Samedi 20 juin, Pékin a dévoilé les 66 articles de la loi sur la sécurité nationale qui met, de facto fin, au principe « un pays, deux systèmes ». Certains habitants commencent à fuir vers Taïwan.
Qu’est-ce que la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong ?
« Le signe que Hong Kong devient un État policier » , résume Philippe Le Corre, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique.
Votée par l’Assemblée nationale populaire chinoise, le 28 mai, la loi entend criminaliser tous les actes des militants pro-démocratie dans l’ancienne colonie britannique qui s’apparentent aux yeux du président Xi Jinping à de la sécession, de la subversion ou de la sédition.
Elle abroge de facto le principe « un pays, deux systèmes », acté lors de la rétrocession d’Hong Kong à la Chine en 1997.
Concrètement, comment s’appliquera-t-elle ?
Samedi 20, le gouvernement chinois a présenté un texte de 66 articles. Mesure la plus emblématique, Carrie Lam, l’actuelle cheffe de l’exécutif hongkongais se voit bombardée à la tête d’un « organe de sécurité nationale » placée sous l’autorité de Pékin.
Elle nommera elle-même les magistrats chargés de juger les atteintes à la sécurité nationale. Les autorités locales ont déjà donné le ton en profitant de l’épidémie de Covid-19 pour arrêter deux figures de l’opposition, mi-avril : le magnat de la presse Jimmy Lai et Martin Lee Chu-ming, 81 ans, surnommé, « le père de la démocratie ».
Comment réagissent les Hongkongais ?
Deux cents jeunes opposants ont quitté l’île au début du mois pour se réfugier à Taïwan.
Entre janvier et avril, 2 383 citoyens de Hong Kong y avaient déjà émigré, rejoignant le célèbre libraire Lam Wing-Kee.
De son côté, le Royaume-Uni a fait savoir qu’il était prêt à accorder un visa d’entrée sur son territoire à 300 000 détenteurs du passeport BNO (British national overseas, ou Britanniques d’outre-mer), ouvrant la voie à une « citoyenneté britannique future »,pleine et entière.
Que dit la communauté internationale ?
Les pays du G7 ont appelé Pékin à réexaminer sa décision. Le Parlement européen a demandé à l’Union européenne de saisir la justice internationale. Paroles, paroles… Mais peu d’actes à attendre.
Sept millions d’habitants sont pris en otages, juge Philippe Le Corre. La Chine est en train de mettre en œuvre son projet de « grande baie » qui vise à intégrer Hong Kong dans une grande zone économique satellite de Shenzen, sur le continent.
Aujourd’hui, elle s’en prend à Hong Kong, demain, ce sera Taïwan. Si elle décide, un jour, de s’emparer d’un des 121 îlots qui dépendent de Taïwan, je doute que quiconque osera l’affronter. Or, on ne peut aujourd’hui parler aux Chinois qu’avec un langage de force…