hong Kong, et que le chef de l’exécutif hongkongais aurait à sélectionner les magistrats chargés des poursuites de cette nature.
Courrier International
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