FICHE D’OBSERVATION POUR LE CHN
Espèce : Deux observations de Faucon kobez, Falco vespertinus
Dates : le 19 mai 2001 et le 19 mai 2002 (pas d’erreur de frappe : c’est bien un an jour pour jour)
Observateur : Pierre Rousset
Familiarité avec l’espèce : pas mauvaise
Familiarité avec les espèces proches : plutôt bonne
Matériel optique utilisé : jumelles Zeiss 10x60
Résumé : A un an d’intervalle jour pour jour, les 19 mai 2001 et 2002, un Faucon kobez, Falco vespertinus, a été observé au-dessus de la « zone naturelle » du parc des Beaumonts à Montreuil-sous-Bois (93). Ce sont les première et seconde observations de cette espèce pour le site.
Il s’agirait dans les deux cas d’un mâle de premier été, au plumage largement adulte (gorge sombre, culottes rousses), ce qui simplifiait l’identification. Dans les deux cas aussi, l’oiseau a stationné au-dessus de la friche, en vol d’observation la première fois, en chasse active (capture) la seconde. Ces observations confirment l’attrait des Beaumonts pour les rapaces insectivores.
I/ Observation du 19 mai 2001, 14 h 45
A la mi-mai 2001, je scrutais régulièrement le ciel lors de mes visites au parc des Beaumonts, dans l’attente de mes premières Bondrées apivores (qui m’apparaîtront finalement le 20 mai). Le moment semblait favorable à l’observation de rapaces en migration : j’avais déjà pu observer deux Faucons hobereaux les 13 et 18 mai.
Le 19 mai 2001, à 14h45, un faucon est apparu, venant du Sud et se dirigeant droit sur moi, qui me trouvait planté sur le talus au nord de la « zone naturelle ». En vol direct, il m’a tout d’abord évoqué un Hobereau, avant que sa face noire ne devienne visible. Il se trouvait presque à ma hauteur, avant de pivoter, d’inspecter la friche, puis de s’élever progressivement en cerclant au-dessus du site, de faire brièvement le Saint-Esprit, avant de s’élever encore et que je le perde de vue.
Description : Observé de relativement près, par beau temps.
Faucon de taille modeste (moyenne, ou moyen-petit), bien proportionné, à l’allure souple et à la silhouette intermédiaire entre celles de Hobereau et du Crécerelle, avec des ailes (assez fines) et une queue de longueur moyenne.
Ensemble très sombre, dominé par le noir (à l’avant) et le gris foncé. Face, cou, gorge et haut de la poitrine noirs. Dessous du corps gris foncé. Bas ventre (aperçu quand l’oiseau a pivoté devant moi) roussâtre. Le dessous des ailes n’a pas pu être détaillé (dans l’ombre : soleil haut dans le ciel). Dessus brun-gris sombre (nuque mal observée). Dessus des ailes foncé, essentiellement uni, sans plage claire ou argentée. Dos (et tertiaires ?) « écaillé » et queue au moins partiellement barrée : restes de plumage juvénile.
II/ Observation du 19 mai 2002, 10h40
Découvert à mon arrivée sur le plateau, en bordure de la « zone naturelle ». Cette fois-ci, en vol sur place, face au vent et à petite hauteur (cinq-six mètres au-dessus du sol), il m’évoque à priori un Crécerelle. L’observation aux jumelles fait tout de suite apparaître qu’il s’agit en fait d’un Kobez qui semble dépouiller une proie : le corps « arqué », il porte à plusieurs reprises son bec à ses serres, avant de relever brusquement la tête, des « débris » (d’insectes ?…) retombant. Je pense à un gros insecte, en particulier une grande libellule (il y a, notamment et par exemple, des Anax imperator aux Beaumonts). Le Kobez s’éloigne lentement vers le Nord, en vol bas, paisible, en mangeant apparemment sa proie.
Le 19 mai 2002 était une bonne journée pour le passage de rapaces aux Beaumonts. Juste avant que je ne voie le Kobez, un Faucon hobereau est passé en vol Nord (10h35) et une Bondrée apivore a fait de même dans l’après-midi (17h00). Trois Crécerelles ont de plus été notés, dont probablement deux en migration.
Description : Elle est semblable à celle de l’individu de l’année précédente, néanmoins avec un stade encore plus avancé de la mue. L’oiseau a cette fois encore été observé de près et par beau temps, mais dans des conditions un peu différentes (d’abord du dessous).
Faucon de taille modeste (moyenne, ou moyen-petit), bien proportionné, à l’allure souple et à la silhouette intermédiaire entre celles de Hobereau et du Crécerelle, avec des ailes (assez fines) et une queue de longueur moyenne.
Ensemble très sombre, dominé par le noir (à l’avant) et le gris foncé. Face, cou, gorge et haut de la poitrine noirs. Dessous du corps gris foncé. Bas ventre (vu du dessous) roux. Le dessous des ailes est dans une large mesure barré (reste de plumage juvénile). Dessus gris sombre. Dessus des ailes gris foncé, essentiellement uni, sans plage argentée. La queue ne semble pas barrée, ou alors peu.
III/ Discussion
Le Kobez a donc été noté deux années de suite aux Beaumonts. Ce sont les deux seules fois en plus de dix ans d’observation ; néanmoins, pour une rareté, ce n’est pas si mal. Est-ce seulement le fait d’un heureux hasard (et d’une certaine assiduité de l’observateur) ?
Pour analyser ces données, on doit probablement tenir compte des facteurs particuliers suivants : Le parc des Beaumonts présente un aspect campagnard sur plus de la moitié de sa surface (friche de la « zone naturelle », petite zone humide, boisements spontanés de coteau). Il est bien visible de loin, étant situé en bordure de plateau, surplombant le centre-ville et Vincennes. Il bénéficie de l’effet « d’îlot » ou « d’oasis » au sein de désert parisien. Il est relativement riche en insectes.
Les Beaumonts attirent l’attention de bien des migrateurs, y compris semble-t-il de rapaces insectivores (notamment de jeunes égarés à l’automne au-dessus de Paris) : la Bondrée apivore s’est ainsi déjà posée dans la friche !
Post-scriptum : un Kobez a été observé une troisième fois au printemps 2005.