Nous n’y croyions pas : la mare est si petite, le dérangement si grand… Et pourtant, en mai 2004, un couple de poules d’eau a donné naissance à cinq poussins. L’espèce ne fréquentait évidemment pas les Beaumonts avant la création de la zone humide, en 1998 ; avant aussi que la végétation aquatique ne pousse suffisamment pour assurer protection. Un premier individu avait été observé en novembre 2001 dans la roselière de la mare perchée, mais il ne faisait que passer. D’autres ont probablement fréquenté brièvement les lieux, discrètement, inaperçus.
C’est le 15 mai 2003 que nous avons noté la présence d’une poule d’eau bien décidée à faire de la mare perchée son royaume d’adoption. Elle est longtemps restée solitaire, affirmant avec ténacité son droit à rester chez elle malgré l’envahissement humain, les basses eaux transformant l’îlot en voie piétonnière, et même quelques chiens de chasse fouillant les roseaux et l’obligeant à de brusques envols de survie. Durant l’été, la présence d’un deuxième adulte aurait été notée, certains pensent avoir vu des petits. Mais rien de bien clair dans tout cela.
Au tout début du printemps 2004, le mâle (car cela devait être un mâle) s’est mis à appeler, la nuit, pour attirer l’attention de sa future dulcinée. En mars, nous savons que les poules d’eau sont dorénavant deux ; mais nous pensons alors qu’elles vont partir chercher ailleurs un endroit plus calme en vue de nidifier. Elles se sont pourtant accrochées à ce territoire, certes minuscule mais bien à elles ; et se sont mises à construire un nid au cœur de la petite roselière, puis à couver. Jusqu’à donner avec succès naissance à une portée de cinq poussins, boules noires au fragile bec rouge.
Allaient-ils vivre jusqu’à leur envol ? Nous l’espérions de tout cœur, et ce fut bien le cas. Ils ont tous survécu (même si nous n’en apercevions en général que trois ou quatre ensemble). Avant la fin juillet, ils étaient à même de voler, une étape qui clôt avec succès la période de nidification proprement dite.
Fin juillet, la mare a été véritablement et dangereusement assaillie (pêche et baignades enfantines). Mais la famille poules d’eau était alors à même de se réfugier dans la roselière ou, si nécessaire, de s’envoler chercher le calme ailleurs. Un tel dérangement est toujours dommageable, mais il ne semble pas avoir eu, cette fois-ci et à ce moment-là, de conséquences trop grave sur l’avifaune.
Avec la première nidification de la poule d’eau et celle très probable d’un (et peut-être deux) couple de rousserolles effarvattes (une fauvette de marais), avec aussi le foisonnement de vie des mares, qui abritent actuellement au moins sept espèces de batraciens, des sangsues, libellules ou autres insectes aquatiques, le printemps 2004 a apporté quelques bonnes nouvelles pour la zone humide du parc des Beaumonts.